Modifié

Fortis: les actionnaires refusent le parapluie étatique

Les actionnaires ont rejeté de justesse le plan de sauvetage étatique.
Les actionnaires ont rejeté de justesse le plan de sauvetage étatique.
Les actionnaires de Fortis ont voté mercredi contre le démantèlement du bancassureur par les Etats belge et néerlandais et le français BNP. Ils ont rejeté le plan de sauvetage de ce pilier de la finance du Benelux à l'avenir à nouveau compromis.

Ils ont d'abord dit "non" à la nationalisation des principales
activités aux Pays-Bas par l'Etat néerlandais, une opération de
16,8 milliards d'euros qui avait donné le 3 octobre le coup d'envoi
du démantèlement de Fortis, un des premiers établissements
européens à être touché par la crise financière.

Les actionnaires ont ensuite voté contre la nationalisation à
100% de la filiale bancaire Fortis Banque par l'Etat belge, et donc
de facto contre la revente de 75% de cette banque, la première de
Belgique, à BNP Paribas. Ce dernier vote, obtenu de justesse
puisque le "oui" avait rassemblé 49,74%, a été accueilli par un
tonnerre d'applaudissements.



Plusieurs milliers d'actionnaires, représentant 20,32% du capital,
s'étaient déplacés au parc des expositions de Bruxelles pour cette
assemblée générale. Un petit groupe a hué dès l'ouverture le
président du conseil d'administration, Jan Michiels Hessels, qui
rappelait le caractère "fondamental" du vote.

Un vote sans conséquences immédiates

Depuis Berlin, où il rencontrait la chancelière Angela Merkel,
le Premier ministre belge Herman Van Rompuy a "pris acte de la
décision des actionnaires", et assuré que "les épargnants et le
personnel ne doivent se faire aucun souci".



Le ministère néerlandais des Finances a lui aussi affirmé que le
vote "ne porte pas atteinte à la validité" de l'opération. Les
décisions des actionnaires ne devraient en effet pas avoir de
conséquence immédiate sur les transactions déjà bouclées, à savoir
les nationalisations en Belgique et aux Pays-Bas.



Avant même l'assemblée générale, Fortis avait prévenu qu'en cas de
vote négatif, ces transactions découlant des accords d'octobre "ne
pourraient être dénouées que moyennant l'accord des parties ou par
une décision judiciaire au fond déclarant nulles ces
opérations".



S'ils veulent annuler le démantèlement, les petits actionnaires
risquent de devoir retourner devant les tribunaux.



agences/jeh

Publié Modifié

Un avenir incertain

BNP et les Etats belge et néerlandais pourraient poursuivre la holding Fortis pour obtenir l'exécution forcée des accords d'octobre, ou réclamer des dommages intérêts.

Il n'empêche que la vente à BNP pourrait être remise en cause.

Le directeur général de BNP, Baudouin Prot, avait prévenu avant l'assemblée générale que son groupe "sortira du paysage" si "les choses ne se débloquent pas rapidement".

Et les conséquences politiques de ce "non" restent imprévisibles.

Le dossier Fortis avait déjà fait chuter en décembre le gouvernement d'Yves Leterme qui avait orchestré le sauvetage d'octobre, mais a ensuite été accusé de pressions sur la justice pour qu'elle le valide.