Le vote au Sénat pourrait avoir lieu ce jeudi. Le parti du
président élu Barack Obama y est largement majoritaire mais il
n'atteint pas le seuil de 60 sièges sur 100 qui lui permettrait de
passer outre aux pratiques d'obstruction de l'opposition. Or
plusieurs élus républicains ont juré de ralentir l'adoption du
projet, voire de le bloquer.
Mercredi soir déjà, les républicains ont massivement voté contre
le projet à la Chambre des représentants. Elle l'a cependant adopté
par 237 voix contre 170, au terme d'une journée de tractations qui
ont débouché sur un texte de compromis entre la Maison Blanche et
la majorité démocrate.
L'opposition républicaine
"Cette loi va offrir à Detroit et à l'Amérique une chance de se
remettre sur les rails", a commenté la présidente de la Chambre,
Nancy Pelosi. "Si nous ne faisons rien, il y a un danger réel que
bientôt nous n'ayons plus d'industrie automobile américaine", a
renchéri le leader de la majorité démocrate, Steny Hoyer.
Côté Sénat, où les démocrates ne disposent encore que d'une courte
majorité, un compromis sur un vote semblait plus difficile à
obtenir. "Il y aura d'autres propositions", a promis le sénateur
républicain Richard Shelby, opposé au projet de loi. Sans plan de
restructuration, il n'est pas sûr que l'aide de l'Etat suffise à
rétablir la compétitivité de l'industrie automobile américaine face
à ses concurrents allemands et japonais "qui produisent des
automobiles en Amérique", a averti le sénateur républicain John
Ensign. Il a menacé de faire obstruction pour retarder le
vote.
Le secrétaire général adjoint de la Maison Blanche, Joel Kaplan, a
admis que convaincre les républicains réticents ne serait pas
facile. Mais il a souligné que l'administration allait s'y employer
et que le président George W. Bush lui-même allait parler à
certains républicains.
ats/ps
Une aide de 14 milliards
Le projet de loi doit permettre de débloquer très rapidement jusqu'à 14 milliards de dollars en faveur de General Motors (GM) et Chrysler qui ont averti qu'ils pourraient déposer leur bilan avant la fin de l'année.
Ford, le troisième grand de l'industrie automobile américaine, a fait savoir qu'il n'a pas de problèmes de liquidités dans l'immédiat.
Les constructeurs avaient initialement réclamé 34 milliards. La perspective d'un vote au Congrès après des jours de tractations parlementaires a soutenu mercredi les places financières mondiales.
Le projet prévoit également la nomination d'un administrateur chargé de surveiller la mise en place de mesures de restructuration par les constructeurs, qui devront avoir déposé un plan de redressement durable avant le 31 mars.
La presse américaine a baptisé ce futur administrateur "le tsar de l'automobile". Il sera nommé par le président.
Le plan est assorti de conditions rigoureuses envers les dirigeants des groupes concernés. Ils devront limiter leurs salaires et leurs primes et revendre leurs jets privés.