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Washington vole au secours de Citigroup

Citigroup, symbole du mélange entre banque de dépôt et banque d'affaires.
Ce plan de sauvetage était très attendu.
Les autorités américaines ont volé dimanche soir au secours de Citigroup, en apportant notamment une garantie de plus de 300 milliards de dollars sur ses actifs contre une entrée dans son capital. Les bourses ont bondi lundi à l'annonce de cette nouvelle.

"Le gouvernement américain est engagé à soutenir la stabilité
des marchés financiers, ce qui est un préalable pour restaurer une
croissance économique vigoureuse. Dans le cadre de cet engagement,
le gouvernement américain a conclu dimanche un accord avec
Citigroup afin de lui apporter un ensemble de garanties, d'accès à
des liquidités et des capitaux", ont expliqué le département au
Trésor et le régulateur bancaire FDIC, dans un communiqué
conjoint.

Un tel accord était vivement espéré par le marché vendredi à New
York, alors que l'action Citigroup, l'une des banques les plus
meurtries par la crise financière, poursuit une descente aux enfers
incontrôlable ces dernières semaines, le marché doutant de la
capacité de l'ex-numéro un mondial de la banque à faire face seul à
la crise.

Garanties financières

Plusieurs observateurs pariaient sur un sauvetage "à chaud" dans
la foulée du torpillage du groupe en Bourse - chute de 70% en trois
semaines, sous les 4 dollars -, s'appuyant sur les précédentes
initiatives des derniers mois: rachat de Bear Stearns par JPMorgan,
mise sous tutelle de Fannie Mae et Freddie Mac, nationalisation
d'AIG, entre autres.



Selon les modalités de cet accord, les autorités apportent
garanties financières et nouvel apport de liquidités à Citigroup,
ce qui évite au géant bancaire le scénario de la vente partielle,
voire intégrale, à un tiers.



Dans le détail, le Trésor et la FDIC apportent "une protection
contre la possibilité de pertes importantes et inhabituelles d'un
ensemble d'actifs d'une valeur de 306 milliards de dollars",
ont-elles expliqué. Ces pertes sont associées à l'exposition de
Citigroup aux produits complexes adossés à des créances à risques -
notamment "subprime" -, dont le groupe peine à se débarrasser.

Actifs toxiques

Citigroup s'est brûlé les ailes avec ces produits complexes sur
lequel il a été excessivement gourmand, selon les analystes. Les
autorités n'ont pas fait mention dimanche de la création d'une
structure ad hoc qui logerait ces actifs, comme avancé par la
presse. Il a seulement été indiqué que ces actifs "resteront dans
les comptes de Citigroup". Les autorités ont ajouté que "si
nécessaire", elles étaient "prêtes" à garantir tout "risque
résiduel" pour ces actifs toxiques.



Washington a également débloqué une nouvelle enveloppe pour
Citigroup, de 20 milliards de dollars, tirée du plan de soutien au
système financier américain, doté de 700 milliards de dollars.
Cette aide s'ajoutera aux 25 milliards déjà consentis à Citigroup
dans le cadre de ce plan. En échange, Citigroup s'est engagé à
émettre des actions préférentielles pour permettre une prise de
participation par le Trésor et la FDIC, au montant non
précisé.



Citigroup a aussi accepté de procéder à "des restrictions" sur les
rémunérations de ses dirigeants, et s'est engagé à mettre en oeuvre
la feuille de route de la FDIC en matière de produits
hypothécaires.



afp/hof

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Un plan attendu

Ce plan d'urgence à Citigroup, s'il était très attendu, fait figure d'exception dans la manière utilisée par les autorités manoeuvrent pour stabiliser le système financier américain.

Le secrétaire au Trésor Henry Paulson avait récemment annoncé qu'il ne toucherait plus au solde du plan de 700 milliards, après en avoir déjà utilisé une première tranche pour renflouer plusieurs banques - dont Citigroup -, afin de laisser des marges de manoeuvre à l'administration du Président élu Barack Obama.

Le Trésor avait aussi récemment annoncé qu'il renonçait à racheter ces actifs aux banques, préférant investir directement au capital des banques à secourir.

En apportant des garanties aux actifs toxiques sans les racheter, les autorités innovent par rapport à leur feuille de route, ce qui pourrait, selon le New York Times, "servir de modèle pour d'autres banques" en détresse.

Les bourses décollent

Les principales bourses européennes se sont envolées lundi, prenant près de 10%, dans la perspective de plans de relance aux Etats-Unis et en Europe, et encouragées par la forte hausse de Wall Street.

La Bourse de New York a terminé en forte hausse lundi, portée par l'envolée des valeurs financières après le sauvetage du géant bancaire Citigroup par les autorités américaines: le Dow Jones a gagné 4,93% et le Nasdaq 6,33%.

Paris s'est aussi repris, le CAC 40 s'envolant de 10,09% à 3172,11 points à la clôture, mettant un terme à trois séances de baisse. L'indice vedette Dax de la Bourse de Francfort a clôturé lundi sur un bond de 10,34%, tandis qu'à Londres, l'indice vedette Footsie-100 gagnait 9,84%. La Bourse suisse a plus modestement fini en hausse de 6,27%.