Alors que le directeur général du groupe Tibère Adler
s'indignait encore récemment que l'on demande si Edipresse songeait
à vendre ses activités suisses, «l'impensable» s'est produit.
Edipresse Suisse se fait racheter
par le groupe zurichois Tamedia, son concurrent dans la presse
gratuite. Le groupe vaudois avait pourtant multiplié les stratégies
pour ne pas perdre d'influence. En vain.
Edipresse mis à mal
Connu en Suisse pour ses titres phares comme 24 heures, La
Tribune de Genève, Le Matin ou Le Temps (en collaboration avec
Ringier), Edipresse se présente comme un groupe de presse
international ayant son siège à Lausanne. Il emploie quelque 3000
collaborateurs, dont plus de la moitié à l'étranger. Le groupe
vaudois édite plus de 200 magazines, quotidiens et sites Internet
en Europe et en Asie.
Les stratégies de diversification, dont Internet ou la presse
gratuite avec Le Matin bleu lancé en réaction à l'arrivée de 20
minutes de Tamedia, devaient assurer le développement du groupe.
Mais la crise économique a frappé très fort et le groupe vaudois a
été l'un des premiers à licencier au sein de ses rédactions comme
dans d'autres services.
Fin août, l'éditeur lausannois a supprimé 50 postes en invoquant
le fort recul du marché publicitaire. Il disait vouloir réduire ses
coûts de 20 millions de francs en deux ans (2009-2010). D'autres
suppressions de postes ont suivi.
Expansion à l'étranger
En avril 2008, Edipresse disait s'attendre à une année «plutôt
plate» après des chiffres 2007 «satisfaisants». Le groupe affichait
alors un résultat net en progression de 7,3% à 32,3 millions de
francs en 2007, alors que les revenus avaient baissé de 8,1% à
814,6 millions par rapport à l'exercice précédent. Ce recul était
imputable à des désinvestissements (imprimerie IRL et
restructuration en Espagne).
Coincé sur le marché suisse romand, «un petit bocal», selon Tibère
Adler, le groupe vaudois est allé chercher ces dernières années à
l'étranger de nouveaux territoires à conquérir. Edipresse admettait
toutefois que l'Espagne avait coûté des millions de francs après
avoir été présentée comme un eldorado.
L'Europe de l'Est semblait en revanche toujours prometteuse,
Pologne, Russie ou Ukraine notamment. L'autre espoir de
développement venait d'Asie qui enregistrait alors une progression
de 15%.
ats/sbo
Tamedia à la conquête de la Suisse
Le dernier grand rachat en date de Tamedia a été celui du bernois Espace Media Groupe en 2007. Le groupe zurichois avait déboursé quelque 300 millions de francs pour acquérir 80% du capital d'Espace Media, qui possède notamment les quotidiens Berner Zeitung et Der Bund. La Commission de la concurrence (ComCo) avait donné son feu vert en août 2007.
Cette année-là, le groupe zurichois a réalisé un chiffre d'affaires de 772 millions de francs.
Fin 2007, Tamedia sortait en Suisse alémanique le premier numéro de son second gratuit, News. Et en août 2008, le groupe lançait en collaboration avec la Basler Zeitung et la Berner Zeitung la plateforme d'informations sur internet Newsnetz.
Auparavant, le groupe dont le titre phare est le quotidien Tages-Anzeiger avait renforcé sa position à Zurich. Il a d'abord racheté progressivement 20 Minuten, son premier gratuit, depuis 2003. La version romande de ce dernier, le 20 Minutes devait voir le jour trois ans plus tard.
Le groupe a aussi étendu son emprise dans la région zurichoise en acquérant des participations dans divers journaux régionaux comme le Landbote de Winterthour, la Thurgauer Zeitung et les Uster Nachrichten.
A Zurich, le groupe possède également la télévision locale Tele Züri et la radio locale Radio 24. Il publie par ailleurs le dominical SonntagsZeitung ainsi que des magazines nationaux comme Annabelle, la Revue Automobile, Schweizer Familie et le journal économique Finanz und Wirtschaft.