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Marchés financiers: la gueule de bois

Quelle place pour la poésie en période de crise?
Fin de l'euphorie: la bourse est repartie à la baisse jeudi.
Alors que les marchés financiers ont replongé jeudi, les banques centrales ont encore assoupli leur politique monétaire pour tenter d'enrayer la crise. Le FMI a de son côté affirmé que les pays développés allaient entrer en récession en 2009.

Les mauvaises nouvelles s'accumulent: révision en baisse de la
croissance en France, chute de la production industrielle en
Espagne, plongeon des ventes de voitures neuves au Royaume-Uni,
forte hausse des pertes d'emplois aux Etats-Unis...

Face à ces problèmes, les baisses de taux qu'ont annoncé jeudi
les Banques centrales européenne et britannique (voir
ci-contre)
ne pesaient pas lourds pour des marchés
résignés à la récession.

Marchés en berne

A la clôture, toutes les principales places financières
européennes affichaient une forte chute. A Francfort, le Dax a
dégringolé de 6,84%. A Paris, le CAC 40 a perdu 6,38%. A Londres,
le Footsie a cédé 5,70%. Zurich s'en sort à peine mieux, le SMI
achevant la séance sur un recul de 4,08%. A noter aussi que la
Bourse d'Oslo, dominée par les valeurs pétrolières, s'est effondrée
de 10%.



En Asie, après avoir flambé en début de semaine, Tokyo a perdu
6,53%, Hong Kong 7,08% et Séoul 7,56%. "On dirait que les
investisseurs se sont réveillés et se sont aperçus que l'arrivée de
Barack Obama à la Maison Blanche n'allait pas tout transformer du
jour au lendemain", a ironisé Lee Sun-Yup, analyste chez
Goodmorning Shinhan Securities à Séoul.



Dans la foulée, a Bourse de New York a continué de plonger jeudi,
après la violente rechute de mercredi. Dans un marché toujours
anxieux face à la dégradation de l'économie américaine, le Dow
Jones a perdu 4,78% et le Nasdaq 4,43% en clôture. Les
investisseurs craignent le pire à la veille de la publication des
statistiques mensuelles de l'emploi aux Etats-Unis.

Indicateurs au rouge

La morosité économique règne des deux côtés de l'Atlantique. Le
secteur privé américain a ainsi perdu 157'000 emplois en octobre,
après en avoir supprimé 26'000 en septembre. Et l'activité dans les
services aux Etats-Unis s'est encore contractée en octobre.



En Europe également, les clignotants économiques sont au rouge. La
France a procédé à une révision "lucide" de sa croissance pour
2009, "entre 0,2% et 0,5%" contre 1% auparavant, a précisé devant
le Sénat la ministre de l'Economie Christine Lagarde: "La plus
basse jamais retenue par un gouvernement en France", a-t-elle
souligné. Paris a également révisé sa prévision de déficit public,
initialement prévu à 2,7% de PIB en 2009 et désormais fixé à
3,1%.



Dans le secteur automobile, un des plus durement touchés par la
crise, la mauvaise nouvelle est tombée de Londres où les
immatriculations de voitures neuves ont reculé de 23% en octobre
par rapport à 2007. A Tokyo, Toyota, numéro deux mondial de
l'automobile, a sabré de plus de la moitié sa prévision de bénéfice
pour l'exercice 2008-2009, en évoquant une "situation sans
précédent" pour le marché mondial.

Pétrole en repli

Sur le marché des changes, le dollar montait face à l'euro jeudi
sur les marchés asiatiques, la monnaie unique européenne repassant
sous le seuil de 1,29 dollar. Dans un contexte de récession
mondiale, le billet vert voit sa position de valeur refuge
renforcée.



Le pétrole a aussi poursuivi son repli, face aux craintes d'une
baisse de la demande aux Etats-Unis, premier consommateur mondial:
à Londres, le prix du baril de Brent est tombé sous les 57 dollars,
son niveau le plus bas depuis février 2007. A New York, le baril de
"light sweet crude" a fini à 60,77 dollars, en baisse de 4,53
dollars par rapport à la clôture de mercredi.



Dans un rapport publié jeudi, l'Agence internationale de l'Energie
s'attend à ce que le prix du pétrole repasse au-dessus de 100
dollars le baril et dépasse 200 dollars en... 2030.



agences/boi/cab/ps

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Les banques centrales réagissent

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi une baisse d'un demi-point à 3,25% de son principal taux d'intérêt directeur, une décision largement attendue qui vise à donner un peu d'air à l'économie de la zone euro.

Le "taux de refinancement", qui détermine le niveau du crédit pour les particuliers et les entreprises, est ramené ainsi à son niveau d'octobre 2006. Il s'agit de la deuxième réduction en un mois, après l'action concertée entre grandes banques centrales du 8 octobre.

La Banque nationale suisse (BNS) a également décidé jeudi d'assouplir sa politique monétaire pour répondre à la détérioration des perspectives économiques. Elle réduit de 0,5 point la marge de fluctuation de son taux de référence, le Libor à trois mois, la ramenant à 1,5%-2,5%.

Quant à la Banque d'Angleterre, elle a frappé fort en baissant jeudi d'un point et demi, à 3%, son taux d'intérêt directeur, au plus bas depuis plus d'un demi-siècle, pour soutenir une économie qui s'installe en récession.

Récession en 2009, selon le FMI

Le Fonds monétaire international a indiqué jeudi que les pays développés devraient connaître l'an prochain la première contraction de 0,3% de leur produit intérieur brut depuis 1945. La croissance mondiale ne devrait pas dépasser 2,2%.

Il y a un mois, le FMI prévoyait 0,5% de croissance dans les pays développés et 3,0% dans le monde pour l'année 2009.

L'organisation de Washington a nettement revu en baisse sa prévision de croissance pour les Etats-Unis en 2009, l'activité devant s'y contracter de 0,7%, contre une croissance de 0,1% prévue il y a un mois.

Elle a également abaissé celle pour la zone euro en 2009, avec un recul du PIB de 0,5%, contre +0,2% annoncés il y a un mois. Le pays européen le plus durement touché par la crise devrait être la Grande-Bretagne, avec 1,3% de contraction de l'activité en 2009.

Dans les économies en développement, le FMI prévoit une croissance de 5,1% en 2009, contre 6,1% prévus il y a un mois. La Chine devrait rester l'un des moteurs de la croissance mondiale, avec 8,5% en 2009.