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Le sauvetage du secteur automobile capote

Deux milllions d'emplois sont menacés dans le secteur automobile US.
Deux milllions d'emplois sont menacés dans le secteur automobile US.
Le Sénat américain a été incapable de se mettre d'accord jeudi soir sur un plan d'aide aux constructeurs automobiles. Il livre ces derniers au spectre d'un dépôt de bilan qui met en péril 2,2 millions d'emplois directs et indirects. Les bourses mondiales accusent le coup.

Au terme d'une longue journée de tractations, les 100 sénateurs
n'ont pu réunir la majorité requise des deux-tiers autour d'un plan
d'aide à l'automobile, face à l'opposition farouche des
républicains. Cet échec met fin aux espoirs de voir le Congrès
adopter le texte avant la fin de l'année.

Le débat sur le plan de sauvetage des constructeurs est terminé
pour cette année et il revient désormais au secrétaire au Trésor,
Henry Paulson, de décider d'un éventuel recours aux fonds publics
pour venir en aide aux constructeurs, a-t-on déclaré de source
parlementaire.

"Trop de divergences"

"Il y a trop de divergences entre les négociateurs pour parvenir
à un accord", a déploré le président de la chambre haute, Harry
Reid, avant d'ajouter: "C'est terminé". Le projet de loi a par la
suite été rejeté lors d'un vote de pure forme. "Des millions
d'Américains, non seulement les salariés de l'automobile, mais
aussi les vendeurs, les concessionnaires, tous ceux qui travaillent
sur les voitures vont être directement touchés", a-t-il
ajouté.



Harry Reid a passé de longues heures jeudi à négocier avec un
noyau dur de sénateurs républicains qui refusaient de sauver les
trois grands groupes nationaux, General Motors, Chrysler et Ford.
Ces derniers réclamaient au départ une aide de 34 milliards de
dollars.



Les républicains ont exigé que les constructeurs et leurs
puissants syndicats s'engagent sur des mesures de restructuration.
"Aucun de nous ne veut les voir faire faillite, mais nous ne
pouvons rien faire pour les sauver du dilemme où ils se sont mis
eux-mêmes", s'est justifié le chef de la minorité républicaine,
Mitch McConnell. Il a estimé que le plan de sauvetage "franchement,
ne pouvait pas marcher". "Je crains de regarder Wall Street demain"
(vendredi), a dit Harry Reid.

George W. Bush en sauveur?

Plusieurs élus, dont la présidente de la Chambre des
représentants Nancy Pelosi, ont invité George Bush à puiser dans
les fonds du plan "Tarp" (Troubled Asset Relief Programme) de
sauvetage des banques ou de la Réserve fédérale pour venir en aide
aux constructeurs.



"Je pense que le président Bush comprendra qu'en Amérique, la
seule chose qu'on ne peut pas se permettre de voir disparaître,
c'est une famille qui travaille, et en débloquant les fonds Tarp
pour Wall Street, il les en empêchera", a ainsi déclaré le
représentant républicain Thaddeus McCotter.

Dépôt de bilan?

La Maison Blanche s'est dite déçue par l'échec du projet de loi
et a évoqué le risque de "dépôts de bilan en catastrophe". "Nous
allons évaluer nos différentes possibilités au vu de l'échec au
Congrès", a dit un des porte-parole de la présidence américaine,
Scott Stanzel.



General Motors et son concurrent Chrysler ont averti qu'ils
pourraient déposer leur bilan avant la fin de l'année s'ils
n'obtenaient pas une aide de l'Etat. Ford, le troisième grand de
l'industrie automobile américaine, en meilleure santé financière,
assure n'avoir pas de problèmes de trésorerie immédiats.



ats/ps/jeh

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Les bourses souffrent

Après avoir ouvert en forte baisse, les marchés européennes se sont un peu repris vendredi dans l'après-midi. A la clôture, la bourse suisse affichait une perte de 1,63%. Francfort, Paris et Londres reculaient pour leur part de respectivement 2,18%, 2,80% et 2,47%.

Auparavant, Tokyo avait clôturé en net recul de 5,56%, Séoul de 4,38%, Taipei de 3,74%, Sydney de 2,43% et Hong Kong de 5,48%.

La Bourse de New York, qui avait déjà perdu 2,24% jeudi dans la perspective d'un échec du plan de sauvetage au Sénat, a ouvert pour sa part à la baisse vendredi. Le Dow Jones perdait 1,75% et le Nasdaq 1,15%.

General Motors chutait de 20,63% à 3,27 dollars et Ford de 13,73% à 2,50 dollars dès l'ouverture. Chrysler n'est pas coté en Bourse.

Le syndicat appelle le Trésor à l'aide

Le syndicat américain de l'automobile UAW a estimé vendredi que le recours au fonds de stabilisation des banques américaines était la "seule option" possible pour éviter un dépôt de bilan dévastateur pour les grands constructeurs automobiles du pays.

Lors d'une conférence de presse tenue à Detroit (nord), le président de l'UAW Ron Gettelfinger a appelé le secrétaire au Trésor Henry Paulson à débloquer immédiatement une partie des 700 milliards de dollars mis à sa disposition par le Congrès pour stabiliser le système financier.

"C'est la seule option possible pour éviter l'effondrement imminent" de ces compagnies, a ajouté Ron Gettelfinger. "Un dépôt de bilan n'est pas une option".

Le responsable syndical a souligné être ouvert à de nouvelles concessions. "Nous sommes prêts à faire des efforts supplémentaires", a-t-il dit.

Mais il a souligné que la volonté de la fraction républicaine au Sénat de faire porter la responsabilité de l'échec du plan de sauvetage aux salariés et aux retraités des trois constructeurs n'était pas acceptable.

Il a fait valoir que les salariés d'au moins une usine américaine de Toyota étaient mieux payés que les adhérents à son syndicat, qui regroupe les ouvriers payés à l'heure.