La crise au départ dite des "subprime" (prêts hypothécaires à
risque) était née l'année précédente des excès des banques
américaines, qui ont déstabilisé le système financier mondial dans
son ensemble en y éparpillant leurs créances douteuses. Elle a fait
perdre des centaines de milliards de dollars aux établissements
financiers et fait fondre leur valeur.
La plus petite banque d'affaire de Wall Street, Bear Stearns,
fut la première à tomber, en mars. La Réserve fédérale lui évitera
la faillite en offrant des conditions très avantageuses à sa
concurrente JPMorgan Chase pour son rachat. Ce n'était rien par
rapport à un automne meurtrier. La quatrième banque d'affaires
américaine, Lehman Brothers, ne trouvant pas d'issue à ses
problèmes, ni de repreneur, déposait le bilan le 15 septembre.
Blocage du crédit
Ce coup de tonnerre annonçait un ouragan
d'une intensité jamais vue depuis les années 1930, avec un blocage
total des marchés du crédit. Merrill Lynch échappait au même sort
en étant rachetée le même jour par la généraliste Bank of America.
Il ne restait plus que deux banques d'affaires, Goldman Sachs et
Morgan Stanley, et elles abandonnaient ce statut le 21 septembre
pour pouvoir bénéficier des financements de l'Etat.
Pour renflouer un système à la dérive, le Trésor concevait un plan
de sauvetage doté de 700 milliards de dollars, que le Congrès
allait adopter le 3 octobre. L'ancien numéro un mondial de la
finance, l'américain Citigroup, menaçait de s'effondrer sans une
nouvelle intervention des pouvoirs publics le 23 novembre. Quand à
l'assureur AIG, l'Etat américain a du fournir 152 milliards de
dollars pour empêcher sa faillite.
Nombreuses banques avalées
La liste est longue des banques avalées en urgence par des
concurrents: Dresdner Bank par Commerzbank, HBOS par Lloyds TSB,
Alliance & Leicester par Santander... Tout comme aux
Etats-Unis: Countrywide par Bank of America, Wachovia par Wells
Fargo, Washington Mutual par JPMorgan Chase ou encore National City
par PNC.
La liste des faillites aux Etats-Unis cette année (25 à ce jour)
compte la plus grande de l'histoire américaine, Washington Mutual
(188 milliards de dollars de dépôts) le 25 septembre.
afp/cab
Une crise qui s'est étendue
Venue des Etats-Unis, la crise ne s'est pas limitée à ce pays.
En Europe, la britannique Northern Rock, spécialisée dans les prêts immobiliers, avait dû être nationalisée dès février.
La belgo-néerlandaise Fortis, menacée de faillite aussi, était sauvée par les fonds publics le 28 septembre.
Puis la banque britannique Bradford & Bringley le lendemain.
Et enfin la franco-belge Dexia, qui finance les collectivités locales, deux jours plus tard.
Pays au monde le plus dépendant de ses banques, l'Islande a pour sa part dû nationaliser ses trois principaux établissements financiers (Kaupthing, Glitnir et Landsbanki), fin septembre et début octobre, avant de demander un prêt au Fonds monétaire international.
Même chose pour UBS, ex-fleuron du secteur en Suisse, généreusement renfloué par l'Etat, et qui a eu sa réputation durablement ternie par une gestion désastreuse, en plus de divers scandales.
Depuis début 2008, UBS cumule 11,6 milliards de pertes. La débâcle du subprime lui a déjà coûté quelque 50 milliards de francs de dépréciations.
D'autres scandales
A la débâcle du subprime, il faut ajouter en janvier, la perte historique de 4,9 milliards d'euros de la banque française Société Générale, suite aux malversations d'un seul trader, Jérôme Kerviel.
Mais ce record risque de ne pas tenir très longtemps, après l'éclatement d'un nouveau scandale - le scandale de trop, peut-être: la fraude de 50 milliards de dollars du gestionnaire vedette Bernard Madoff.