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Assemblée de l'UBS: 2500 emplois biffés en Suisse

Oswald Grübel a justifié ses mesures devant l'assemblée.
Oswald Grübel a justifié ses mesures devant l'assemblée.
Le retour à la sérénité n'est pas pour tout de suite à l'UBS. Lors de son assemblée générale mercredi, la banque a annoncé la suppression de 8700 emplois avant 2010, dont 2500 en Suisse. En cause, une perte de 2 milliards au premier trimestre.

La nouvelle direction d'UBS a annoncé mercredi au Hallenstadion
de Zurich son intention de soumettre à un régime draconien la
première banque suisse en plein marasme, à commencer par une coupe
massive de 11% dans ses effectifs pour faire face à de nouvelles
pertes et retraits de capitaux. Les réactions sont très partagées dans les principaux partis.



Devant ses actionnaires, le nouveau tandem formé par l'ex-patron
du Credit Suisse, Oswald Grübel, et l'ancien ministre des Finances
Kaspar Villiger a annoncé de nouvelles coupes claires dans les
effectifs de la banque, qui employait fin mars 76'200
personnes.



L'établissement, qui a déjà réduit 11'000 emplois depuis le début
de la crise financière fin 2007, va réduire ses effectifs de 8700
personnes d'ici 2010, dont 2500 en Suisse, dans le cadre de mesures
de réductions de coûts de 3,5 à 4 milliards de francs suisses.

La Suisse très touchée

La Suisse sera durement touchée par les nouvelles mesures de
suppressions d'emplois. Sur les 2500 postes biffés, 1200 à 1500
interviendront par licenciement. Un plan social est prévu, a
indiqué la banque. L'établissement assure que cette décision est
"très douloureuse mais malheureusement incontournable" et veut en
particulier que son conseil à la clientèle ne soit "aucunement"
affecté.



L'an dernier, l'UBS avait déjà supprimé 1500 emplois en Suisse. A
la fin de 2008, elle occupait sur son marché historique un peu
moins de 26'500 personnes.



Outre les 1200 à 1500 licenciements, l'UBS va exploiter au mieux,
selon ses termes, les possibilités apportées par les fluctuations
naturelles et les aménagements de temps de travail, comme le
partage de poste par plusieurs collaborateurs ou le travail à temps
partiel.



Selon la ministre de l'Economie Doris Leuthard, ce sont les
cantons de Zurich, de Vaud et du Tessin qui seront les plus frappés
par cette restructuration.

Oswald Grübel se justifie

S'exprimant pour la première fois devant les actionnaires, un
mois et demi après son entrée en fonction, Oswald Grübel a justifié
les mesures de restructuration. "Je n'ai encore malheureusement
aucune bonne nouvelle à vous transmettre, les chiffres sont
toujours aussi peu encourageants et des mesures radicales seront
indispensables", a-t-il affirmé devant les 5000 actionnaires
présents à Zurich.

L'UBS doit réduire ses coûts pour
retrouver la rentabilité. Elle est sur la bonne voie, même si les
impondérables restent nombreux. La suppression de postes est
inéluctable, a-t-il ajouté.



Oswald Grübel a reçu le soutien des actionnaires. Ceux-ci ont
applaudi l'ancien redresseur du Credit Suisse quand un intervenant
a proposé de lui laisser le temps de sauver le numéro un bancaire
helvétique, qui doit pour l'heure en partie sa survie à l'aide de
la Confédération.



Une cinquantaine de petits actionnaires ont toutefois profité de
l'occasion pour exprimer leur colère à la tribune. Mais les
critiques étaient surtout dirigées contre Marcel Ospel, Peter Kurer
et les anciens dirigeants de la banque.

Villiger veut "normaliser"

Le discours du nouveau président de la banque Kaspar Villiger,
qui a été élu par 98% lors de l'assemblée générale, était aussi
très attendu. L'ex-ministre a affirmé vouloir "normaliser" la
situation, tout en avertissant que des salaires trop bas nuiraient
à la capacité de recrutement de l'établissement. "Les rétributions
excessives m'ont moi aussi mis en colère", a-t-il ajouté.



Concernant la baisse des rémunérations, le nouvel élu a souligné
que "nous nous y tiendrons et j'y veillerai moi-même
personnellement", ajoutant cependant que "des signes de plus en
plus nombreux commencent à indiquer que cela pèse sur notre
capacité à retenir les meilleurs talents".



Les membres du conseil d'administration affichent une expérience
et des connaissances indéniables, a aussi affirmé Kaspar Villiger
devant les actionnaires conquis. L'ancien conseiller fédéral a
appuyé la politique d'Oswald Grübel. "Nous avons pour ambition de
redonner à la marque UBS son éclat d'antan", a-t-il déclaré. Il est
essentiel de rétablir la rentabilité et l'assise de fonds propres
de la banque ainsi que de dégager les contribuables de toute
responsabilité.

Pertes sur des positions à risque

L'UBS continue d'évoluer dans les chiffres
rouges. La banque a accusé une perte de presque 2 milliards de
francs au 1er trimestre. Ce résultat s'explique notamment par une
contribution négative globale d'environ 3,9 milliards imputable à
des pertes sur des positions à risque non liquides déjà
connues.



Elément préoccupant, l'UBS n'a pas réussi stopper l'hémorragie de
capitaux, malgré un mois de janvier prometteur. L'établissement a
bouclé le 1er trimestre sur des sorties nettes de fonds. Les
démêlés judiciaires de la banque aux Etats-Unis ont fait fuir bon
nombre de clients. La division gestion de fortune et banque suisse
(Wealth Management & Swiss Bank) a ainsi subi des sorties
nettes d'argent de près de 23 milliards de francs.



En conséquence, l'UBS va chercher par tous les moyens à réduire
ses coûts. "Tous les potentiels d'économie seront exploités dans
tous les domaines". L'UBS compte réaliser entre 3,5 et 4 milliards
de francs d'économies supplémentaires d'ici fin 2010.



ats/boi

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L'action de la banque plonge

Les investisseurs n'ont guère goûté mercredi l'annonce d'une perte de près de 2 milliards de francs prévue par l'UBS au premier trimestre 2009.

A l'ouverture de la Bourse suisse, le titre du numéro un bancaire helvétique a directement plongé de 8,67%, à 12,12 francs.

L'action s'est ensuite légèrement ressaisie. En clôture, le titre UBS avait perdu 6,86%, à 12,36 francs. A relever que le titre a aussi connu de fortes prises de bénéfices après l'envolée de la veille (+15,4%).

A la fin de la séance, l'indice des valeurs vedettes Swiss Market Index affichait un repli de 0,66%, à 5065,43 points.

Le nouveau système salarial adopté

Le nouveau système de rémunération de l'UBS a été approuvé par les actionnaires. Plusieurs voix, dont celle de la fondation Ethos, ont pourtant appelé au rejet de ce modèle appliqué depuis cette année. Le vote était consultatif.

Le modèle prévoit notamment que la part variable des salaires se compose d'un système de bonus-malus et d'un plan de participation en actions.

Ethos, qui salue certaines avancées, a déploré que le nouveau système permette encore à certains cadres de percevoir des parts variables de salaire s'élevant à 80% ou 90%. La part variable ne devrait pas dépasser 50%, selon Ethos.