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Le ton monte d'un cran chez Franck Muller

Cinquante collaborateurs ont débrayé durant la matinée.
Cinquante collaborateurs ont débrayé durant la matinée.
Le syndicat Unia dénonce lundi «la culture de la terreur» qui règne chez l'horloger genevois Franck Muller. De son côté, la direction réfute les accusations portées contre elle. Un débrayage a été organisé en matinée.

«D'autres actions seront organisées pour maintenir la pression»,
a indiqué lundi Olivier Amrein, délégué syndical d'Unia.



Une cinquantaine de collaborateurs de l'entreprise se sont réunis
pour «dénoncer une situation sociale profondément dégradée». Le
débrayage s'est déroulé durant trois heures sur le site de
production de composants horlogers à Mies (VD).

Un climat qui va en empirant

Dénoncée depuis de longs mois, la situation sociale a empiré ces
dernières semaines. «Les employés n'en peuvent plus de la culture
de la terreur qui est mise en oeuvre par la direction», a-t-il
ajouté. Selon le syndicat Unia, «le climat n'a fait qu'empirer»
depuis le rachat du groupe en 2004 par le financier Vartan Sirmakes
à son ex-associé, l'horloger Franck Muller.



Unia a relevé une multiplication des situations de mobbing avec
harcèlement moral ou sexuel, injures, menaces, faux témoignages et
licenciements abusifs. «Tous ces abus sont devenus monnaie courante
de la part de certains cadres», a ajouté Olivier Amrein.

Franck Muller contre-attaque

L'entreprise a réfuté l'ensemble de ces accusations. «Nous
attendons que des cas précis nous soient présentés», a expliqué
Vartan Sirmakes. Un audit interne a été lancé depuis deux
semaines.



Par ailleurs, l'étude d'avocats de Pascal Pétroz a été mandatée
pour suivre l'affaire. «Nous ne tolérerons pas ce comportement du
syndicat Unia qui met en danger la paix sociale de l'entreprise», a
ajouté Vartan Sirmakes. «Nous attendons sous forme écrite que
soient retirées les accusations portées contre les chefs d'atelier
et responsables de département».

Ouvrir les yeux à la direction

«Aujourd'hui, les salariés n'en peuvent plus, d'où cette forte
mobilisation qui a pour but d'ouvrir les yeux de la direction».
Face aux «brimades» des «petits chefs» qui sévissent au quotidien
dans l'entreprise, certains salariés ont même annoncé leur
démission.



L'objectif d'Unia est d'arriver «à renouer le dialogue avec le
propriétaire, Vartan Sirmakes, qui a refusé jusque-là de rencontrer
le syndicat». Les salariés attendent des mesures immédiates de la
direction. Ils demandent la création d'une commission du personnel
pour restaurer la confiance. Une pétition circule au sein de
l'entreprise.



ats/cer

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Le syndicat Unia est très inquiet

«Unia est très inquiet de ce qui va se passer dans l'entreprise, les pressions sont très importantes et les représailles systématiques». Le syndicat a déploré qu'aucun signe n'ait encore été donné par la direction à l'issue du débrayage.

Depuis 2001, vingt cas de conflits du travail ont été déposés auprès du Tribunal des Prud'Hommes. Pour sa part, la direction de l'entreprise estime que dix cas, «soit un taux normal pour un groupe de près de 1000 personnes», ont été recensés depuis 1998. «Les dix autres cas sont directement liés au conflit d'actionnaires avec Franck Muller», a précisé Vartan Sirmakes.

A la tête de l'entreprise, la position reste, pour l'instant, très ferme. «Nous voulons d'abord régler le cas des deux cadres accusés, menacés et harcelés à tort par Unia».

L'assocation patronale des fabricants d'horlogerie de Vaud, Valais et Genève (UFGVV) chargée notamment de faire respecter la convention collective de travail, a été saisie de l'affaire. «Au vu des informations fournies par les deux parties, nous estimons que les mesures prises par l'entreprise sont adéquates», a souligné Anny Sandmeier, gérante de l'UFGVV. «Le syndicat Unia a outrepassé ses droits et nous l'avons interpellé sur ce sujet».

Le groupe emploie quelque 600 personnes, dont 350 à Genthod (GE), siège et site principal de l'entreprise.