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La question climatique démocratise les placements en bourse durables

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Angela de Wolff, spécialiste en finance durable
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Angela de Wolff, spécialiste en finance durable / La Matinale / 12 min. / le 25 avril 2019
Angela de Wolff a fondé il y a plus de 10 ans une société basée à Genève qui labellise les placements en bourse durables. Une activité à laquelle "la question climatique a apporté un aspect plus public".

"La question d'apporter des considérations autres que simplement financières est une tendance qui a été entamée il y a plus de 20 ans. Mais aujourd'hui, le grand public en parle plus facilement et la presse le couvre de manière politique", estime Angela de Wolff, invitée jeudi de La Matinale de la RTS.

Difficile pourtant de parler de placements "propres" ou "sales". Elle cite l'exemple du secteur pétrolier, et d'entreprises comme Exxon, "qui ont aujourd'hui des rapports de développement durable, mais qui ont refusé, il y a deux semaines, une résolution d'actionnaire qui demandait de communiquer beaucoup plus sur la transparence, sur les émissions de CO et sur toute la question climatique". "On voit bien que les entreprises ne sont pas totalement blanches ou totalement noires".

Une incitation à devenir "plus vert"?

Angela de Wolff précise toutefois que son rôle n'est pas "de conseiller" à un investisseur de se désengager d'une firme qui pollue. "L'investisseur doit avoir la transparence, savoir dans quoi il investit (...), avoir les moyens, la traçabilité pour évaluer si cet investissement lui convient. C'est à lui de choisir ses principes. S'il veut se désinvestir de tout ce qui est énergies fossiles, effectivement un titre comme Exxon ne fera pas partie de son portefeuille".

Interrogée, Angela de Wolff confirme que l'objectif pourrait être d'inciter les entreprises pollueuses à revoir leurs modes de production. "C'est soit elles réinvestissent dans d'autres technologies, ou elles choisissent de réorienter leurs activités", estime-t-elle. Et d'ajouter que "certaines ne pourront pas. On le voit bien dans le secteur du charbon: plusieurs investisseurs institutionnels ont décidé de sortir totalement de cette industrie, parce qu'ils estiment que le risque est très important. Si légalement il devient cher, coûteux ou interdit d'émettre des CO2, ce sont des secteurs en danger, même d'un point de vue économique".

Propos recueillis par Pietro Bugnon

Adaptation web: Jessica Vial

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La BNS rejoint un réseau de banques sensibles au climat

La Banque nationale suisse a adhéré la semaine dernière à un réseau de banques centrales qui se veulent plus sensibles aux questions climatiques, le NGFS. Celui-ci se mobilise pour que la finance contribue à atteindre les objectifs du Traité de Paris.

Est-ce le signal que la banque sera suivie par d'autres? "Il est évident que les banques centrales, qui représentent la monnaie nationale, se doivent de contribuer au financement d'une transition énergétique, ou en tout cas de prendre en compte ces facteurs dans les décisions d'investissement", estime Angela de Wolff.

Mais la BNS n'entend pas pour autant réorienter sa politique d'investissement: elle ne prend donc pas d'engagement formel à biffer les investissements dans les énergies fossiles.