L'assemblée générale s'est ouverte jeudi matin sur la plaine de
l'Allmend à Lucerne, au pied du Pilatus. Les 3200 places de la
salle des foires n'étaient pas toutes occupées, puisque 2400
actionnaires s'étaient annoncés à 9h00.
Concrètement, les actionnaires n'auront à voter que sur le
premier volet du montage financier dévoilé le 16 octobre: l'emprunt
obligatoirement convertible de 6 milliards de francs placé auprès
de la Confédération.
Vu l'énormité de l'enjeu et l'absence d'alternative, un oui massif
devrait l'emporter. Mais sur place ( visionnez le blog en direct de la TSR ), les critiques ne devraient
pas épargner le conseil d'administration qui peine à inspirer la
confiance.
Critiques attendues
L'opération, qui prévoit aussi la prise en charge par la Banque
nationale suisse de quelque 60 milliards de dollars d'actifs
toxiques, suscite désormais moins de réactions qu'à son annonce.
Même si le plan n'a pas réussi jusqu'ici à rétablir la confiance et
à redresser le cours de l'action.
Entre-temps, la polémique autour des gratifications des managers
de la première banque suisse a un peu éclipsé la chose
(voir ci-contre). Le rapport sur les rémunérations
sera d'ailleurs présenté aux actionnaires.
S'il n'aura qu'un caractère informatif, il donnera l'occasion aux
actionnaires de déverser leurs critiques sur le conseil
d'administration. Ainsi, son vice-président Sergio Marchionne n'a
pas hésité à tenir des propos peu amènes sur le président Peter
Kurer et le CEO de la banque Marcel Rohner. Ensuite, le nouvel
administrateur Rainer-Marc Frey s'est récemment défait d'un million
d'actions UBS. Son geste a été imité peu après au niveau de la
direction par Marten Hoekstra. De quoi nourrir les critiques, même
si Rainer-Marc Frey a ensuite fait son mea culpa.
Faible affluence attendue
Lors de cette assemblée, la banque ne
s'attend pas à battre un record d'affluence au centre d'exposition
de Lucerne, dans la mesure où elle offrira seulement 3200
sièges.
La fréquentation est allée en diminuant après la première réunion
extraordinaire en février à Bâle, qui avait attiré 6500
actionnaires. Le deuxième rendez-vous en avril, toujours dans la
cité rhénane mais à caractère ordinaire, avait enregistré la venue
de 4200 personnes. La troisième réunion en octobre, extraordinaire,
a vu la présence de moins de 2400 actionnaires.
Le PS au front
Le PS va aussi prendre part à l'assemblée. Le parti a en effet a
acheté récemment un titre UBS et est officiellement actionnaire du
numéro un bancaire suisse. Cette participation extrêmement modeste
suffira aux socialistes pour prendre la parole à l'assemblée
générale.
C'est Christian Levrat qui montera à la tribune pour s'exprimer au
nom du parti qu'il préside, a affirmé le parti mardi. Le PS ne
formulera aucune requête formelle car une assemblée générale
extraordinaire ne le permet pas. Mais son président prendra le
micro pour poser la question de la responsabilité des anciens
dirigeants de l'UBS dans la déconfiture de la banque. Il estime
qu'il faut réaliser un rapport sur la question et examiner
l'opportunité de déposer plainte.
ats/boi
Des dirigeants renoncent aux bonus
Après l'ancien patron d'UBS, Peter Wuffli, trois ex-administrateurs du numéro un bancaire suisse ont renoncé mardi à 33 millions de francs d'indemnités.
L'ancien président de la banque Marcel Ospel renonce à 22 millions de francs.
Les deux autres dirigeants concernés sont deux autres anciens membres à plein temps du conseil d'administration de l'UBS, Stephan Haeringer, ancien vice-président et Marco Suter.
"Par cette action, Marcel Ospel, Stephan Haeringer et Marco Suter entendent signaler qu'ils se rangent à la réalité de la situation présente", ont-ils précisé.
Pour l'entrepreneur schaffhousois Thomas Minder, à l'origine de l'initiative populaire "contre les rémunérations abusives" des grands patrons, ces gestes sont "globalement positifs, mais rien de plus qu'une goutte d'eau sur une pierre chaude".
Il a rappelé qu'entre 2004 et 2007, l'UBS a versé quelque 800 millions de francs de rémunérations variables, boni et autres indemnités de départ à ses directeurs et administrateurs.
Plan sur les rails au Parlement
Sur le plan parlementaire, le plan de sauvetage de l'UBS est quasiment avalisé. Les commissions des Etats et du National ont approuvé l'injection des 6 milliards de francs.
Et le Parlement devra lui se prononcer les 8 (Conseil national) et 9 décembre (Conseil des Etats), alors que les obligations seront émises dès le 4 décembre.
Les socialistes ont bien tenté d'allumer un contre-feu à l'opération. Ils ont notamment réclamé une prise de participation de l'Etat fédéral dans la banque en échange de son soutien, à l'instar des opérations de sauvetage pratiquées en France ou en Grande-Bretagne.
Sans succès, les autres partis n'ayant pas suivi. Et l'intervention de la Confédération pourrait ne pas être la dernière.