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GM, Ford et Chrysler font leur mea culpa

Les patrons des "Big Three" ont vécu une semaine difficile.
Les repentis: Wagoner (GM), Gettelfinger (United Auto Workers), Mulally (Ford) et Nardelli (Chrysler).
Les dirigeants des trois principaux constructeurs automobiles américains ont avoué jeudi des «erreurs» de gestion devant les membres du Congrès. Ils ont promis de faire des économies en échange d'une aide de l'Etat.

«Nous sommes ici aujourd'hui parce que nous avons commis des
erreurs et nous en tirons les leçons», a déclaré Rick Wagoner, le
président de General Motors, devant la Commission bancaire du
Sénat. Son homologue chez Ford, Alan Mulally, a assuré qu'il avait
«réfléchi aux inquiétudes qui avaient été exprimées» et affirmé
qu'il avait «compris le message».

Lors de leur précédente audition, Wagoner et Mulally, ainsi que
le dirigeant de Chrysler, Robert Nardelli, avaient été critiqué
pour s'être rendus à Washington à bord de leurs jets privés alors
qu'ils réclamaient des milliards de dollars. Jeudi ils ont fait les
quelque 900 kilomètres séparant Detroit de Washington en véhicules
hybrides.

Effondrement systémique?

Notre but était
autrefois simplement d'être compétitifs. Maintenant, nous nous
engageons à dépasser les attentes de nos clients en termes de
qualité, d'économie de carburant, de sécurité et de prix

Alan Mulally, président de Ford


Après avoir promis de travailler pour un dollar par an si les
parlementaires accédaient à leurs requêtes, ils ont réclamé 34
milliards de dollars de prêt d'urgence, assurant qu'ils
réaliseraient les économies nécessaires à la survie des trois
groupes.



S'il est un argument que les membres du Congrès ont de grandes
chances de recevoir, c'est celui d'un risque d'effondrement
systémique du secteur industriel américain en cas de faillite des
constructeurs automobiles et que les trois dirigeants ont brandi
lors de leur audition. «Il y a un consensus sur le fait que la
faillite et l'inaction ne sont pas la solution», a ainsi déclaré le
sénateur Chris Dodd, président de la commission. «Nous allons
tenter (...) de les remettre sur pied et de le faire
intelligemment», a-t-il dit.



Les républicains et l'administration Bush y restent toutefois
opposés, préférant utiliser une première aide de 25 milliards déjà
votée en septembre. Sur NBC,G.W.Bush a jugé impératif que les trois
constructeurs apportent la preuve de leur viabilité à long terme
pour bénéficier d'une aide publique. «Peu importe l'importance de
l'automobile dans notre économie (...) nous voulons nous assurer
que le plan qu'ils proposent assure leur viabilité à long terme et
ce dans l'intérêt du contribuable», a-t-il déclaré.

Réduire les coûts

Face à ces réticences, Rick Wagoner a promis jeudi au Congrès
d'accélérer ses réductions de coûts, notamment de personnel, et de
tout faire pour réduire la dette massive du groupe en échange des
aides publiques qu'il sollicite. «Il s'agit d'un plan pour créer un
nouveau General Motors», a-t-il dit.



Son homologue de Chrysler, Robert Nardelli, a déclaré de son côté
que son groupe avait identifié un potentiel de quatre milliards de
dollars environ de nouvelles économies et gains de productivité
possibles. Il s'est engagé «à produire des véhicules moins
gourmands en énergie», avant de commencer à rembourser un éventuel
prêt gouvernemental en 2012.



«Notre but était autrefois simplement d'être compétitifs.
Maintenant, nous nous engageons à dépasser les attentes de nos
clients en terme de qualité, d'économie de carburant, de sécurité
et de prix», a de son côté promis Alan Mulally. GM réclame jusqu'à
18 milliards de dollars. Ford a demandé une ligne de crédit de neuf
milliards de dollars, qu'il espère ne pas avoir à toucher. Chrysler
table sur un prêt de sept milliards.



agences/ps

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Un secteur aux besoins colossaux

Le chef économiste de l'agence de notation financière Moody's, Mark Zandi, a estimé jeudi devant la commission que le véritable coût du plan de sauvetage automobile pourrait atteindre 75 à 125 milliards de dollars.

De son côté, l'analyste automobile Gregg Lemos Stein de Standard & Poor's, a affirmé à l'AFP qu'il y avait «une forte possibilité de faillite de l'un des trois constructeurs, même s'ils obtiennent des fonds publics».

En Allemagne, les sous-traitants sont asphyxiés

Comme dans d'autres pays, les ventes de voitures neuves se sont effondrées en Allemagne (-18% au mois de novembre), un revers d'envergure qui menace d'étrangler de nombreux sous-traitants.

Tous les patrons des grands constructeurs allemands ont prédit le pire ces dernières semaines. "Il y aura des faillites", a ainsi estimé Dieter Zetsche, le président du directoire de Daimler.

"Du jour au lendemain, un sous-traitant, fondamentalement sain, peut devenir un candidat à la faillite", a abondé Holger Härter, le directeur financier de Porsche.

Comme BMW ou Volkswagen, le spécialiste des voitures de sport a promis d'aider les équipementiers, en participant aux discussions avec les banques, voire en les payant en avance.

Les sous-traitants automobiles, qui emploient plus de 330'000 personnes en Allemagne, sont doublement touchés par la crise.

Le secteur, grand exportateur, souffre de la chute de la demande mondiale, avec des constructeurs qui ont tous annoncé des baisses de production.

Mais ils sont aussi des victimes directes de la crise financière: les banques, sous pression, rechignent à leur prêter de l'argent.

Les assureurs-crédit, chargés de garantir les transactions des sous-traitants, sont désormais montrés du doigt, accusés de relever très fortement leurs prix, voire d'annuler à court terme des contrats avec les équipementiers.