Robert Allen Stanford a vu ses actifs gelés, ainsi que ceux de
trois de ses sociétés. L'une d'elles, la Stanford international
bank, basée à Antigua, aux Antilles, aurait vendu, selon le
gendarme américain de la Bourse (SEC), pour huit milliards de
dollars de certificats de dépôts, en promettant aux investisseurs
des rendements particulièrement élevés, qui aurait permis à
l'établissement depuis quinze ans d'enregistrer des retours sur
investissement à deux chiffres.
La SEC n'évoque pas directement de "schéma de Ponzi", ce système
de fraude pyramidale permettant de payer les premiers investisseurs
grâce aux apports des investisseurs les plus récents, mais
l'affaire rappelle toutes les affaires de "mini-Madoff" révélées
depuis l'arrestation en décembre de Bernard Madoff.
Alerte début février
Ce dernier est accusé d'une fraude pyramidale portant sur 50
milliards de dollars. Début février, un financier qui avait alerté
les autorités sur le cas Madoff dès 2000, Harry Markopolos, avait
révélé lors d'une audition à la Chambre des représentants qu'il
avait connaissance d'une autre fraude se chiffrant au moins à un
milliard de dollars, sans citer de nom.
Contacté par l'AFP, un porte-parole du Stanford financial group,
la maison mère des sociétés de Robert Allen Stanford, s'est refusé
à tout commentaire. Une porte-parole de la SEC à Fort-Worth (Texas,
sud), a indiqué de son côté qu'un juge fédéral de Dallas (Texas)
avait placé mardi l'établissement sous la tutelle d'un
avocat.
La SEC avait obtenu dès lundi du juge Reed O'Connor diverses
mesures contraignantes contre Robert Allen Stanford, la SIB et deux
sociétés de conseil en investissement à son nom, Stanford Group
Company et Stanford Capital Management. Le juge O'Connor a
également ordonné le rapatriement aux Etats-Unis des fonds gelés,
pour assurer la compétence de la justice américaine dans cette
affaire.
Fonds pas récupérés
Le Wall Street Journal s'était
fait l'écho ces derniers jours des démarches à Antigua de plusieurs
clients de la SIB pour récupérer leurs fonds, sans succès: ils se
heurtaient à des employés leur indiquant qu'il faudrait attendre
plusieurs jours pour effectuer les procédures nécessaires. La SIB
revendiquait en juin 8 milliards de dollars d'actifs, contre
seulement un milliard en juillet 2001, ainsi qu'une clientèle et
une gamme de produits financiers "très exclusives".
Sa maison-mère Stanford Financial Group revendique des clients
dans 140 pays, et des actifs sous gestion s'élevant à 50 milliards
de dollars. La SIB avait annoncé, "faussement" selon la SEC,
qu'elle n'était exposée "ni directement ni indirectement" à la
fraude de Bernard Madoff, afin de calmer l'inquiétude de ses
investisseurs.
Récemment anobli
Robert Allen Stanford, la moustache avenante sur la photo
publiée sur le site internet du Stanford Financial Group, se fait
appeler "Sir Allen", à la suite de son anoblissement en 2006 par
l'Etat d'Antigua et Barbuda, dont il a acquis la nationalité.
Il est le petit-fils du fondateur de la première "Stanford
Company", fondée en 1932 au Texas, et réside aux Iles vierges
américaines, selon sa biographie officielle, où il reprend à son
compte la philosophie de son grand père Lodis: "travail dur, vision
claire, et valeur pour les clients".
afp/mej
Affaire Madoff: alliance d'avocats
Des cabinets d'avocats suisses ont adhéré mardi à Madrid à l'"Alliance globale d'avocats" lancée par le cabinet espagnol Cremades&Calvo-Sotelo. L'initiative a pour but de présenter des plaintes collectives au nom des victimes du monde entier de la fraude de Bernard Madoff.
Pour les cabinets d'avocats du monde entier, le plus grand scandale financier de l'histoire pourrait signifier le plus important cas juridique jamais traité. En effet, 300 cabinets et plus de 45'000 avocats sont en train de travailler sur cette affaire.
Mais dans cet imbroglio juridique, les conflits d'intérêts pourraient poser problème, comme en témoigne une des victimes du fonds Optimal qu'une banque suisse lui avait recommandé: "En Espagne, les quatre plus grands cabinets d'avocats s'occupent déjà de la défense des intérêts des banques impliquées dans le scandale, ce qui empêchent les particuliers de faire appel à leur service, du fait d'un logique conflit d'intérêts".
Daniel Fischer, avocat suisse en droit des affaires, pense lui que cette alliance, qui regroupe 34 cabinets de plus de 21 pays, permettra de "former un contrepoids" face aux responsables. "Un cas juridique mondial ne peut-être traité que globalement", déclare-t-il.
Les avocats des victimes suisses espèrent que la proposition de remboursement des victimes du fonds Optimal par la banque espagnole Santander fera école auprès des banques suisses. "L'UBS n'a présenté aucune offre et se limite à faire l'autruche", déclare Sophie Scemla, avocate du cabinet français Orrick, qui défend les intérêts de particuliers et sociétés suisses qui ont investit dans le fonds luxembourgeois Lux Alfa.
"C'est aberrant car la responsabilité de l'UBS est claire. L'UBS a touché 85 millions de dollars de commissions issues de cette SICAV entre 2004 et 2008", se lamente Sophie Scemla. Selon le président du cabinet, Javier Cremades, "plus de 3 millions de personnes dans le monde sont directement ou indirectement affectées" et des millions d'investisseurs suisses seraient touchés par cette escroquerie estimée "à bien plus de 50 milliards de dollars, soit le PIB de 105 pays".
Mais selon les avocats, on ne connaît pas le nombre de victimes exactes. Javier Cremades, le président du cabinet madrilène, pense même que cette somme pourrait être même supérieure aux estimations.