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L'affaire Madoff secoue les banques privées

Reichmuth & Co annonce avoir perdu des plumes.
Reichmuth & Co annonce avoir perdu des plumes.
L'affaire Madoff a contaminé la place financière suisse. Après Bénédict Hentsch, la banque lucernoise Reichmuth & Co et la Neue Pivat Bank annoncent à leur tour être touchées pour plusieurs centaines de millions de francs.

Une partie du fonds Reichmuth Matterhorn est investie dans des
fonds alternatifs qui travaillent avec Bernard Madoff, l'homme qui
a été inculpé jeudi à New York pour une perte potentielle de 50
milliards de dollars, indique la banque sur son site internet .

Reichmuth précise que les fonds touchés représentent 3,5% de ses
11 milliards de francs sous gestion - soit un montant aux alentours
de 385 millions. Mais elle affirme que son bilan n'est pas menacé.
Il n'en va pas de même pour le porte-monnaie du client.

Impact variable sur les clients

Une perte totale sur ces produits frauduleux pèserait sur la
performance d'ensemble, mais l'ampleur des dégâts dépend de la
répartition des investissements. Un investisseur qui aurait placé
15-20% de son portefeuille dans le Reichmuth Matterhorn subirait un
impact négatif global inscrit entre -1,3% et -1,7%, selon la
banque.



La firme lucernoise ne s'explique pas les raisons de cet
"incident". Elle souligne que des sociétés de révision renommées
comme Ernst & Young, PWC et KPMG ont examiné le fonds concerné.
"Et les opérations que nous-mêmes suivions périodiquement étaient
aussi plausibles. On n'est jamais immunisé contre les
arnaques."



De son côté, la banque zurichoise privée Neue Privat Bank a
investi près de cinq millions de francs, soit moins de 1% de ses
avoirs sous gestion, dans un certificat lié à un hedge funds géré
par Bernard Madoff. Elle a investi dans ce même certificat 250'000
francs de sa fortune personnelle.



Dans un communiqué, la banque souligne qu'à l'instar d'autres
établissements privés, elle a pris des risques pour dégager les
rendements les plus optimaux possibles à ses clients, en
diversifiant suffisamment ses placements.

Spéculations sur l'ampleur des dégâts

La semaine dernière, l'établissement
genevois Bénédict Hentsch a fait savoir dans un communiqué être
exposée à hauteur de 56 millions de francs dans les portefeuilles
que gérait Bernard Madoff. Ce montant représente 5% de la masse
sous gestion de la banque.



Certains médias du week-end ont cherché à estimer l'impact de la
fraude sur la place financière suisse si d'autres entreprises
étaient touchées. Alors que plusieurs évoquaient selon leurs
calculs plusieurs milliards de francs pour Genève, les informations
confirmées n'étaient pas légion.



Dans son édition de samedi, " Le Temps " estimait que la place financière
genevoise pourrait avoir perdu cinq milliards de francs sur la base
de plusieurs sources ayant requis l'anonymat. De son côté, le
journal dominical "Sonntag" spéculait même sur des pertes de 10 à
15 milliards de francs.

Commission fédérale des banques dans le flou

La Commission fédérale des banques (CFB) n'a aucune connaissance
de l'ampleur des répercussions sur la Suisse de ce scandale
financier. Son porte-parole, Alain Bichsel, a toutefois déclaré
samedi que la CFB se saisira assurément de cette affaire si
celle-ci relève de son domaine de surveillance.



agences/jeh

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L'Europe de la finance tremble

Deux mois après avoir pâti des effets de la faillite de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers, les gestionnaires de fortunes en Europe se remettent à trembler face à la fraude gigantesque du gérant de fonds new-yorkais Bernard Madoff.

Selon de premiers décomptes non officiels, les "banques privées", européennes spécialistes en gestion de fortunes et les investisseurs spécialisés dans les placements à risque de type "hedge funds" seraient exposés à hauteur de plusieurs milliards de dollars.

La société d'investissements de ce célèbre courtier de Wall Street attirait "l'aristocratie financière mondiale", soulignait dimanche le journal espagnol El Pais.

La Banque d'Espagne a rapidement décidé d'ouvrir une enquête pour déterminer le degré d'implication des établissements espagnols, affirmait dimanche le quotidien El Mundo.

D'après plusieurs journaux, Optimal, un fonds de Santander, aurait commercialisé pour plus de 3 milliards de dollars de "fonds Madoff".

Santander, numéro un espagnol de la finance et l'une des toutes premières banques européennes, s'est abstenue de tout commentaire dans un premier temps.

Elle s'est résigner dimanche soir à annoncer que les clients de son fonds spéculatif Optimal étaient exposés à hauteur de 2,33 milliards d'euros (3,67 milliards de francs).

Un autre établissement espagnol, le gérant de fortunes M&B Capital Advisor, dirigé par le fils d'Emilio Botin, président de Santander, serait exposé pour plusieurs centaines de millions de dollars.

Si les chiffres sont confirmés, cette fraude aurait en Espagne un impact supérieur à la faillite de la grande banque d'affaires américaine Lehman Brothers, pour laquelle les investisseurs espagnols étaient exposés à hauteur de 1,3 à 2,6 milliards d'euros (de 2,1 à 4,1 milliards de francs).

En Italie, l'autorité boursière nationale, la Consob, a lancé une enquête auprès des banques et des investisseurs pour évaluer l'impact éventuel du scandale sur le système financier italien, a annoncé dimanche l'agence de presse Ansa.

La banque française BNP Paribas a fini par annoncer dimanche dans un communiqué qu'elle pourrait perdre 350 millions d'euros (550 millions de francs) dans l'escroquerie.

A Londres Nicola Horlick, présidente de la société de gestion Bramdean Alternatives, cliente de Bernard Madoff, a dénoncé la "défaillance systémique" des autorités de régulation américaines.

"Il est étonnant que cette fraude manifeste ait perduré (...) probablement depuis des décennies (...).

Les accusations semblent mettre en évidence une défaillance systémique du dispositif de régulation et des marchés financiers aux Etats-Unis", a-t-elle déclaré.