Cette contraction, plutôt inattendue au regard du climat
ambiant, ne doit pas masquer le fait que le nombre des chômeurs a
bondi de 42%, soit près de 40'000 personnes, en l'espace d'un an,
selon les chiffres publiés lundi par le Secrétariat d'Etat à
l'économie (SECO). Elle intervient après onze mois de hausse
consécutive.
L'explication de ce qui s'apparente à une pause, la ministre de
l'Economie Doris Leuthard tablant sur une ascension du nombre de
chômeurs à plus de 200'000 l'an prochain, s'explique par un facteur
purement saisonnier. Après un hiver difficile, les activités de
construction sont à nouveau demandeuses de main d'oeuvre.
Le nombre de chômeurs dans le secteur de la construction a diminué
de quelque 1300 en un mois, constate Serge Gaillard, chef de la
Division marché du travail, contacté par l'ATS. Hors effet
saisonnier, l'effectif total présente une augmentation de 4200
sans-emploi. Ce qui demeure inférieur à la poussée survenue ces
derniers mois, note-t-il.
Baisse du chômage des jeunes
A 3,4% en mai, le taux de chômage revient à son niveau de
février 2006. Le chômage des jeunes, soit les 15-24 ans, a de même
baissé, de 4,2% à 21'337 personnes, pour un bond toutefois de 53,1%
en un an.
L'effectif des places vacantes annoncées auprès des Offices
régionaux de placement (ORP) a diminué de 658 à 11'739. L'ensemble
des demandeurs d'emploi a pour sa part reculé dans une ampleur plus
marquée, avec une baisse de 2210 personnes à 192'516, précise le
SECO. Il représente outre les chômeurs, les personnes se trouvant
en situation de gains intermédiaires ou au bénéfice de mesures de
formation continue.
Neuchâtel est durement touché
Le canton de Neuchâtel, dont l'économie est fortement
exportatrice, subit de plein fouet les effets de la récession. Son
taux de chômage s'est accru de 0,5 point en mai par rapport à avril
pour grimper à 5,5%, alors qu'en moyenne suisse il reculait de 0,1
point à 3,4%.
Neuchâtel consolide ainsi sa deuxième place derrière Genève (taux
stable à 6,6%, soit 14'507 personnes) au classement des cantons les
plus touchés par le chômage. Le canton est notamment affecté par
les difficultés des industries horlogère (Neuchâtel est le premier
canton en termes d'emplois dans le secteur), des machines et de la
microélectronique. En chiffres absolus, la dégradation survenue
dans ce canton a entraîné 459 personnes de plus au chômage en mai,
pour un nombre total de 4771.
Les autres cantons romands ont tous connu une baisse de leur taux
de chômage en mai, à l'exception du Jura (+0,1 point à 4,8%). Vaud
(-0,1 point à 4,8%), Valais (-0,3 point à 3,5%), Fribourg (-0,1
point à 2,9%) et Berne (-0,2 point à 2,4%) ont évolué dans la même
direction que la performance au niveau national.
Deuxième semestre périlleux
Les prochains mois s'annoncent périlleux. Après l'industrie
d'exportation, ce sont les activités indigènes (commerce de détail
et hôtellerie-restauration) qui souffriront à leur tour au deuxième
semestre, avance Serge Gaillard, qui relève au passage la stabilité
du nombre des places d'apprentissage cette année.
A plus court terme, la tournure des événements décidera de
l'opportunité ou non pour le Conseil fédéral de lancer un troisième
plan de relance. La publication la semaine prochaine des dernières
prévisions conjoncturelles du SECO devrait apporter une réponse à
la question.
ats/bri
Extension du chômage partiel
Le recours aux réductions de l'horaire de travail continue à s'étendre en Suisse. Le phénomène communément appelé chômage partiel affectait fin mars 2206 entreprises, en hausse de 46,6% par rapport à février, touchant 41'022 personnes (+40,4%). En mars 2008, au moment où la crise économique pointait à l'horizon, seules 99 entreprises et 760 personnes bénéficiaient de la mesure.
Le nombre des heures de travail perdues a bondi dans les mêmes proportions (+50,3%) pour s'inscrire à plus de 2,6 millions, a indiqué lundi le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO).
La réduction de l'horaire de travail permet aux entreprises d'éviter les licenciements. Dans ce cas, l'assurance-chômage indemnise 80% des heures de travail perdues, afin d'empêcher des licenciements consécutifs à des pertes de travail brèves mais inévitables.
Plus de 5 mois pour trouver un emploi
Il a fallu l'an passé en Suisse à un chômeur en moyenne 151 jours pour retrouver un emploi. La durée de recherche ressort en baisse de 12 jours par rapport au temps nécessaire relevé durant l'année précédente. La situation devrait se dégrader en 2009.
L'an dernier, le taux de chômage moyen a diminué de 0,2 point de pourcentage à 2,6%. En conséquence, les coûts totaux de l'assurance chômage ont baissé de 5% pour s'inscrire à 5 milliards de francs, a indiqué lundi le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO).
La part de chômeurs à longue durée par rapport à l'ensemble des chômeurs a aussi connu une évolution positive. Elle est passée à 12%, contre 16% un an plus tôt.
Les ORP ont adapté leurs effectifs à la demande. Fin 2008, les 131 offices en Suisse occupaient 2370 collaborateurs, soit 5% de moins que l'année d'avant.
Les données favorables de l'assurance-chômage l'année passée ne doivent toutefois pas tromper sur l'évolution actuelle, relève le SECO dans son communiqué. La baisse du chômage s'est reflétée jusqu'à l'automne seulement, moment où l'économie suisse est tombée en récession.