"L'année éolienne 2018 a été mauvaise pour tout le monde en Europe. Le bel été a profité aux touristes en Valais, mais pas à nos éoliennes" réagit Martin Senn. Le fondateur de Swisswinds admet que la production n'est pas à la hauteur des attentes après deux ans d'exploitation, mais souligne le défi que représente la mise en oeuvre d'un parc éolien à plus de 2200 mètres d'altitude. Le plus haut en Europe.
Tempête et givre
L'année 2018 a mal commencé. Causée par une tempête, la rupture d'une ligne de transport d'électricité a empêché pendant deux semaines les éoliennes d'injecter leur courant dans le réseau et cela en période de forte production. Dix autres jours d'interruption ont été nécessaires dans l'année pour effectuer la remise en état de la ligne, poursuit Martin Senn.
Propre à la production en altitude, la gestion du dégivrage des pales est aussi en cause. Lorsque de la glace se forme, le déséquilibre créé peut endommager l'éolienne. Il faut dès lors la stopper et enclencher le système de chauffage intégré dans chaque pale.
"Nous poursuivons l'optimisation de ce processus" explique Martin Senn, "la preuve c'est qu'au mois de janvier 2019, nous avons produit 1,7 Gigawattheures, un record. C'est la première fois que nous n'avons aucun problème technique", se réjouit l’entrepreneur.
Pionniers
La production du premier trimestre a même atteint 3,7 GWh selon Swisswinds. Peut-être de quoi approcher cette année l'objectif du parc, soit l'équivalent de la consommation de 3000 ménages.
Les difficultés rencontrées ces deux dernières années ne sont pas surprenantes. Outre la question de la rudesse des lieux et des risques du givre sur les pales, la faible densité de l'air d'altitude et le caractère irrégulier des vents font partie du défi. "S'il n'y avait pas eu des fous au siècle dernier pour construire les barrages, on n'aurait rien fait. Et aujourd'hui, tout le monde est content qu'ils existent", philosophe l'entrepreneur.
Martin Senn souligne les faibles nuisances provoquées par les éoliennes d'altitude et leur proximité avec les infrastructures de transport d'électricité, en l'occurrence celles du barrage de Gries.
"Nous voulons faire quelque chose de concret pour la transition énergétique, pas simplement parler", résume-t-il. "En Suisse, l'éolien est complémentaire des autres énergies renouvelables, solaire, hydroélectrique et biomasse." Swisswinds développe également depuis 2005 un projet éolien au Grand Saint-Bernard, combattu aujourd'hui par des organisations écologistes.
Pascal Jeannerat /fme