Edipresse était un client important de Publicitas. Sur l'arc
lémanique, les sites lausannois et genevois travaillaient à 85-90 %
pour le groupe lausannois: «Nous étions pratiquement une unité
dédiée à Edipresse», a expliqué lundi Patrick Cuénoud, directeur de
Publicitas pour la Suisse romande.
Dès le 1er janvier 2010, l'éditeur lausannois va étendre les
activités de sa régie maison, Edipub, qui s'occupe pour l'heure
uniquement de ses magazines. Elle passera d'une vingtaine à une
centaine de collaborateurs pour un chiffre d'affaires annuel entre
180 et 200 millions. Il avoisine actuellement les 30 millions.
Perte importante
La perte pour Publicitas est importante, même si elle ne peut
être chiffrée précisément. La société, une entité de Publigroupe,
était jusqu'ici la régie exclusive du premier éditeur romand. Dès
2010, «entre 150 et 200 millions de chiffre d'affaires ne passera
plus forcément par Publicitas», a calculé Théo Bouchat, directeur
d'Edipresse Suisse.
Mais tout contact avec Publicitas n'est pas coupé, selon le
communiqué commun des deux
entreprises. La collaboration prendra la forme d'une
commercialisation des titres d'Edipresse (Le Matin, Tribune de
Genève et 24 Heures notamment) sur une base non exclusive. «Je
n'exclus pas qu'ils apportent à l'avenir la moitié du chiffre
d'affaires», selon Théo Bouchat.
Emplois biffés
Cette décision, prise après 18 mois de tractations, oblige
Publicitas à se restructurer sur l'arc lémanique. Ses sites de
Lausanne et de Genève emploient actuellement 140 personnes. Cette
unité ne comptera plus qu'une quarantaine de collaborateurs en
2010, mais toujours sur les deux sites, a indiqué Patrick
Cuénoud.
Ces postes biffés s'ajoutent aux 250 suppressions d'emplois, dont
50 licenciements, annoncés en novembre chez Publigroupe. Patrick
Cuénoud est persuadé qu'une bonne partie des ex-employés de
Publicitas retrouveront un emploi chez Edipresse. «Nous avons
conclu un gentleman's agreement pour faciliter ce transfert».
ats/jeh/sbo
Des économies en période de crise
En faisant de l'auto-régie, Edipresse espère dégager des économies. «Mais nous ne le faisons pas que pour l'argent. Il y a aussi des raisons stratégiques. Le marché souhaite avoir des contacts plus directs avec les éditeurs», a ajouté Théo Bouchat. L'alémanique Ringier, par exemple, pratique déjà l'auto-régie.
Chez Publicitas, on doute que les économies puissent être importantes. «En cette période de déflation publicitaire, les charges fixes vont désormais se retrouver chez eux», a glissé Patrick Cuénoud.
La chute des rentrées publicitaires se poursuit en 2009. C'est du «jamais vu» dans la branche, selon Patrick Cuénoud. «La publicité commerciale, mais aussi les offres d'emploi sont en chute libre.
En janvier-février, le recul cumulé de la publicité s'élève à 25 à 30%», a-t-il ajouté.