Le fondateur de Bernard L. Madoff Investment Securities, maison
créée en 1960, gérait aussi un fonds spéculatif qui, affirme le
parquet, a accumulé 50 milliards de dollars de pertes frauduleuses
suivant un "montage Ponzi" en oeuvre depuis au moins 2005 par
lequel les investisseurs arrivés en premier sont rémunérés avec
l'argent versé par les investisseurs les plus récents.
Retour virtuel sur investissement réel
Deux agents du FBI se sont présentés au domicile de Bernard
Madoff jeudi. Selon l'acte d'accusation du parquet, il a assumé la
responsabilité de l'affaire, affirmant avoir "rémunéré des
investisseurs avec de l'argent inexistant". Le parquet a inculpé
Bernard Madoff, 70 ans, de fraude boursière, infraction qui
l'expose à 20 ans d'incarcération au plus et à une amende pouvant
atteindre cinq millions de dollars.
La Securities and Exchange Commission, le gendarme de la Bourse
américain, a de son côté porté plainte au civil. Selon elle, il
semble que la quasi-totalité des actifs de son fonds spéculatif
soient fictifs. Bernard Madoff a été laissé en liberté moyennant
une caution de 10 millions de dollars garantie par son appartement
de Manhattan.
Répercussions en Suisse
La banque privée Bénédict Hentsch a fait savoir dans un
communiqué qu'elle est exposée à
hauteur de 56 millions de francs dans les portefeuilles que gérait
Bernard Madoff. Ce montant représente 5% de la masse sous gestion
de la banque, qui ajoute prendre "toutes les mesures utiles pour la
protection des intérêts de sa clientèle ainsi que les intérêts
propres" de l'établissement bancaire.
Selon des informations de la TSR, d'autres banques privées de la
place genevoise seraient également exposées. Les pertes pourraient
être plus importantes encore.
Le "National Association of Securities Dealers Automated
Quotations" (Nasdaq) est la deuxième Bourse de New York après le
New York Stock Exchange. Axé plus particulièrement sur les valeurs
technologiques, il se présente comme le plus grand marché
électronique d'actions du monde.
agences/jeh
Un homme (presque) fini
Bernard Madoff a déclaré à son personnel qu'il "était fini, n'avait plus rien et avait perdu environ 50 milliards de dollars", selon le communiqué conjoint du procureur Lev Dassin et de la police fédérale américaine (FBI).
Il a reconnu avoir monté une énorme pyramide financière frauduleuse, mais a ajouté qu'il se rendrait aux autorités après avoir utilisé les 200-300 millions de dollars qui lui restaient - dans une société distincte - pour solder ses dettes envers "certains salariés, sa famille et ses amis", ajoute le document.
Le communiqué précise que le 7 janvier dernier, le financier avait déclaré à la SEC, le gendarme de la Bourse de New York, que sa société de conseil en investissements - celle qui s'est avérée frauduleuse - servait entre 11 et 25 clients pour un montant total de 17 milliards de dollars qui lui avaient été confiés en gestion.