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La croissance de l'économie au point mort

Les Suisses ont travaillé 13 minutes de plus par semaine.
La construction a enregistré une légère baisse de sa valeur ajoutée.
La crise financière continue à faire des dégâts. Alors que le SECO annonce un PIB suisse en stagnation, les banques centrales (BCE et Banque d'Angleterre) baissent drastiquement leur taux directeur.

Le produit intérieur brut (PIB) en termes réels a stagné au
troisième trimestre, comparé aux trois mois précédents. Par rapport
à la même période de 2007, sa croissance a atteint 1,6%, a indiqué
jeudi le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO).

Les chiffres du deuxième trimestre ont été révisés: une
croissance en rythme trimestriel de 0,3% comme sur les trois
premiers mois, contre +0,4% précédemment estimés, et +2,6% en
glissement annuel, contre +2,3%.



Côté négatif, les investissements ont diminué de 1,4% au troisième
trimestre par rapport au précédent, reflet de la baisse de
l'activité dans les entreprises confrontées à une contraction de la
demande. Le recul touche en premier lieu les biens d'équipement
(-1,8%), mais aussi la construction (-0,9%).

Balance commerciale positive

Côté positif, la consommation des ménages, qui représente près
des deux tiers du PIB sous l'angle des dépenses, s'essouffle même
si elle tient encore bon (+0,3%). Les dépenses sont en hausse pour
les meubles, les appareils électroménagers, les transports, les
loisirs et l'habillement, tandis qu'elles reculent dans le
logement, l'énergie et la santé. Les dépenses des administrations
publiques se sont elles aussi accrues de 0,7%.



La balance commerciale a également permis de contrebalancer le
recul des investissements. Les exportations de biens et services,
autre moteur de l'économie suisse, progressent de 1,2% tandis que
les importations reculent de 0,7%. A noter cependant que les
exportations se sont davantage accrues dans les services (+1,7%)
que pour les biens (+1,0%). Les exportations de marchandises sont
même négatives (-0,6%) si on exclut les objets de valeur.

La Suisse résiste, mais...

La Suisse a jusque-là mieux résisté que les Etats-Unis ou
l'Europe. Mais le prochain trimestre s'annonce nettement moins
rose, estime le chef économiste du SECO, Aymo Brunetti. «Une
croissance négative est désormais vraisemblable», a-t-il déclaré à
l'ATS. Le chef économiste de la banque Julius Bär, Janwillem Acket,
n'hésite pas à parler de récession: le PIB sera en effet négatif au
dernier trimestre 2008 et au premier de l'an prochain, deux
trimestres consécutifs dans le rouge faisant techniquement basculer
le pays en récession.



Selon lui, les exportations en seront le catalyseur au dernier
trimestre. Quant aux dépenses de consommation, il faudra attendre
après les fêtes de Noël, pour les voir reculer au premier trimestre
2009. Le marché du travail réagira avec retard à cette situation,
mais d'ores et déjà Janwillem Acket prévoit une remontée du chômage
l'an prochain. «La récession durera au minimum jusqu'à la mi-2009
et dans le pire des cas jusqu'en 2010», prévoit-il.



«La chance qu'a la Suisse c'est d'entrer en récession avec une
année de retard sur les Etats-Unis et un semestre sur l'Europe, ce
qui pourrait raccourcir le phénomène», a-t-il déclaré à
l'ATS.



ats/ps

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Les banques centrales en action

La Banque centrale européenne (BCE) a décidé jeudi d'abaisser de 0,75 point de pourcentage à 2,50% son principal taux directeur, la plus forte réduction de son histoire, a annoncé un porte-parole.

La majorité des économistes misait sur une réduction d'un demi-point du principal taux. Mais face à la dégradation rapide de l'économie et la chute brutale de l'inflation, certains avaient espéré un geste plus ferme de la BCE, sous la forme d'une baisse de trois quarts de point.

De son côté, la Banque d'Angleterre (Bank of England, BoE) a procédé jeudi à une baisse d'un point de pourcentage de son taux directeur, à 2%, revenant à un plus bas historique plus atteint depuis la période 1939-1951, pour lutter contre la récession dans laquelle s'enfonce le Royaume-Uni.

Comme largement anticipé par les analystes, la BoE a prolongé son mouvement d'assouplissement monétaire, après sa baisse d'1,5 point de pourcentage en novembre et de 0,50 point en octobre, décision qui avait eu lieu dans le cadre d'une action concertée de six grandes banques centrales pour faire face à la récession.