Les premiers partis politiques à avoir réagi aux résultats exécrables enregistrés en 2008 par l'UBS ne sont pas tendres.
Le PS ne mâche pas ses mots
Pour le Parti socialiste , l'établissement n'a pas tiré les
leçons du désastre. La politique de bonus de l'UBS reste aussi en
travers de la gorge du PS. Le parti critique sa stratégie
d'entreprise, en particulier son intention de poursuivre ses
activités offshore.
Les socialistes exigent une nouvelle fois que le Conseil fédéral
intervienne. On ne peut pas admettre que l'UBS, grâce à la
subvention de l'Etat, gère l'argent du contribuable selon son bon
plaisir, écrit le parti dans un communiqué.
Le PS exige la suspension du versement des bonus et que l'UBS se
distancie des secteurs douteux. L'accord passé entre
l'établissement et la BNS doit être corrigé. Le parti craint en
effet que seuls les actifs définitivement toxiques restent à la
charge de la BNS.
Les Verts s'en prennent à la FINMA
De leur côté, les Verts exigent que l'Etat pose des règles
claires à l'UBS. Le chef de l'Autorité de surveillance des marchés
financiers (FINMA) est aussi dans leur collimateur: ils réclament
le départ immédiat d'Eugen Haltiner.
"Eugen Haltiner ne représente pas l'Etat, mais les intérêts de
l'UBS", a dénoncé le parti dans un communiqué. La FINMA a besoin en
outre de davantage de personnel et son indépendance doit être
renforcée.
Les Verts ne digèrent pas non plus que la grande banque continue
de verser des bonus malgré ses presque 20 milliards de pertes.
"C'est une provocation". La gestion de la crise par le Conseil
fédéral est aussi critiquée. Le parti veut davantage de
transparence.
Libéraux-radicaux plutôt satisfaits
Les résultats publiés mardi par l'UBS sont
le premier signe d'un changement de culture dans leur politique
salariale, se félicitent pour leur part les Libéraux-Radicaux. Le
parti juge aussi positif le transfert d'un moindre volume d'actifs
toxiques à la BNS. "Le risque pour l'Etat et les citoyens sera
ainsi fortement réduit", a indiqué le secrétaire général du PLR
Stefan Brupbacher.
Il a également salué les réductions dans la masse salariale
globale et dans la part de rémunérations variables. En comparaison
internationale, l'UBS a clairement entrepris les baisses les plus
drastiques jusqu'ici. Le PLR comprend néanmoins la colère de la
population à l'égard des erreurs de l'UBS et de sa pratique de
bonus.
"Les partis ne doivent cependant pas attiser les émotions, mais
défendre les intérêts du contribuable". Ce qui veut dire que
l'argent avancé par la Confédération doit lui être remboursé
rapidement et intégralement, selon Stefan Brupbacher.
L'UDC contre tous les bonus
Du côté de l'UDC, les choses sont claires: une société ne doit
pas verser de bonus quand elle essuie des pertes. Le parti exige
que la structure salariale du top management de l'UBS soit calquée
sur celle des ex-régies fédérales comme la Poste et les CFF, ou de
la Banque nationale.
Vu les mesures de stabilisation adoptées, la Confédération a de
facto accordé une garantie d'Etat aux grandes banques, écrit l'UDC
dans un communiqué. Leurs structures doivent donc être adaptées en
conséquence.
Le fait que l'UBS transférera moins d'actifs toxiques que prévu à
la BNS, réduisant du même coup le risque supporté par cette
dernière, ne change rien, car l'Etat reste fortement engagé, a
précisé le porte-parole du parti Alain Hauert. Les démocrates du
centre réclament en outre que la Confédération soit représentée au
sein du conseil d'administration si elle prend une participation
dans l'UBS.
Lueurs d'espoir pour le PDC
Enfin, même si la situation reste difficile, le PDC perçoit
"certains signaux positifs" après la publication des résultats de
l'UBS. La baisse de la masse salariale représente "un effort
considérable", selon son président Christophe Darbellay.
Les démocrates-chrétiens ont toujours beaucoup de mal à accepter
le versement de bonus allant au-delà des règles contractuelles et
comprennent la réaction de la population. Reste que le top
management a effectivement renoncé à ces rémunérations pour 2008 et
que la part variable du salaire convenu par contrat doit être
honorée, a relevé le Valaisan.
L'engagement moindre de la BNS dans les actifs toxiques est
également "une bonne nouvelle pour la Confédération et le
contribuable". Autres lueurs d'espoir à ses yeux: les
réaménagements des différents secteurs et la fin de l'hémorragie
des capitaux.
agences/cer/jeh
Peter Kurer se défend
L'UBS a limité "toutes les composantes variables des salaires à un maximum de 125'000 francs" par personne, a affirmé mardi soir le président de son conseil d'administration Peter Kurer, lors de l'émission "Tagesschau" de la télévision alémanique.
"Nous avons très fortement réduit (les salaires)", a indiqué Peter Kurer.
"Nous avons réduit les composantes variables (contractuelles) des salaires de 80%. Et pour les composantes variables sur lesquelles le management dispose d'une certaine marge d'appréciation, la réduction atteint même 90%", a-t-il encore relevé.
Pour ce qui concerne son avenir à la présidence de la banque, Peter Kurer a dit qu'il a "pris cette fonction par responsabilité. Il ne s'agissait pas d'un plan de carrière. Et je n'esquive pas maintenant (ces responsabilités). Si les gens continuent à me vouloir, je resterai".
H.-R. Merz pour des bonus aux moins bien lotis
La FINMA a avalisé une solution acceptable dans le cadre de ses compétences, a pour sa part estimé Hans-Rudolph Merz devant la presse, tout en précisant ne pas avoir encore eu connaissance des détails de la solution rendue officiellement publique mardi
Et de souligner son impatience d'en connaître davantage sur l'argumentation utilisée. Pour le grand argentier, il s'agissait de trouver une solution basée sur la "best practice" et les standards internationaux.
L'UBS ne devait pas se trouver en situation de déficit concurrentiel, ceci dans l'intérêt de ses employés, des actionnaires et de l'Etat.
Pour le reste, le président de la Confédération a rappelé que le Conseil fédéral partageait l'énervement de la population concernant les bonus.
La politique menée par la banque mais aussi par d'autres a conduit en grande partie à la crise financière et économique.
Hans-Rudolf Merz a tenu à souligner la différence entre les bonus versés à la direction et au conseil d'administration de la banque et ceux versés aux employés aux revenus moyens et faibles.
Ces derniers comptent sur cette partie variable de leur salaire.
Et d'ajouter que des entretiens avec des membres de la banque, du Département fédéral des finances (DFF) et un représentant de la Banque nationale suisse auront lieu dès la fin de cette semaine.