Walter Kielholz, 58 ans, siégeait au conseil d'administration de
Swiss Re en tant que vice-président depuis 2003. Il remplacera
Peter Forstmoser le 1er mai, a indiqué le groupe lundi.
Le départ de celui-ci, président depuis 2000, était réclamé par de
nombreuses voix en raison des mauvais résultats du numéro deux
mondial de la réassurance l'an dernier. Swiss Re a affiché une
perte nette de 864 millions de francs en raison notamment
d'amortissements liés à des placements risqués. En février, le
groupe a remplacé son directeur Jacques Aigrain par Stefan
Lippe.
«Swiss Re ayant choisi une nouvelle voie pour son développement,
j'ai décidé de démissionner un an plus tôt que prévu», a indiqué
Peter Forstmoser dans un communiqué .
Se concentrer sur la réassurance
«Le conseil d'administration a estimé que j'étais en mesure de
diriger l'organe et m'a demandé de le faire», a déclaré pour sa
part Walter Kielholz devant la presse à Zurich. Revenant sur les
pertes du groupe en 2008, il a relevé que Swiss Re n'a jamais voulu
devenir une banque d'investissement et qu'il a toujours rejeté une
telle stratégie.
Pour faire face à sa mauvaise passe, Swiss Re va devoir lever 5
milliards de francs, dont 3 milliards injectés par le milliardaire
américain Warren Buffet. Le groupe va aussi se concentrer sur son
coeur de métier, la réassurance. Celui-ci est intact, a rappelé
Walter Kielholz. Il est en outre important pour une grande
entreprise suisse comme Swiss Re d'avoir un Suisse à sa tête, selon
lui. «J'ai de l'expérience avec des patrons de différentes
couleurs», a-t-il renchéri se référant à ses différents mandats
dans l'industrie financière.
Conseil à neuf membres
Mathis Cabiallavetta, membre du conseil d'administration de
Swiss Re, est appelé à reprendre la vice-présidence. Les trois
autres sièges vacants, notamment celui de Kaspar Villiger nommé
entre-temps président de l'UBS, ne seront pas repourvus, a noté
Peter Forstmoser. Avec neuf membres, le conseil d'administration
reste compétent, selon lui.
Cette remarque n'a pas convaincu la Fondation Ethos. Il est
nécessaire qu'au moins trois nouveaux administrateurs viennent
renforcer le conseil d'administration, a-t-elle indiqué dans un
communiqué.
Un routinier au Credit Suisse
Walter Kielholz restera dans le conseil d'administration de
Credit Suisse, mais sans responsabilités fonctionnelles, a-t-il
signalé. Son départ de la présidence de la grande banque permet à
Hans-Ulrich Doerig, 68 ans, d'accéder à la fonction suprême.
Le patron de Credit Suisse Brady Dougan a salué la décision et
rappelé qu'il collabore avec Hans-Ulrich Doerig depuis vingt ans.
Celui-ci, au service de la grande banque depuis plus d'une
trentaine d'années, a gravi tous les échelons de la banque dans
l'ombre de ses autres dirigeants. Urs Rohner lui succédera à la
vice-présidence de l'établissement.
Le conseil d'administration de Credit Suisse sera complété par
Andreas Koopmann, patron de Bobst, et John Tiner, ancien directeur
de l'autorité britannique de régulation des services financiers
(FSA).
Ces nominations sont sujettes à l'approbation des assemblées
générales des deux groupes. Celle de Swiss Re aura lieu vendredi et
celle du Credit Suisse le 24 avril.
ats/sbo/bri
Réaction mitigée sur les marchés
L'arrivée à la présidence de Swiss Re de Walter Kielholz et surtout son départ de la tête du conseil de Credit Suisse ont été plutôt mal accueillis par les investisseurs.
L'action Swiss Re a perdu 2,3% à 12,09 francs et Credit Suisse 6,2% à 22,48 francs.
Le titre UBS a fini en baisse de 5,3% à 8,57 francs, avec un nouveau plus bas historique à 8,20 francs en cours de séance.
L'indice Swiss Market Index (SMI) des 20 valeurs vedettes s'affichait à 4307,67 points, en baisse de 0,09% par rapport à la veille à la clôture. En outre, il a marqué un nouveau plus bas de plusieurs années à 4234,96 points.
... et par les analystes
Pour les analystes de la banque Wegelin, ces changements ne correspondent pas aux attentes des investisseurs, des clients et de l'opinion publique. Ces nominations ne permettent pas de rompre avec le passé.
Pour la BCZ, Walter Kielholz étant déjà l'homme fort du réassureur, son arrivée à la présidence a du sens. Mais il est aussi considéré comme le responsable des problèmes actuels du groupe.
La nomination de Hans-Ulrich Doerig à la succession de Walter Kielholz à la tête du conseil d'administration de Credit Suisse est elle positive, selon la Banque Vontobel. Son expérience de 20 ans dans la banque et aux côtés du patron Brady Dougan joue en sa faveur, a-t-elle estimé.