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"Avec un temps partiel à 80%, on peut désormais faire carrière"

Cristina Gaggini, directrice romande d'Economie Suisse, favorable au temps partiel et au télétravail
Cristina Gaggini, directrice romande d'Economie Suisse, favorable au temps partiel et au télétravail / 19h30 / 8 min. / le 27 janvier 2019
Selon une récente étude, la Suisse est, après les Pays-Bas, le deuxième pays du continent en ce qui concerne le temps partiel. Cristina Gaggini, directrice romande d'Economiesuisse, estime que les mentalités ont changé, tant chez les employés que chez les employeurs.

En Suisse, 36,6% des personnes actives travaillent à temps partiel. Cristina Gaggini explique ce phénomène de différentes manières. Pour elle, le temps partiel reste malheureusement encore symptomatique d'une difficulté dans le pays à concilier la vie professionnelle et la vie familiale.

Mais au-delà de ça, elle constate également qu'au regard de la liste des pays, le salaire a aussi un impact important: "les pays très prospères peuvent se permettre de faire du temps partiel". Enfin, la directrice romande explique également un changement des mentalités où l'on voit les jeunes hommes donner plus d'importance à leur qualité de vie que par le passé.

80% n'est plus considéré comme un temps partiel

Interrogée sur des propos de Valentin Vogt, président de l'Union patronale suisse, qui ne souhaite pas encourager le temps partiel, Cristina Gaggini estime qu'il n'est pas ici question de choix: "Je ne crois pas que nous puissions l'encourager (Ndlr. le temps partiel) ou le freiner, nous devons prendre acte".

Elle juge d'ailleurs que de plus en plus d'entreprises ont compris ce changement de paradigme et qu'il est désormais possible d'évoluer dans son entreprise, même si l'on n'est pas actif à 100%: "Il y a un mieux, très clairement. A partir de 80%, ce n'est pratiquement plus considéré comme un temps partiel et l'on peut faire carrière." "Ce qui reste plus problématique, c'est le taux à 50% et en dessous", ajoute-t-elle.

Iniquité entre les hommes et les femmes

Le temps partiel continue à se diviser de matière inéquitable. Au total, 59% des femmes actives travaillent à temps partiel, contre seulement 17,6% des hommes.

Cette répartition, Cristina Gaggini la comprend, car pour elle, il s'agit le plus souvent d'un "choix" de la mère de s'occuper de ses enfants. Un choix qu'elle respecte mais qui pose des problèmes d'un point de vue économique: "Nous sommes dans une société vieillissante, bientôt nous aurons un quart de la population qui sera constituée de retraités et d'un autre côté, il existe une pénurie de main d'oeuvre (...) le peuple a aussi souhaité diminuer l'immigration des travailleurs étrangers (...) Si l'on devait fermer les frontières et continuer à vieillir, il y aura effectivement un gros souci", conclut-elle.

Propos recueillis par Jennifer Covo

Adaptation web: Tristan Hertig

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L'économie et ses incertitudes globales

Pour Cristina Gaginni, directrice romande d'Economiesuisse, organisation qui représente pas moins de 100'000 entreprises à travers le pays, la morosité du Forum économique de Davos et le pessimisme des entrepreneurs sont compréhensibles.

Elle refuse cependant d'associer cet état d'esprit aux affaires en tant que telles en pointant des problématiques plus globales: "Il existe un nombre important d'incertitudes, notamment du fait du protectionnisme, des conflits commerciaux (...) et de la vague de populismes et de nationalismes qui s'est emparée des pays occidentaux", juge-t-elle.

"Une urgence climatique incontestable"

Questionnée sur la problématique climatique et sur l'exemple de la jeune militante suédoise Greta Thunberg, Cristina Gaggini estime que l'urgence est incontestable.

Si elle réfute l'idée d'une décroissance, elle affirme qu'Economiesuisse "soutient les efforts ambitieux prônés par la Confédération et que les milieux économiques en tant que tels ont déjà fait des efforts très très clairs".