Tous les 737 MAX sont désormais cloués au sol. Un appareil d'Air Canada qui assurait la liaison de San Francisco à Halifax a été le dernier à se poser tard dans la soirée de mercredi, selon le site FlightRadar24. Ce grounding survient après la chute d'un Boeing 737 MAX 8 de la compagnie Ethiopian Airlines au sud-est d'Addis-Abeba peu après le décollage, une catastrophe dans laquelle sont morts les 157 passagers et membres d'équipage.
Les compagnies aériennes vont-elles désormais renoncer à acheter des Boeing? C'est ce que suggère une source à l'Elysée. Elle annonce que l'Ethiopie discute avec Airbus d'une éventuelle nouvelle commande dans le cadre du renouvellement de la flotte d'Ethiopian Airlines.
Pas d'impact
Il ne devrait pas y avoir d'effet à long terme sur le marché, selon Matthieu Lemasson, associé chez PWC en charge du secteur aéronautique. "Il y a eu un précédent dans l'histoire", explique-t-il dans l'émission Forum, "le cas du 787 Dreamliner de Boeing qui a été cloué au sol pendant 123 jours. On avait dit à l'époque que le programme Dreamliner était mort-né. Au final, il a été un succès commercial et il n'y a pas eu d'effets sur les commandes d'Airbus ou il a été très marginal."
En effet, dans l'aéronautique, il s'écoule entre 9 et 10 ans entre une commande et la réception de l'avion. Sur les marchés financiers, le cours de l'action Boeing a décroché, mais pour l'instant le marché ne s'affole pas.
"Le scénario du pire pour Boeing, c'est de ne pas arriver très rapidement à identifier la ou les causes du crash. Ou d'arriver avec des réponses techniques d'un niveau de complexité important." Il faudra alors impliquer plusieurs partenaires du constructeur pour trouver des solutions. Et cela a un coût.
agences/pw
La Chine au tournant
La Chine a joué un rôle central dans cette crise. Pékin a en premier décidé de clouer au sol les 737 MAX, rapidement suivi par le reste du monde, puis les Etats-Unis en dernier.
Cette réaction rapide donne "une indication sur le rôle de plus en plus important que la Chine va jouer dans le secteur de l'aviation commerciale et sa capacité à exercer une influence", estime John Strickland, directeur du cabinet londonien JLS Consulting, spécialisé dans l'aérien.
La Chine a en effet de grandes ambitions avec son propre Comac C919 pour concurrencer les moyen-courriers de Boeing et Airbus.
Elle voudra sans doute avoir son mot à dire une fois que la FAA (Federal Aviation Administration) aura autorisé la reprise des vols du 737 MAX, peut-être valider les correctifs apportés à l'appareil avant de le laisser reprendre les airs dans son espace aérien, un scénario cauchemar pour Boeing.