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Auto: les "Big Three" au chômage technique

La crise s'étend à tous les secteurs, à l'image de celui de l'automobile.
Le marché auto aux USA est à son plus bas niveau depuis 35 ans.
Chrysler, le plus petit des constructeurs américains, va fermer toutes ses usines durant un mois, le temps d'écouler les invendus qui s'accumulent. De leur côté, General Motors et Ford annoncent aussi des mesures de chômage technique.

Chrysler, le constructeur d'Auburn Hills (dans le Michigan,
nord), dont le sort est suspendu à une aide financière rapide de
Washington, a annoncé mercredi une prolongation des congés déjà
prévus pour les fêtes de fin d'année.

46'000 employés concernés

"Toutes les capacités de production de Chrysler seront
interrompues après la dernière équipe vendredi 19 décembre. Les
salariés concernés ne retourneront pas travailler avant le lundi 19
janvier 2009", a indiqué le groupe dans un communiqué. Cette
décision concerne 30 sites en Amérique du Nord, qui emploient
environ 46'000 personnes. Les ouvriers concernés par cette mise au
chômage technique percevront une rémunération partielle, selon un
porte-parole.



Le groupe a indiqué avoir fait part un peu plus tôt dans la
journée de cette initiative à ses salariés et au syndicat
automobile américain, l'UAW. Cette initiative survient alors que
Chrysler, tout comme ses pairs General Motors et dans une moindre
mesure Ford, attend le déblocage d'une aide fédérale d'urgence pour
éviter la faillite.

Marché en chute libre

Chrysler a dit être menacé par une crise de liquidités dans les
toutes prochaines semaines. Chrysler, qui appartient au fonds
Cerberus depuis août 2007, se débat dans un marché automobile en
chute libre.



Sa situation est d'autant plus difficile que les modèles qui ont
fait sa force, de type 4x4 et "pick-ups", ne correspondent plus à
la demande: ses ventes aux Etats-Unis ont chuté de 47% en novembre,
après avoir reculé de 35% en octobre et de 33% en septembre.
Chrysler a invoqué mercredi cet effondrement du marché et le
tarissement du crédit à la consommation pour justifier ces
"ajustements significatifs du calendrier de production".



Fin octobre, il avait déjà annoncé la fermeture d'une usine dans
le Delaware (nord-est) et une réduction des effectifs dans une
autre, pour ajuster sa production à la montée des stocks chez ses
concessionnaires.

Plus bas depuis 35 ans

"Les concessionnaires de Chrysler ont confirmé au groupe lors de
récentes réunions qu'ils rencontrent de nombreux acheteurs
potentiels pour des véhicules de marques Chrysler, Jeep et Dodge,
mais qu'ils sont incapables de conclure des ventes en raison d'une
impossibilité de financement", a plaidé Chrysler.



Depuis le début du mois, les annonces comme celles de Chrysler se
sont multipliées, alors que les constructeurs s'efforcent d'adapter
un outil de production calibré pour un marché de 16 à 17 millions
de voitures à des ventes qui devraient être inférieures cette année
à moins de 13 millions.



Le marché se situe actuellement à un plus bas depuis 35 ans, si
l'on prend en compte l'augmentation de la population intervenue
entre-temps. GM va ainsi produit au premier trimestre seulement
350'000 véhicules en Amérique du Nord au premier trimestre, soit
59% de moins que l'an passé.

General Motors et Ford aussi

Le constructeur General Motors a de son côté annoncé la
fermeture momentanée de 20 de ses usines de production dans le Nord
des Etats-Unis, certaines pendant tout le mois de janvier. La
société a aussi reporté la construction de ses deux nouveaux
modèles-phares à Flint, dans le Michigan: Chevrolet Cruze et Chevy
Volt. Par ces mesures, l'entreprise entend adapter la production au
ralentissement de la demande et conserver des liquidités.



Enfin, Ford a annoncé la fermeture de dix de ses chaînes de
montage dans le Nord du pays durant une semaine en janvier. La
compagnie entend prolonger d'une semaine la période normale de
vacances de deux semaines, soit jusqu'au 12 janvier. Tous ses sites
d'assemblage sont concernés sauf deux, Claycomo, dans le Missouri,
près de Kansas City et Dearborn, dans le Michigan. La société
entend, elle aussi, adapter la production à l'effondrement du
marché automobile aux Etats-Unis.



agences/mej

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Aide de 14 milliards avant Noël?

Mercredi soir, le président américain George W. Bush a dit que son administration annoncerait "relativement vite" sa décision sur une telle aide.

"Je réfléchis à tous les aspects, vous savez; il faut que cela soit réglé relativement vite", a dit George W.Bush à Fox News.

Il a redit que deux "principes" guideraient sa décision: empêcher qu'une faillite incontrôlée des constructeurs ne cause "beaucoup de dégâts à l'économie, au-delà de ce à quoi nous assistons en ce moment"; et ne pas dépenser d'argent public "à fonds perdus" en aidant des entreprises qui ne seraient pas capables de revenir à la viabilité et à la compétitivité à long terme.

Selon l'édition électronique du New York Times, la Maison Blanche et le département du Trésor étaient en négociations avancées mercredi soir avec General Motors et Chrysler, et le gouvernement souhaiterait parvenir à un accord avant Noël.

Les discussions, menées par le secrétaire au Trésor Henry Paulson, portent sur les plans de restructuration des deux constructeurs et la possibilité que les autorités libèrent sous forme de crédit relais plus que les 14 milliards de dollars envisagés initialement, écrit le journal, citant des sources au sein des constructeurs et du gouvernement.

Ces crédits auraient désormais pour but de permettre aux deux entreprises de se maintenir à flot jusqu'à la fin du premier trimestre, alors qu'il n'était question jusque-là que des les garder en vie jusqu'à la prise de fonction du président élu Barack Obama, prévue pour le 20 janvier, ajoute l'article.

Les constructeurs General Motors et Chrysler, victimes de la crise économique et de leurs erreurs stratégiques, ne seraient qu'à quelques semaines de ne plus pouvoir honorer leurs créances. Ford, également touché, semble toutefois moins aux abois.

Après l'échec d'un plan de sauvetage qu'elle avait négocié avec le Congrès, l'administration Bush a dit qu'elle ne laisserait pas les constructeurs succomber à une "faillite incontrôlée" qui aurait, selon elle, un effet dévastateur sur une économie déjà mal en point.