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Le pessimisme du SECO s'aggrave pour 2009

La crise économique est la première préoccupation de tous les partis.
Récession marquée en 2009, stabilisation progressive en 2010, prévoit le Seco.
L'économie suisse connaîtra en 2009 une récession beaucoup plus sévère que prévu, selon le SECO. Le PIB devrait se contracter de 2,2% et le nombre de chômeurs pourrait passer le cap des 200'000 en 2010. Doris Leuthard prépare un troisième plan de relance.

Les dernières prévisions du Secrétariat d'Etat à l'économie
(SECO), dévoilées mardi dans un communiqué , confirment la
dégradation observée depuis l'été passé.

Moins pessimiste que la BNS

Il y a trois mois encore, les
services de Doris Leuthard tablaient sur une baisse de 0,8% du PIB
cette année et une reprise de 1% en 2010, espoir désormais ramené à
0,1%.



La crise financière ne connaît pas d'accalmie ressemblant à une
stabilisation, note le SECO. Economie tournée vers l'exportation,
la Suisse subit de plein fouet le fort ralentissement du commerce
mondial, pris dans la spirale négative qui a plongé l'Amérique du
Nord, l'Europe et l'Asie simultanément dans la tourmente.



Les experts de la Confédération se montrent toutefois un peu moins
pessimistes que la Banque nationale suisse (BNS), qui elle s'attend
à une contraction du PIB de 2,5 à 3% cette année. Il faut remonter
aux années 1970 pour retrouver des taux aussi mauvais, par exemple
à 1975 quand la croissance avait chuté de 6,7%. Même durant la
crise des années 1990, le PIB n'a jamais reculé de plus de 1% par
an.

Quelques espoirs tout de même

Reste que l'économie suisse sort de trois années de très bonne
facture, avec encore une croissance de 1,6% l'an passé et de
largement plus de 3% en 2006 et 2007. Ce qui signifie qu'au pire
elle retomberait au niveau d'il y a deux ans.



L'Allemagne, principal débouché des exportations helvétiques et
première économie de la zone euro, devrait subir une baisse de 3,2%
de son PIB en 2009. Quant aux Etats-Unis, d'où est venue la crise,
ils n'ont pas encore touché le fond, a relevé Aymo Brunetti, chef
économiste du SECO.



Pour l'heure, la Suisse est entrée en récession au quatrième
trimestre 2008, en affichant un deuxième trimestre consécutif de
contraction de son PIB (-0,3%, après -0,1% entre juillet et
septembre). Le phénomène va notamment peser sur un marché du
travail qui devrait fortement se dégrader ces prochains mois.

Vers 200'000 chômeurs

Le SECO table
désormais sur un taux de chômage moyen de 3,8% en 2009, contre 3,3%
précédemment. Et surtout, il prévoit un taux de 5,2% l'an prochain
(4,3%). Ce chiffre a de quoi inquiéter dans la mesure où il
pourrait signifier à cet horizon le dépassement du cap des 200'000
chômeurs, du jamais vu depuis mai 1997.



Concrètement, cela implique l'arrivée de 5000 à 6000 chômeurs
mensuellement pendant le premier semestre 2009 (en données
désaisonnalisées). Et le rythme pourrait même s'accélérer au cours
des mois suivants, a averti Aymo Brunetti.



Fin février, le chômage affectait déjà 132'402 personnes en
Suisse, alors même que les entreprises recourent largement au
chômage partiel pour atténuer le choc du ralentissement d'activité.
Et en 2009, les exportations devraient reculer de 8,1% et les
investissements en biens d'équipement de 10%.

A quand la sortie de crise?

Le moment de la sortie de crise demeure difficile à cerner,
relève le SECO. L'an prochain, la croissance devrait afficher un
modeste 0,1%, contre 1% escompté en décembre. La vitesse d'action
des mesures engagées, politiques monétaires expansionnistes et
plans de relance, ne peut encore être déterminée.



Deux facteurs viendront néanmoins atténuer l'impact de la
récession en cours. La consommation des ménages que le SECO voit se
maintenir avec des dépenses en hausse de 0,6% cette année et le
secteur de la construction, dont l'activité devrait se stabiliser à
son niveau de l'an dernier.



ats/cer/dk

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Doris Leuthard prépare un 2e plan de relance

Face à des prévisions conjoncturelles moroses, le deuxième programme de relance va être mis en oeuvre dès avril, a salué Doris Leuthard devant la presse.

Un troisième paquet de mesures est en préparation, a déclaré la conseillère fédérale. La décision de lancer un tel programme ne sera prise qu'en juin. Ces mesures conjoncturelles devraient fonctionner également pour 2010.

Actuellement, les prévisions pour l'an prochain sont par trop incertaines et ce n'est qu'en juin que l'on pourra se livrer à un pronostic sûr, a expliqué Doris Leuthard.

Après l'approbation, par le Parlement, du deuxième train de mesures conjoncturelles, la cheffe du Département fédéral de l'économie n'a pas caché sa satisfaction. Leur effet sur l'emploi se déploira durant le deuxième semestre 2009, voire, en partie, sur 2010.

Face à la montée du chômage qui, selon les dernières estimations, devrait s'établir à 3,8 % à la fin de l'année, Doris Leuthard a appelé les employeurs à recourir au chômage partiel plutôt qu'aux licenciements.

Autres mesures centrales aux yeux de la ministre, celles visant à lutter contre le chômage des jeunes. Pour eux, la conseillère fédérale planche sur des solutions, par exemple sous forme de stages professionnels.

La gauche et les syndicats lèvent le ton

Dans la foulée des sombres prévisions présentées mardi par le SECO, le PS a durci le ton, dénonçant un Conseil fédéral qui "n'entend rien, ne voit rien, ne dit rien".

Les socialistes demandent au gouvernement de renforcer les mesures de soutien conjoncturelles et d'engager dès aujourd'hui un 3e plan de relance.

Même son de cloche du côté de l'Union syndicale suisse (USS) et Travail.Suisse qui, à l'instar de Paul Rechsteiner, président de l'USS, a qualifié la situation de "dramatique".

Les deux syndicats demandent une prolongation du chômage partiel et des indemnités chômage. La durée du chômage partiel devrait ainsi passer de 18 à 24 mois afin de stimuler le marché de l'emploi, indique Travail.Suisse dans un communiqué.