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Des plans de relance timorés, selon le Prix Nobel

Joseph Stiglitz a reçu le Prix Nobel d'économie en 2001.
Joseph Stiglitz a reçu le Prix Nobel d'économie en 2001.
Le Prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz a plaidé mercredi à Genève pour des programmes de relance économique plus importants dans les pays industrialisés. L'économiste a également demandé une aide financière pour les pays en développement.

Lors d'une conférence de presse au siège de l'Union
interparlementaire, Joseph Stiglitz a affirmé que le plan de
relance américain était insuffisant pour lutter contre la crise aux
Etats-Unis. "C'est mieux que rien, mais cela ne va pas réellement
au coeur du problème", a déclaré le Prix Nobel.



Selon l'économiste, les "cadeaux fiscaux" faits aux Américains
dans le cadre du plan de relance de 780 milliards de dollars
risquent d'alimenter l'épargne plutôt que la consommation.
Simultanément, les Etats fédéraux (le tiers des dépenses publiques
aux Etats-Unis) économisent pour réduire leur déficit, ce qui a une
influence négative, a-t-il ajouté.



Selon Joseph Stiglitz, la crise immobilière va se prolonger aux
Etats-Unis, car les 4,4 millions de personnes qui ont perdu leur
emploi depuis le début de la crise ne peuvent plus payer leur
maison. L'accroissement du déficit budgétaire représente en outre
une source d'inquiétude, car il compromet les dépenses publiques
futures.

Aide aux pays en développement

Pour l'économiste, il est par ailleurs urgent que les pays
riches débloquent des ressources pour freiner la crise dans les
pays en développement, dont les exportations reculent fortement.
Les 500 millions de dollars promis jusqu'ici, dont 250 millions par
l'Union européenne et 100 millions par le Japon, sont largement
insuffisants.



Joseph Stiglitz a expliqué que les capacités budgétaires des pays
en développement sont beaucoup plus limitées que celles des pays
riches. Il est dans l'intérêt des pays industrialisés de mettre des
fonds à disposition pour éviter que la demande ne s'effondre sur
ces marchés, a souligné le Prix Nobel.



Les réformes envisagées par le Fonds monétaire international vont
dans la bonne direction, mais sont trop lentes, a encore affirmé
Joseph Stiglitz. Le FMI ne doit pas poser de conditions à son aide.
La lutte contre les paradis fiscaux, non seulement offshore, mais
sur les principales places financières, doit également contribuer à
trouver de nouvelles ressources. "Il est crucial que ces fonds
soient rapatriés vers les pays en développement qui en ont besoin",
a-t-il dit.

Bretten Woods II

Il faut une réforme globale de la réglementation pour combattre
l'évasion fiscale, sinon elle ne fera que se déplacer d'un centre à
l'autre, a souligné le Prix Nobel.



"C'est le bon moment pour un Bretton Woods II. Nous avons besoin
d'un plus grand nombre d'institutions économiques internationales",
a conclu Joseph Stiglitz, en s'inscrivant en faux contre ceux qui
préconisent seulement "des réformes cosmétiques".



"Les problèmes ne sont pas mineurs, mais profonds, fondamentaux.
S'ils ne sont pas traités, il sera difficile de retrouver la voie
d'une croissance mondiale stable", a averti le Prix Nobel en
rappelant qu'il s'agit de la première récession mondiale depuis
1945.



ats/boi

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Commission de l'ONU

Joseph Stiglitz préside une commission chargée par l'ONU d'étudier la réforme du système financier international, parallèlement aux efforts du G20.

La commission va notamment recommander une aide financière beaucoup plus importante aux pays en développement pour les aider à combattre les conséquences de la crise.

Prix Nobel en 2001

Joseph Stiglitz est un économiste américain né le 9 février 1943.

Il a reçu le Prix Nobel d'économie en 2001 pour ses recherches en économie de l'information.

Stiglitz est un des fondateurs et un des représentants les plus connus du "nouveau keynésianisme". Il s'intéresse aussi beaucoup à l'économie du développement.

Il a acquis sa notoriété populaire avec ses violentes critiques envers le FMI et la Banque mondiale, émises peu après son départ de la Banque mondiale en 2000, alors qu'il y était économiste en chef.