L'UBS évolue dans les chiffres rouges pour la deuxième fois
consécutive en un peu plus de dix ans d'histoire. En 2008, les
sorties nettes de capitaux ont été de 85,8 milliards sur les trois
derniers mois de l'année et ont totalisé 226 milliards sur toute
l'année, démontrant la perte de confiance auprès de ses
clients.
La perte de l'UBS au 4e trimestre s'explique notamment par la
prise en compte de charges extraordinaires pour près de 7 milliards
de francs. L'essentiel (4,2 milliards) est constitué par les frais
liés à la transaction avec la BNS et au placement de l'emprunt à la
Confédération (lire ci-contre). A l'annonce de ces
chiffres, les réactions des partis politiques ne sont pas fait
attendre.
L'UBS affiche la plus grande prudence en ce qui concerne
l'exercice 2009. La banque n'émet aucune prévision mais relève un
début d'année «encourageant» avec des afflux nets d'argent frais
dans la gestion de fortune et d'actif en janvier.
Suppression d'emplois, la Suisse touchée
L'UBS va supprimer 2000 emplois supplémentaires dans sa banque
d'affaires. La division à l'origine de sa débâcle sera réduite à un
effectif de 15'000 personnes, contre près de 22'000 à fin 2007,
a indiqué la grande banque mardi.
Les 2000 emplois rayés dans la banque d'affaires s'ajoutent aux
9000 suppressions annoncées depuis le début de la crise en octobre
2007.
De plus, l'UBS supprimera également des emplois en Suisse. Le
patron de la grande banque Marcel Rohner a dit à des journalistes
en marge de la conférence de presse qu'entre 600 et 800 emplois
seraient supprimés en Suisse d'ici la fin de l'année. Ces
suppressions d'emplois n'interviendront pas seulement dans le
secteur de la banque d'investissement, mais dans tous les domaines
d'activités, a ajouté Marcel Rohner. A fin 2008, l'UBS occupait
quelque 26'400 personnes en Suisse.
L'effectif total de l'UBS a été ramené à 77'783 personnes en
décembre 2008 contre 83'560 un an plus tôt, une baisse de 7% sur un
an. La Société suisse des employés de commerce (SEC Suisse) craint
des réductions d'effectifs supplémentaires au sein de la banque
suisse, dans d'autres secteurs que la banque d'affaires. Le nombre
d'emplois touchés en Suisse n'est pas connu. La SEC Suisse espère
qu'il se chiffrera en centaines, mais il pourrait se chiffrer en
milliers au pire des cas.
Plus de 2 milliards de bonus
L'UBS versera à ses employés des bonus
pour un total de 2,2 milliards de francs au titre de 2008. Sur ce
montant, le numéro un bancaire suisse en grande difficulté ne
pourra octroyer librement que 1,2 milliard, le reste étant dû
contractuellement. Ces rémunérations libres sont en majorité
destinées aux collaborateurs des niveaux hiérarchiques inférieurs
et moyens.
Si l'Autorité de surveillance des marchés financiers (FINMA) autorise l'UBS à conserver
ses programmes de rémunération en actions et options, ceux-ci ne
pourront pas dépasser 700 millions de francs et ne devront
concerner que des «personnes clés sélectionnées». Elles ne pourront
en bénéficier qu'à condition de ne pas quitter l'établissement au
cours des prochaines années.
Pour mémoire, tant les administrateurs de l'UBS que les membres de
sa direction générale ne toucheront pas de bonus en 2008. Selon des
chiffres de l'UBS, le total des bonus garantis et de ceux librement
attribuables a plongé de 78% par rapport aux 9,9 milliards de
francs octroyés en 2007, exercice qui s'est soldé sur une perte de
5,2 milliards de francs.
L'an passé, le numéro un bancaire suisse a réduit ses charges de
personnel de 36% à 16,26 milliards de francs.
Deux nouvelles entités
L'UBS crée deux nouvelles divisions dans le but de «mieux
répondre au nouvel environnement de marché et à l'évolution du
secteur».
La première des deux divisions reflète en gros les activités de
gestion de fortune non américaines et de banque de détail (privés
et entreprises) en Suisse. Cette évolution marque bien la volonté
de l'UBS de redonner toute son importance à ses «activités-clé» en
Suisse.
L'autre nouvelle division vise à offrir des services «onshore»,
soit dans les pays de résidence des clients, et, outre les
Etats-Unis, s'intéressera aux marchés canadien et
sud-américain.
ats/sbo
Actifs toxiques rachetés par la BNS
La Banque nationale suisse (BNS) réduit ses risques dans le cadre de la reprise d'actifs illiquides de l'UBS. L'institut d'émission reprendra 39,1 milliards de dollars (45,9 milliards de francs) d'instruments toxiques, contre un maximum de 60 milliards initialement prévu.
La Banque nationale et l'UBS ont convenu de ne pas transférer certaines catégories d'actifs. Il s'agit d'instruments adossés à des prêts aux étudiants et de titres garantis par des rehausseurs de crédit (assureurs 'monoline'), précise mardi la BNS.
Le portefeuille destiné à reprendre les actifs toxiques de l'UBS avait été délibérément calculé sur une large base. La BNS motive l'opération à la faveur de changements dans les règles comptables de l'UBS, qui ne rendent plus nécessaire le transfert de certains actifs.
La réduction de ce transfert abaisse considérablement le risque maximal incombant à la BNS, ce dernier passant désormais à 35 milliards de dollars environ. Conformément à l'accord intervenu le 16 octobre avec l'UBS, le numéro un bancaire suisse finance le montant à transférer à hauteur de 10%.
Pour mémoire, la BNS et le Conseil fédéral avaient alors volé au secours du numéro un bancaire helvétique embourbé dans la crise du crédit. Ils avaient décidé de créer un fonds de stabilisation en vue de réaliser les actifs toxiques de l'UBS pour un montant maximal de 60 milliards de dollars.
L'action UBS très volatile
Le titre UBS restait très volatile mardi à la Bourse suisse, après la publication des pertes de la banque en 2008. Après avoir entamé la séance sur un fort rebond, l'action s'est repliée pour repartir en vive hausse en fin de matinée.
Durant la journée, l'action UBS a joué au yoyo, passant plusieurs fois dans le
rouge.
A la clôture, elle affichait un gain de 5,7% à 13,63 francs, meilleure performance du jour d'un indice SMI des valeurs vedettes qui a cédé 0,3%.