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UBS: plan de la Confédération plébiscité

Près de 2400 actionnaires étaient présents à Lucerne.
Près de 2400 actionnaires étaient présents à Lucerne.
Il n'aura fallu que 3 heures pour que les actionnaires d'UBS plébiscitent l'injection des 6 milliards de francs de la Confédération dans leur banque. Mais les critiques ont fusé tous azimuts, notamment sur les bonus des ex-dirigeants.

Quelque 2400 actionnaires, représentant près de 54% des voix,
ont fait le déplacement jeudi à Lucerne pour assister à la
quatrième assemblée générale de l'année pour la banque en
difficulté ( visionnez le blog de la TSR ).

Dans une ambiance plutôt polie, ponctuée d'applaudissements et
de quelques rares sifflets, ils ont approuvé peu avant midi et
presque sans sourciller (à 98,53% des voix exprimées) le seul point
à l'ordre du jour: la participation de l'UBS au plan de sauvetage
concocté par les pouvoirs publics.

Fini l'arrogance

Au préalable, le président de l'UBS Peter Kurer, qui a accordé
une interview en allemand (voir ci-contre), s'est
fendu d'un long exposé pour défendre le plan de sauvetage étatique.
Ce qui lui a aussi permis de prendre ses distances avec son
prédécesseur, Marcel Ospel. «L'arrogance n'a plus aucune place dans
l'UBS d'aujourd'hui ni celle de demain», ajoutant que la banque
continuait à vouloir jouer un rôle central de soutien aux
PME.



Seuls treize orateurs, dont le président du parti socialiste
Christian Levrat, se sont succédés à la tribune avant le vote. Si
comme prévu les commentaires négatifs se sont focalisés sur les
ex-dirigeants, Peter Kurer lui-même n'a pas été ménagé et même
traité de menteur par plusieurs petits actionnaires.



Le plan de sauvetage, la vente du paquet d'un million d'actions
(soit pour quelque 17 millions de francs) du nouvel administrateur
Rainer-Marc Frey ou l'état financier de l'UBS ont fait l'objet de
critiques, les plus virulentes s'exprimant dans la discussion d'une
heure qui a suivi le vote.



Plusieurs intervenants ont aussi jugé insuffisante la nouvelle
politique de rémunération de la banque, demandant la restitution
des bonus sur les cinq dernières années par les hauts
dirigeants.

Responsabilité civile

La question de la responsabilité civile des anciens responsables
est aussi venue sur le tapis, notamment lorsque Christian Levrat
est monté à la tribune. Sur ce point, Peter Kurer a souligné que la
restitution des bonus - près de 70 millions de francs jusqu'à
présent - ne mettait pas pour autant à l'abri ceux qui avaient fait
un geste en ce sens.



En l'occurrence, son prédécesseur Marcel Ospel et les deux
administrateurs Stephan Haeringer et Marco Suter, qui ont annoncé
voici deux jours le remboursement de 33 millions de francs, et l'ex
CEO Peter Wuffli, qui a restitué 12 millions.



Peter Kurer a aussi indirectement confirmé sans nommément les
citer qu'un accord avait eu lieu avec d'autres dirigeants étrangers
pour quelque 22 millions de francs. Sont notamment dans le
collimateur de la banque l'ex-directeur financier Clive Standish et
Hew Jenkins, l'ancien responsable de la banque
d'investissement.

Appel du pied de Peter Kurer

Mais avant toute action en justice, un
expert indépendant mandaté par un comité du conseil
d'administration doit encore rendre son avis sur la possibilité
pour la banque d'intenter une action en justice, a rappelé Peter
Kurer.



«Mais il n'y a pas que le conseil d'administration qui peut le
faire, les actionnaires aussi selon la loi suisse», a rappelé l'ex
juriste en chef de la banque et désormais à la présidence de son
conseil d'administration, faisant ainsi un appel du pied à
l'assistance.

Dépréciations de 4 milliards de francs

Selon le plan de sauvetage concocté, 365 millions d'actions
seront émises, contrepartie à l'emprunt de 6 milliards de francs
placé auprès de la Confédération. Ces obligations seront
obligatoirement converties en actions dans deux ans et demi.



Entre temps, l'emprunt sera rémunéré à hauteur de 12,5%. Les 6
milliards de francs injectés viendront soutenir le fonds de
défaisance contrôlé par la Banque nationale suisse (BNS) et
désormais basé à Berne, où seront transférés 60 milliards de
dollars d'actifs toxiques de l'UBS. La banque devra déprécier 4
milliards au dernier trimestre pour les 6 milliards fournis.



ats/cht

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Christian Levrat applaudi

Très attendu, le président du PS Christian Levrat est monté à la tribune pour réclamer que la banque intente une action en responsabilité civile contre ses anciens dirigeants. «J'ai reçu tant d'appels de la part des petits actionnaires que cela m'a incité à me rendre à Lucerne et je ne le regrette pas», a t-il indiqué.

«Il y a beaucoup de points communs entre les petits actionnaires et les contribuables. De part et d'autre, on se demande comment cette débâcle a pu se produire et comment réparer les erreurs», a-t il ajouté, rappelant que les aspects juridiques n'étaient toujours pas réglés.

Invitant les nouveaux dirigeants à faire preuve d'indépendance par rapport à leurs prédécesseurs, le conseiller national fribourgeois a enjoint la banque, qui a nommé un comité indépendant pour examiner la question, à passer à l'acte et à intenter une action en responsabilité civile contre Marcel Ospel et consorts.

Il a également interpelé le président de l'UBS pour lui demander quand les administrateurs étrangers, «les Clive Standish et autres» allaient rembourser et quelles démarches la banque avait entreprises en ce sens. «On ne comprend pas que les Suisses paient si les étrangers ne paient pas», a-t-il critiqué.

Christian Levrat a également fustigé le geste de Rainer-Marc Frey, le nouvel administrateur de l'UBS qui s'est défait d'un paquet de 1 million d'actions. «On ne comprend pas que de telles actions puissent se produire», a-t-il déclaré, largement applaudi.

Succès pour la pétition du PS

Alors que les actionnaires d'UBS se réunissent en assemblée générale extraordinaire, la pétition lancée par le PS a déjà récolté plus de 27'000 signatures. Ses signataires estiment que l'argent public investi dans la banque ne doit pas l'être sans contrepartie.

Mise en ligne voici cinq semaines sur le site du PS, la pétition pose quatre conditions au sauvetage de l'UBS. Les exigences, faites au Parlement, au Conseil fédéral et à la Banque nationale suisse (BNS), demandent des garanties en contrepartie de l'aide publique, un plafonnement des bonus, des sanctions pour les «pyromanes» et des investissements dans les secteurs d'avenir de l'économie réelle.