Le département du Trésor et la Réserve fédérale (Fed) ont
annoncé une restructuration de l'aide consentie jusque-là à AIG,
société que l'Etat américain avait jugé trop grosse pour faire
faillite sans affecter l'ensemble du système financier. Aux termes
de ce nouveau programme, l'Etat va acheter pour 40 milliards de
dollars d'actions prioritaires de l'assureur.
Cette transaction se fera dans le cadre de la loi de
stabilisation économique d'urgence promulguée début octobre, mais
est indépendante du plan par lequel l'Etat prévoit d'injecter 25O
milliards de dollars dans le capital des banques en échange d'une
prise de participation minoritaire, a indiqué un responsable du
Trésor.
Les actions de l'Etat recevront un dividende de 10% et l'aide du
Trésor s'accompagnera de restrictions particulièrement "strictes" à
la rémunération des dirigeants d'AIG (au coeur d'un scandale
récent), passant notamment par le gel de tous les bonus, a ajouté
ce responsable.
Nouvelles mesures
La Fed, qui avait prêté initialement 85 milliards de dollars à
AIG, va réduire ce prêt à 60 milliards de dollars. Le taux
d'intérêt de celui-ci sera réduit et passera à un taux supérieur de
3,0 points au Libor (taux interbancaire offert à Londres) à trois
mois (contre Libor + 8,5 points précédemment).
La banque centrale va par ailleurs créer deux nouvelles facilités.
L'une permettra de racheter à l'assureur des contrats contre le
risque de crédit (CDS) à hauteur de 30 milliards de dollars, et
l'autre assurera le rachat de titres de dettes de l'entreprise
jusqu'à concurrence de 22,5 milliards de dollars.
La Fed avait accordé en septembre à AIG un prêt de 85 milliards de
dollars à des conditions très élevées pour lui éviter la faillite,
et lui avait accordé début octobre une rallonge de 37,8 milliards
de dollars. En échange, AIG devait s'engager dans un programme de
cession d'actifs.
AIG et la Fed satisfaites
"Ces nouvelles mesures établissent une structure de capital plus
durable en résolvant les problèmes de liquidités [de l'assureur],
en facilitant la tâche d'AIG dans son plan de vente de certaines de
ses activités de manière méthodique, en assurant la stabilité du
marché et en protégeant les intérêts du gouvernement et des
contribuables américains", écrit la Fed dans un communiqué.
"La solution innovante" annoncée par les autorités "va améliorer
la situation d'AIG en ce qui concerne les liquidités", écrit Edward
Liddy, le PDG de l'assureur, dans un communiqué, affirmant que "les
contribuables américains seront équitablement compensés pour les
fonds" mobilisés au secours de son entreprise.
La Fed note de son côté que le gouvernement américain entend
cesser "avec le temps son soutien à AIG", mais sans précipitation
et de manière à maximiser la valeur de son investissement.
afp/dk
Perte colossale pour AIG
La restructuration de cette l'aide fait passer le total des fonds mobilisés par l'Etat pour sauver AIG à 152,5 milliards de dollars. L'assureur en a rudement besoin: il a annoncé lundi une perte trimestrielle de 24,47 milliards de dollars au troisième trimestre.
"Les résultats du troisième trimestre reflètent un extrême bouleversement et une extrême volatilité sur les marchés financiers et des charges importantes liées à la restructuration de nos activités", a déclaré Edward Liddy, le PDG du groupe, cité dans un communiqué.
La perte nette trimestrielle de 24,47 milliards de dollars représente une perte de 9,05 dollars par action. La perte ajustée atteint 3,42 dollars par action, alors que les analystes tablaient sur une perte de seulement 90 cents.
Gigantesque perte pour Fannie Mae
Le groupe américain Fannie Mae, l'un des deux piliers du refinancement hypothécaire du pays, placé sous tutelle de l'Etat en septembre, a de son côté fait état lundi d'une perte colossale de près de 29 milliards de dollars au 3e trimestre, due pour l'essentiel à des éléments exceptionnels.
Au cours du trimestre, Fannie Mae a accusé une perte nette de 28,9 milliards de dollars, contre une perte nette de 1,4 milliard de dollars un an auparavant. Rapportée par action, la perte nette représente 13 dollars, contre 1,56 dollar au 3e trimestre 2007.
Le groupe, qui a été renfloué par les pouvoir publics, a passé une provision de 21,4 milliards dans ses comptes pour raison fiscale, a-t-il expliqué dans un document remis au régulateur boursier américain (SEC).
Les résultats de Fannie Mae, mis à mal par la dégradation des marchés financiers et de l'immobilier, ont également été plombés par des pertes de valeur dans les produits et les investissements du groupe.