"Les gouvernements de la zone euro octroieront des garanties
publiques à des opérations de refinancement bancaires", et ce
"jusqu'au 31 décembre 2009", pour faire face à la crise financière,
a annoncé dimanche Nicolas Sarkozy au terme d'un sommet des
dirigeants de l'Eurogroupe à Paris.
Ce dispositif "sera naturellement payant. Il ne s'agit pas de
faire un cadeau aux banques mais de leur permettre de fonctionner",
a expliqué le président français. Il s'agit de "redonner aux
banques les moyens de prêter".
Prêter aux banques
"Les banques ont besoin qu'on leur prête de l'argent" et "pour
que cette confiance soit rétablie, les Etats auront la possibilité
de garantir les prêts que feront ces banques, garantir sous
différentes formes, pour cinq ans", a détaillé le président
français.
"Ces garanties seront rémunérées selon le taux du marché, selon la
qualité ou non du risque de la banque, parce qu'il ne s'agit pas de
privilégier ceux qui ont fait des erreurs par rapport à ceux qui
n'en ont pas fait". Les pays qui le souhaitent "pourront renforcer
le capital des banques en souscrivant à des actions de préférence",
a-t-il ajouté.
L'Eurogroupe a également fait part de son "absolue détermination à
soutenir les banques dont la faillite mettrait en danger la
sécurité du système financier". Face à la crise, "il faut des
mesures concrètes, il faut de l'unité", a souligné le président en
exercice de l'UE. Ces mesures auront "vocation à s'appliquer dans
chacun de nos Etats-membres", mais "c'est bien une action
commune".
Décisions lundi
Nicolas Sarkozy a affirmé que le "temps des décisions" viendrait
lundi concernant le montant global des plans des pays de la zone
euro face à la crise financière. "Demain des décisions de très
grande importance et de très grande ampleur seront prises par la
quasi-totalité des Etats-membres", a affirmé Nicolas Sarkozy,
précisant que toutes ces décisions "seront efficientes avant la fin
de la semaine, y compris dans leur traduction législative".
Paris, Berlin et Rome, notamment, présenteront simultanément lundi
après-midi leurs mesures nationales déclinant les propositions
adoptées par l'Eurogroupe dimanche soir, a annoncé Nicolas Sarkozy,
en précisant que cela prendrait en France la forme d'un conseil des
ministres exceptionnel.
Repenser le système financier
Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Eurogroupe étaient
acculés à prendre des mesures décisives, avant la réouverture des
marchés lundi matin. Les grandes Bourses viennent de connaître la
pire semaine de leur histoire.
Au-delà de ce plan d'action, qui sera soumis mercredi et jeudi à
Bruxelles aux chefs d'Etat et de gouvernement des 27 pays de l'UE,
les Européens veulent convaincre les Etats-Unis d'une refondation
du système financier international. "Après tout ce qui s'est passé,
il me semble que des conséquences et des conclusions très profondes
de changements doivent être engagées", a déclaré Nicolas
Sarkozy.
"Nous ne sommes pas décidés, en Europe, à laisser tout cela
continuer de cette façon. Il y aura des responsables qui devront
assumer leurs responsabilités. Il y aura des remises en cause et
des changements. Pour l'instant, on en est à gérer la crise, à
sortir de la crise et à ramener la confiance", a-t-il ajouté.
agences/sbo
Plans nationaux
Selon le quotidien allemand Handelsblatt, Berlin pourrait accepter de garantir les prêts interbancaires pour plusieurs centaines de milliards d'euros. Un apport direct de capitaux publics aux banques à hauteur maximale de 100 milliards d'euros serait aussi planifié.
Londres va annoncer lundi le détail de son vaste plan de sauvetage bancaire qui pourrait conduire à une prise de contrôle majoritaire de deux des plus grandes banques du pays, RBS et HBOS, selon la presse dominicale. La mesure pourrait entraîner la suspension des échanges à la Bourse de Londres durant toute la journée de lundi, croit savoir le Sunday Times.
La France examinera lundi en Conseil des ministres extraordinaire, un projet de loi visant à garantir par l'Etat le refinancement des banques. Le projet de loi français vise à «donner une garantie de l'Etat à un organisme dont le but sera de lever des fonds pour aider les banques à faire face à leur besoin de refinancement», a déclaré le député UMP Gilles Carrez.
Le gouvernement portugais va apporter une garantie d'Etat pour les «opérations de financement» des banques portugaises à hauteur maximale de 20 milliards d'euros. Cette mesure est destinée à garantir leurs liquidités.
Plan du G7 entériné par le FMI
Le Fonds monétaire international (FMI) s'est dit prêt samedi à aider les pays victimes de la crise financière. Il a entériné les orientations adoptées la veille par les grands argentiers du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie et Japon) au terme d'une semaine calamiteuse sur les marchés boursiers.
"Certains pourraient avoir un problème de liquidités. Le Fonds est là, il a été créé pour cela, et nous sommes prêts à fournir aux différents pays qui le désireraient les liquidités dont ils ont besoin", a expliqué le directeur général du FMI, Dominique Strauss Kahn.
Dans un communiqué, l'instance dirigeante du FMI, qui réunit 185 pays, a elle apporté son soutien au plan d'action en cinq points élaboré vendredi dans la capitale américaine par les ministres des Finances des grands pays industrialisés du G7.
Ce plan a pour ambition de débloquer les marchés monétaires, permettre aux banques de lever des capitaux auprès des secteurs public et privé et déverrouiller le marché du crédit immobilier.