Selon l'ASTAG, qui a tenu mercredi une conférence de presse à
Berne, la crise économique se fait sentir de manière dramatique
dans les transports internationaux, notamment en raison de
l'extension de l'UE aux pays de l'Est. Le recul des mandats a
atteint parfois près de 60 %, selon l'ASTAG.
Selon le président de l'association, Adrian Amstutz, la
situation sur le plan national n'est pas meilleure et de nombreuses
entreprises se retrouvent le dos au mur: les cas de faillite, de
chômage partiel et de licenciements ont augmenté.
Le transport routier est essentiel pour l'économie helvétique -
91% des marchandises, en terme de poids, sont acheminés par la
route - a encore rappelé Adrian Amstutz. Une économie suisse sans
les transports routiers est "tout simplement impensable", selon le
conseiller national (UDC/BE).
Nuages noirs sur l'emploi
Le nombre des chômeurs du secteur transports et trafic a passé
d'environ 3000 en juin 2008 à près de 4500 en juin 2009. Par
ailleurs les mises en circulation de nouveaux véhicules ont diminué
de 14 % et les créations de nouvelles entreprises ont passé de 442
en 2008 à 366 en 2009.
Pour prévenir les coupes dans les entreprises de transports,
l'ASTAG a présenté mercredi un catalogue de douze mesures fiscales
et administratives devant alléger les charges. Pour des raisons
techniques, les camionneurs veulent tout d'abord réduire voire
supprimer les contrôles antipollution et les contrôles techniques
des véhicules.
Les systèmes de diagnostic et de surveillance embarqués permettent
désormais de prévenir les erreurs et les pannes et d'anticiper les
réparations. Il n'est plus nécessaire, selon l'ASTAG, que de
contrôler les véhicules tous les cinq ans.
Revendications tous azimuts
Réduction des prix des autorisations spéciales de rouler,
suppression des taxes sur les renouvellements des licences,
gratuité du renouvellement des cartes de conducteur: à ces
chapitres, les camionneurs veulent aussi des simplifications
administratives. Ils réclament également que soit supprimées toutes
les chicanes administratives pour les appels d'offre des pouvoir
publics et les cours de perfectionnement des conducteurs.
Pour que les PME du transport ne soient pas étranglées, il faut
abaisser la taxe sur les poids lourds (RPLP) de 20 %, estime
l'ASTAG et permettre aux propriétaires de fixer quatre fois par an,
au lieu d'une seule fois, en fonction du travail effectif, la
catégorie de poids du véhicule, à la baisse ou à la hausse.
S'agissant des carburants, les camionneurs réclament un alignement
des charges du diesel sur celles de l'essence. Ils notent au
passage que les nouveaux véhicules, dotés de catalyseurs et de
filtres à particules, ont des effets positifs sur la pollution de
l'air. Ils ne doivent donc pas être sanctionnés par des taxes plus
élevées que pour l'essence.
Faire sauter les limitations
Comme le nombre des courses à travers les Alpes a baissé et que
des améliorations considérables ont été apportées aux camions, il
ne se justifie plus de gérer les passages dans les tunnels. Les
limitations de trafic, en haute saison, sont dommageables pour les
entreprises et rien ne les justifie plus du point de vue de la
sécurité, selon l'ASTAG.
Les camionneurs veulent enfin que le nombre des places de parc
pour les camions, le long des routes nationales, soit augmenté
rapidement. Le Conseil fédéral a d'ailleurs donné son aval à un
postulat du Conseil des Etats et a promis la mise en route d'un
groupe de travail.
ap/ats/jeh
Economiesuisse contre le Conseil fédéral
Economiesuisse estime qu'augmenter la taxe CO2, comme le prévoit le Conseil fédéral, est "une grosse erreur économique" en période de crise. Son directeur Pascal Gentinetta estime, dans les colonnes de "L'Agefi" et d'autres journaux, qu'une grande partie de l'argent récolté dormira dans les coffres de la Confédération.
Les revenus engrangés par le triplement de la taxe "va être récolté pendant deux ans, pour une grande partie de la somme, avant d'être redistribué. Avec ce remboursement différé, l'argent sommeille dans les caisses de la Confédération", déplore le directeur d'Economiesuisse.
Et de contester le mode de calcul employé pour procéder à la hausse de la taxe.
"Les conditions sont-elles remplies pour justifier son triplement?", s'interroge-t-il.
Le dépassement de certaines valeurs-seuil d'émission de CO2 serait difficilement explicable dans un contexte de crise économique et de records de prix du pétrole en 2008.
Economiesuisse réclame que la taxe CO2 subisse le même sort que l'augmentation de la TVA, repoussée d'un an pour des raisons conjoncturelles.
L'Etat, qui a besoin d'argent en temps de crise, ponctionne l'écologie, un secteur en poupe, note Pascal Gentinetta.
Selon les estimations de l'organe faîtier, la taxe CO2 rapporte entre 600 et 700 millions de francs par an.
Un mauvais chemin, selon l'Initiative des Alpes
L'Initiative des Alpes déplore la demande concernant une baisse de la RPLP tout en rappelant que "le transport ferroviaire - écologique souffre plus fortement de la crise que le transport routier".
L'association rappelle que le peuple suisse a accepté la RPLP en septembre 1998. Depuis lors, l'ASTAG "présente régulièrement des propositions pour affaiblir" ce système, écrit l'association.
"L'ASTAG serait beaucoup plus sincère et transparente si elle lançait une initiative populaire visant l'abolition de la RPLP", a estimé le conseiller national Fabio Pedrina (PS/TI), président de l'Initiative des Alpes.