Le Produit intérieur brut (PIB) de la première économie européenne a stagné (+0,0%) au quatrième trimestre, après un recul de 0,2% au trimestre précédent, a indiqué l'office fédéral des statistiques Destatis, confirmant sa première estimation de mi-février.
Côté croissance, l'Allemagne a échappé à une récession dite technique, c'est-à-dire deux trimestres d'affilée en recul, et a aligné l'an dernier, malgré l'essoufflement conjoncturel, une neuvième année consécutive de croissance.
Sur 2018, le PIB a progressé de 1,4% sur un an, a confirmé Destatis, tandis que pour 2019, le gouvernement allemand s'attend à une croissance de 1%.
Essoufflement conjoncturel
Interrogée dans Forum, Florence Pisani, directrice de la recherche économique de Candriam, société de gestion d’actifs, estime que le ralentissement de l’économie allemande est "à prendre au sérieux". Cependant, elle juge que cette situation est le fruit d’un certain nombre "d’éléments temporaires qui se sont cumulés à la fin de l’année dernière".
"La hausse du prix de l’essence en début d’année a représenté un prélèvement sur le pouvoir d’achat des ménages et a pesé sur la consommation. Ensuite, une série de chocs, dans le secteur industriel, a joué. Cela a été l’année la plus chaude depuis 1881 et les précipitations ont été très faibles, ce qui a entravé le transport fluvial. Par ailleurs, il y a également eu des problèmes de refroidissement d’un certain nombre d’installations et donc, la production dans le secteur de la chimie a baissé d’à peu près 10%.", ajoute-t-elle.
Normes anti-pollution et environnement mondial
Pour l’économiste française, les changements de normes anti-pollution ont également impacté sérieusement le secteur de l’automobile allemande, très important dans l’économie nationale. Une conjonction de chocs qui a aussi été remarqué dans l’économie internationale : "Il y a un ralentissement en Chine et l’Allemagne est très dépendante de l’environnement mondial. Si l’économie chinoise réaccélère un peu, ça devrait plutôt aider l’économie allemande."
Enfin, la récession est imaginable pour l’experte : "Sur les douze derniers mois, l’Allemagne a un demi-point de croissance. Si on continue à choquer cette économie, on peut imaginer qu’elle bascule".
ats/pw/ther
Taxes américaines sur les voitures: le PIB allemand pourrait reculer de 5 milliards
L’importation de voitures aux Etats-Unis affaiblit l’industrie américaine. C’est la conclusion d’un rapport du ministère américain du commerce remis au Président Donald Trump.
Celui-ci pourrait prochainement promulguer de nouvelles taxes. Il agite la menace d'imposer des tarifs douaniers supplémentaires pouvant atteindre 25% sur les importations de voitures et d'équipements automobiles, un épouvantail pour cette industrie en Europe et notamment en Allemagne.
Les groupes automobiles allemands, dont les géants Volkswagen, Daimler (Mercedes Benz) et BMW, ont exporté en 2017 quelque 494'000 voitures de l'Allemagne vers les Etats-Unis, soit près de 45% des exportations européennes de voitures vers ce pays.
En valeur, les exportations allemandes vers les Etats-Unis représentent plus de 55% du total européen, selon la banque Pictet.
Gabriel Felbermayr, directeur du département d'économie internationale à l'Ifo, estime à 9 milliards d'euros l'effet négatif de telles taxes sur le PIB européen, dont 5 milliards en Allemagne. Et les analystes de Pictet calculent que la croissance européenne pourrait ralentir de 0,2 à 0,3 point.
Les constructeurs allemands pourraient tenter d'atténuer les effets en déplaçant plus de production dans leurs usines américaines, rappelle l'expert automobile allemand Ferdinand Dudenhöffer. Mais certaines marques ne disposent pas d'usines dans le pays, notamment Audi et Porsche.
agences/pw