Volte-face inéluctable
"L'état de faiblesse actuel de l'économie est tel qu'elle
pourrait ne pas résister à un choc comme une faillite désordonnée
dans l'industrie automobile", a expliqué la porte-parole de la
Maison Blanche Dana Perino, à bord d'Air Force One, l'avion
présidentiel, où elle accompagnait George Walker Bush dans le cadre
d'un déplacement au Texas.
Elle a ajouté qu'il serait "irresponsable" d'affaiblir davantage
l'économie en laissant les constructeurs américains s'effondrer. Le
département américain du Trésor s'est de son côté dit "prêt" à
intervenir pour "empêcher une faillite imminente" de l'industrie
automobile.
A Detroit, le président du syndicat des Employés unis de
l'automobile (UAW) Ron Gettelfinger, a accueilli comme "une
excellente nouvelle" la réaction de la Maison Blanche et du Trésor.
Le plan Paulson de 700 milliards (plus de 500 milliards d'euros)
est l'une des rares options restant à l'administration Bush pour
venir en aide à General Motors et Chrysler, qui craignent de se
retrouver à court de liquidités d'ici quelques semaines.
George W. Bush avait initialement refusé cette possibilité,
affirmant que l'aide aux constructeurs devait venir du Congrès.
Mais il pourrait changer d'avis après le rejet par le Sénat jeudi
soir d'un plan de sauvetage de 14 milliards de dollars (10,4
milliards d'euros) pour le secteur automobile.
General Motors réduit encore sa production
General Motors s'est dit "encouragé par la disposition de la
Maison Blanche à envisager d'autres options (...) pour une aide
immédiate à l'industrie automobile". Dans un communiqué, la firme
affirme qu'elle travaillera en étroite collaboration avec
l'administration Bush sur des solutions permettant "d'empêcher de
nouveaux dommages à l'économie du pays".
Le constructeur a également annoncé une baisse supplémentaire de
production de 250'000 véhicules par rapport à ses prévisions pour
le premier trimestre 2009 avec la fermeture temporaire de 20 usines
aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique. Nombre de ces sites seront
fermés durant tout le mois de janvier.
Sur la moitié environ des 700 milliards de dollars du plan Paulson
déjà débloqués, 15 milliards (17,7 milliards de francs) n'ont pas
encore été affectés. Le Trésor a injecté ces deux derniers mois 335
milliards de dollars (394,3 milliards de francs) dans des banques
et des compagnies d'assurance.
Avant de commencer à utiliser l'autre moitié du plan,
l'administration Bush devrait d'abord en informer le Congrès, qui
pourrait fixer de nouvelles conditions à l'utilisation de ces
fonds.
Après le rejet du Sénat, les défenseurs des constructeurs
automobiles espéraient l'aide de la Maison Blanche. "Le plan B
c'est le président", a ainsi déclaré le sénateur démocrate Carl
Levin. De son côté, Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des
représentants, qui avait adopté le texte rejeté par la chambre
haute, a estimé qu'une intervention de George W. Bush restait "la
seule option viable".
agences/jeh
Wall Street rebondit
La Bourse de New York a terminé en hausse vendredi, à l'issue d'une séance indécise où le marché s'est interrogé sur le sort réservé à l'industrie auto mobile: le Dow Jones a gagné 0,75%.
A la clôture, les bourses européennes ont elles fini dans le rouge, après de violentes chutes dans la journée, à la suite des inquiétudes qui rôdent autour d'une possible fermeture des trois "grands" de Détroit.
Le CAC a perdu 2,8%, le Dax 2,18%, le Footsie 2,47% et le SMI (Zurich) 1,63%. En Asie, le Nikkei a clôturé à -5,56%.
Barack Obama déçu par le Sénat
Le président américain élu Barack Obama s'est déclaré "déçu" vendredi dans un communiqué que le Sénat américain ne soit pas parvenu à un accord sur un plan de sauvetage à court terme pour les constructeurs automobile en difficulté.
"J'espère que l'administration et le Congrès trouveront toujours une façon de donner à l'industrie l'aide temporaire dont elle a besoin", a toutefois assuré Barack Obama avant d'ajouter qu'il faudrait continuer à réclamer "une restructuration à long terme qui est absolument nécessaire".
"Je félicite ceux qui au Congrès et à la Maison Blanche ont essayé vaillamment de parvenir à un compromis", a poursuivi Barack Obama dans son communiqué.
Les "Big Three" de Detroit: General Motors, Chrysler et Ford emploient près de 250'000 personnes, et 730'000 autres travaillent pour des sous-traitants de l'industrie automobile.
Si l'un des trois grands constructeurs déclarait faillite, jusqu'à trois millions d'emplois pourraient être perdus l'an prochain, selon certaines estimations.
Alors que Ford continue d'affirmer ne pas encore avoir besoin d'une aide fédérale même si sa survie est loin d'être assurée, GM et Chrysler estiment, eux, être à quelques semaines seulement de la faillite.