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La vente sur les réseaux sociaux complique la traque aux contrefaçons

Horlogerie: des dizaines de millions de montres suisses sont vendues sur internet
Horlogerie: des dizaines de millions de montres suisses sont vendues sur internet / 19h30 / 2 min. / le 4 mars 2019
L'industrie horlogère suisse produit chaque année 24 millions de pièces. La Chine fabrique quant à elle 30 à 50 millions de contrefaçons de ces mêmes montres suisses. Le préjudice s'élève à un milliard de francs.

Pour les douaniers des aéroports de Genève et Zurich, c'est presque devenu un rituel. Chaque jour avec l'arrivée du courrier, ils découvrent presque systématiquement des montres de contrefaçon.

Fini l'époque des containers avec des milliers de pièces à l'intérieur. Désormais, celui qui veut se procurer une fausse Rolex ou Cartier la commande sur une plateforme de vente via internet ou, fait nouveau, sur les réseaux sociaux. Il suffit de trois clics pour acheter une montre contrefaite sur internet. Cette dernière est ensuite livrée individuellement à la maison.

Ce système d'achat et de vente, qui représente aujourd'hui 85% du trafic, est devenu le cauchemar des horlogers. Le préjudice de ce trafic s'élève à près d'un milliard de francs.

Un robot numérique pour traquer les faux

A Bienne, au sein de la Fédération horlogère, des spécialistes ont mis au point un robot numérique pour traquer les contrefaçons et les fraudeurs, avec un certain succès. Il scanne chaque jour les sites de contrefaçons. Avec plus de 8000 sites identifiés chaque semaine, Yves Brouze, spécialiste au service anti-contrefaçon à la Fédération horlogère, considère que l'opération est un succès.

"Nous retirons plus d'un million d'offres sur les plateformes de vente et de réseaux sociaux par année, donc effectivement, nous sommes assez efficaces", se réjouit Yves Brouze, spécialiste des contrefaçons à la Fédération horlogère, lundi dans le 19h30.

Mais pour Jorge Guerreiro, journaliste et consultant spécialiste du secteur du luxe, la multiplicité de l'offre de contrefaçon et sa singularité rendent le traçage extrêmement difficile: "Il y a plein d'autres réseaux sociaux chinois, Wychat, Weibo ou d'autres, où il est beaucoup plus difficile de commencer. C'est une masse énorme de millions de gens et de millions de contacts, de messages privés qui communiquent par messagerie privée, parfois même cryptée comme c'est le cas de WhatsApp".

Sanctions peu dissuasives

Le jeu du chat et de la souris se complique donc avec la multiplication de l'offre, mais il n'est pas impossible à vaincre, estime Michel Arnoux, responsable du service anti-contrefaçon à la Fédération horlogère.

Avec les douanes, ils arrivent tout de même à saisir de nombreuses montres: "Voilà la récolte des dernières 24 heures: 32 paquets contrôlés ici, à l'aéroport de Zurich, et qui contenaient des contrefaçons", affirme-t-il en montrant le butin.

Ces 32 personnes seront prévenues par courrier de la destruction de la montre. La loi suisse ne prévoit pas d'amende. Mais la Fédération horlogère, qui représente une trentaine de marques, envoie à l'acheteur une lettre d'avertissement l'informant qu'en cas de récidive, une plainte pénale sera déposée.

Selon Michel Arnoux, cinq plaintes pénales ont été déposées l'an dernier. Des amendes de l'ordre de 500 francs peuvent être infligées. Des sanctions qui peuvent s'élever jusqu'à 3000 francs lorsque le caractère professionnel d'un trafic est avéré.

Sujet TV: Thierry Clémence

Réalisation web: Feriel Mestiri

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