Selon Travail.Suisse, la crise n'a pas fait changer d'attitude
les dirigeants des grandes entreprises en matière de rémunération.
Lors d'une conférence de presse lundi à Berne, le syndicat a
dénoncé "la mentalité de profiteur qui sévit dans les cercles de
dirigeants et a demandé une participation des employés aux conseils
d'administration.
Les critiques de Travail.Suisse se fondent sur l'examen des
salaires des dirigeants de 27 grandes entreprises, dont 23 sont
cotées en Bourse, deux sont des entreprises de la Confédération et
deux des coopératives. Cet examen est mené depuis 2005 à partir des
rapports d'activités.
De gros écarts
Selon le syndicat, les rémunérations des dirigeants des grands
groupes suisses ont augmenté de 83% depuis 2002. Par comparaison,
durant la même période, les salaires nominaux moyens des employés
pour toute la Suisse ont augmenté de 8,4%, soit 1,3% en termes
réels.
L'écart des salaires, c'est-à-dire l'écart entre le salaire moyen
des membres de la direction et le salaire le plus bas du groupe
s'est réduit de 6% mais, dans onze entreprises, l'écart a encore
augmenté.
ABB bonnêt d'âne
L'entreprise ABB est notamment pointée du doigt. La firme
zurichoise est "championne" des écarts de salaire avec une
augmentation de près de 70% en un an, c'est-à-dire d'un rapport de
1/93 à un rapport de 1/158.
La liste des dirigeants les mieux payés est à nouveau ouverte par
le directeur et président du conseil d'administration de Novartis,
Daniel Vasella, avec 40,3 millions de francs. Il a ainsi gagné,
selon Travail.Suisse, 720 fois plus que l'employé le moins payé du
groupe.
Suit, sur cette liste, le dirigeant "Asie" du Credit Suisse, Kai
Nargolwala, avec 20,8 millions de francs et le chef du groupe ABB,
Joe Hogan, avec 19,2 millions de francs de rémunération.
Faire sauter le cartel salarial
Selon Travail.Suisse, les employés, menacés par le chômage, ne
peuvent pas admettre cette situation. Il s'agit maintenant de faire
sauter "le cartel salarial" et il faut, pour cela, que les employés
soient représentés dans les conseils d'administration.
Martin Flügel, président de Travail.Suisse a exigé trois mesures.
Tout d'abord, la limitation des boni et l'interdiction des primes
d'arrivée et de départ des dirigeants. Deuxièmement les
rémunération des membres de la direction et des conseils
d'administration doivent être rendues publiques et soumises au vote
de l'assemblée générale. Enfin, les employés doivent être
représentés au conseil d'administration.
ats/boi
Les propositions de l'Union patronale suisse
Le président de l'Union patronale suisse Rudolf Stämpfli estime lundi à Zurich qu'il faut revenir à une politique patronale crédible.
"Il faut à tout prix rapprocher à nouveau l'industrie financière de l'économie réelle", a-t-il déclaré lors de la Journée des employeurs de l'UPS.
Rudolf Stämpfli a tiré les "enseignements" de la crise: éviter "de s'en remettre entièrement à des modèles pour les prises de décisions économiques" et "se fonder sur la responsabilité personnelle".
Le président de l'Union patronale est d'avis qu'il faut "aménager le régime des rémunérations". L'objectif est que, pour les collaborateurs, "le rapport entre productivité, succès, risque de pertes et indemnisation demeure clair et garanti".
La crise actuelle, avec un taux de chômage qui atteindra probablement 5,5% en 2010, touchera la classe moyenne et particulièrement les jeunes, selon Roland Stämpfli.