Publié

Le canadien Magna désigné pour sauver Opel

Angela Merkel estime que les relations transatlantiques sont grandies.
Angela Merkel estime que les relations transatlantiques sont grandies.
Berlin a finalement choisi samedi l'équipementier canadien Magna ainsi que des capitaux russes, pour reprendre le constructeur auto Opel à l'américain en déroute General Motors. Cette décision, prise afin de tenter de sauver des dizaines de milliers d'emplois, réjouit la chancelière Angela Merkel.

"Une solution a été trouvée", a indiqué en pleine nuit Peer
Steinbrück, le ministre allemand des Finances, à l'issue d'une
réunion entamée vendredi dans la soirée à la chancellerie à Berlin.
Cette solution "s'appuie sur trois piliers", à la fois un accord
entre GM et Magna, un accord sur un modèle de société fiduciaire
pour gérer temporairement le constructeur et un crédit relais
accordé par l'Etat allemand, a-t-il ajouté.

Merkel et Obama ensemble

Les négociations pour sauver le constructeur automobile allemand
Opel ont été "un test pour les relations transatlantiques", qui a
été "réussi", a commenté samedi la chancelière allemande Angela
Merkel lors d'un bref point de presse à la chancellerie quelques
heures après la conclusion d'un accord visant à sauver Opel de la
déroute de sa maison mère américaine General Motors.



La chancelière a indiqué avoir eu vendredi après-midi un entretien
téléphonique avec le président américain Barack Obama. "Nous sommes
convenus qu'il fallait tout faire pour trouver une bonne solution à
cette question compliquée", a-t-elle déclaré.

Avec des capitaux russes

L'offre de Magna est
soutenue financièrement par la banque semi-publique russe Sberbank
et par un partenariat industriel avec le constructeur russe GAZ.
German Gref, président de la banque, a déclaré que l'accord conclu
entre sa banque, le canadien Magna et le russe GAZ pour reprendre
Opel constituait une opportunité pour relancer l'industrie
automobile russe à "un faible coût sans précédent".



"A mon avis, il y a là une très bonne opportunité pour la Russie
d'accueillir l'un des constructeurs automobiles européens les plus
avancés technologiquement à un faible coût, qui est sans
précédent", a précisé samedi dans un entretien télévisé le
président du plus important organisme russe de crédit.



Le constructeur italien Fiat et la holding RHJ International
avaient aussi déposé une offre sur Opel. Si GM est formellement le
seul à choisir le repreneur pour ses activités européennes -hors la
marque suédoise Saab-, l'avis du gouvernement allemand était
décisif. Le plan de reprise repose en grande partie sur les
milliards d'euros que Berlin va fournir.

Inquiétudes pour l'emploi

En Allemagne, l'enjeu est crucial, à quatre mois des élections
législatives. GM, hors Saab, emploie 50'000 personnes environ en
Europe, dont 25'000 en Allemagne. Le gouvernement voulait donc à
tout prix éviter une faillite d'Opel, de plus en plus menaçant avec
la déroute de sa maison-mère. Celle-ci a convoqué lundi à midi une
conférence de presse à New York et pourrait annoncer son dépôt de
bilan.



"Le point central est que nous avons un intérêt très fort à
maintenir les emplois sur les quatre usines" d'Opel en Allemagne, a
expliqué Peer Steinbrück. Mais "vous pouvez être sûrs que nous
n'avons pas pris cette décision facilement, car tous les
participants étaient très conscients des risques", a-t-il
ajouté.

A tel point que le ministre conservateur de l'Economie,
Karl-Theodor zu Guttenberg, a redit samedi dans la nuit qu'il était
partisan d'une faillite d'Opel, avant de se ranger au compromis
final.

Responsable des salariés satisfait

Le responsable du comité d'entreprise d'Opel, Klaus Franz, a
déclaré samedi être "très satisfait que l'on soit parvenu à sauver
Opel et ainsi que l'entreprise ne soit pas entraînée dans la
faillite par General Motors", sa maison mère américaine.



"Je suis sûr que la solution choisie tiendra le coup", a observé
le représentant des salariés. Cependant, "un travail difficile est
encore devant nous", selon Klaus Franz. L'Allemagne "n'est pas un
pays de cocagne, ce qui veut dire qu'il y aura des suppressions
d'emploi", a-t-il souligné. "Le plus important c'est que cela ait
lieu en prenant en compte la dimension sociale, et qu'il n'y ait
pas de fermeture d'usine".



De son côté, le ministre allemand de l'Economie Karl-Theodor zu
Guttenberg a fait part samedi de son opposition au placement d'Opel
sous administration judiciaire et s'est déclaré favorable à une
"faillite ordonnée" pour sauver la filiale de General Motors. Il a
expliqué avoir quitté les pourparlers sur l'avenir du constructeur
achevées tôt samedi matin avec "une évaluation des risques
différente de celles de mes collègues participant aux négociations
sur Opel".



Quant au groupe General Motors dans son ensemble, il vit peut-être ses dernières heures. Le
gouvernement américain a lancé un ultimatum aux créanciers qui
expire dans la nuit de samedi.



ats/afp/mej

Publié

L'identité du repreneur pas surprenante

Concrètement, selon les plans négociés entre Berlin, GM et Magna, Opel va d'abord être géré par un administrateur extérieur -une société fiduciaire, alimentée par un crédit public de 1,5 milliard d'euros.

Ensuite, selon les plans initiaux de Magna, le canadien devrait prendre 20% de la nouvelle société, la banque russe Sberbank 35%. GM conserverait alors 35%, les salariés prendraient 10%. Et là encore, Berlin intervient: Magna lui aurait demandé des garanties de 4,5 milliards d'euros.

C'est la complexité de ce montage qui était au coeur des discussions de ces derniers jours.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, un premier sommet réunissant toutes les parties avait échoué, alors que GM avait demandé une aide financière supplémentaire de 300 millions d'euros.

L'idendité du futur repreneur en revanche n'est pas une surprise. Depuis une semaine déjà, Magna était le favori du gouvernement allemand, et semble-t-il aussi de GM.

Magna était aussi le préféré des syndicats allemands, qui estimaient que le risque de suppressions d'emplois était moins grand qu'avec Fiat.

Jusque-là, Magna a annoncé qu'il voulait supprimer 10'000 emplois en Europe, dont 2500 en Allemagne. Et il était seul en lice depuis l'éviction de la holding RHJ International dès jeudi, et le retrait de l'italien Fiat ce vendredi, réticent à prendre, selon ses termes, des "risques inconsidérés".

Avec le rachat d'Opel, Magna, groupe canadien fondé par un Autrichien, réalise son rêve de devenir un constructeur à part entière. Son idée: partir à la conquête des marchés émergents, au premier rang desquels la Russie.

Il était jusque-là un équipementier classique et montait des voitures pour d'autres constructeurs, comme BMW.