Le modèle présenté lundi par l'UBS, à dix jours d'une assemblée
générale extraordinaire à Lucerne qui lui sera en partie consacrée,
comprend trois principaux changements.
Le système des bonus revus
En premier lieu, il n'y aura plus de rémunération variable
(bonus) pour la fonction de président du conseil d'administration,
actuellement occupée par Peter Kurer. Par ailleurs, la présidence
de l'organe de surveillance ne sera plus intégrée, toujours à
compter de l'an prochain, dans le même système incitatif que le
directoire du groupe bancaire.
Deuxième point, la rémunération variable en espèces sera basée sur
un système de bonus-malus. Un concept similaire a été développé
pour la participation variable en actions, précise le
communiqué.
Pas de bonus en 2008
Au-delà, le nouveau modèle confirme l'information divulguée il y
a deux semaines, à savoir l'absence de versements de bonus au titre
de l'exercice 2008. La mesure touche le président du conseil
d'administration ainsi que les membres de la direction
générale.
Les autres rémunérations variables pour 2008 seront fixées par le
conseil d'administration en ce qui concerne leur niveau, leur
composition et leur attribution. Elles seront arrêtées après
présentation des résultats financiers de l'exercice en cours et
d'entente avec la Commission fédérale des banques (CFB).
La première banque suisses souligne que ce nouveau modèle est axé
davantage sur le long terme et dépend plus étroitement de la
création de valeur entrepreneuriale.
Un contrôle constant
Au centre de la polémique depuis des
mois, le modèle de rémunération a été revisité en collaboration
avec la CFB. Le nouveau système se fonde sur les directives
contenues dans le train de mesures présenté par les autorités
publiques dans le cadre du plan de sauvetage de la grande banque en
difficulté. Il intègre aussi les grandes lignes des futures normes
pour le secteur en cours d'élaboration.
De la sorte, le modèle de rémunération sera régulièrement contrôlé
pour assurer le respect des normes édictées pour l'activité
bancaire. L'an dernier, la direction générale de l'UBS, à la tête
de laquelle se trouve Marcel Rohner, avait perçu un montant en
rémunération variable (bonus) de 74 millions de francs, malgré une
perte nette de quelque 4,4 milliards de francs. Elle compte douze
membres.
Le gouvernement, la BNS et la Commission fédérale des banques
avaient décidé le 16 octobre de voler au secours de l'UBS en lui
offrant 60 milliards de dollars à travers un plan de "stabilisation
financière". Les autorités avaient cependant assorti le plan de
sauvetage de l'obligation de "réaménager le système d'indemnisation
des membres du conseil d'administration et de la direction".
agences/bri
Une banque en pleine tourmente
L'UBS multiplie les déboires depuis plusieurs mois.
Outre des dépréciations d'actifs de près de 47 milliards de dollars dues aux subprimes, la banque est en bisbille avec la justice américaine.
Un dirigeant de l'UBS a ainsi été inculpé pour avoir tenté avec d'autres responsables et clients de la banque de frauder le fisc américain.
Confrontée à une crise de confiance, la banque a vu ses clients lui retirer plus de 83,6 milliards de francs suisses entre juillet et septembre.
Modèle salué par Ethos
La Fondation Ethos salue la décision de l'UBS de soumettre à l'avenir les principes de sa politique de rémunération au vote des actionnaires.
Ethos apprécie que le système de rémunération ait été simplifié et qu'il intègre dorénavant un calcul des bonus-malus sur plusieurs années. La fondation est aussi satisfaite que la composante variable de la rémunération prévoie des critères de performance ajustés au risque.
En revanche, Ethos regrette qu'UBS ne prévoie pas de limiter la part variable des rémunérations, par exemple en instaurant un bonus maximum par rapport au salaire de base ou une dotation maximale en actions.
Ethos relève également que si les parachutes dorés (indemnités de départ) sont strictement bannis, les « golden hellos » (prime spéciale à l'engagement) restent possibles.
Il y a quelques semaines, Ethos et huit caisses de pension avaient demandé à cinq sociétés (ABB, Credit Suisse Group, Nestlé, Novartis et UBS) de donner aux actionnaires la compétence statutaire de voter de manière consultative sur le rapport de rémunération.