"On installe des cuisines, des chambres à coucher, des salons, des lieux de conférence, des meeting rooms, un système wifi, un système GSM de téléphonie et même des salles de bain avec douche", explique Christian Schirlin lundi dans l'émission de la RTS TTC.
Il est chef de projet chez Amac Aerospace, l'une des cinq entreprises mondiales capables d'aménager et d'assurer la maintenance de ces avions de luxe XXL.
De 540 à 86 passagers
L'entreprise est installée depuis dix ans dans quatre gigantesques hangars au bord du tarmac de l'aéroport de Bâle. Faits d'acier et de bois, ils accueillent près de 1000 travailleurs. Des ingénieurs, des électriciens, des peintres, des ébénistes, tous s'affairent sur un Boeing 747 Jumbo Jet, le plus gros avion de ligne au monde avec l'A380 d'Airbus.
"Cet avion est prévu pour 540 passagers. On l'aménage pour 86 personnes. Donc ils auront de la place", constate Christian Schirlin. Long de 76 mètres et haut de 19, cet appareil est transformé en jet privé pour le compte d'un chef d'Etat du Moyen-Orient. L'entreprise n'a pas le droit de communiquer son identité.
Ce très gros porteur, totalement insonorisé et qui peut faire un quart du tour de la Terre sans se poser, sera terminé dans deux ans. Il vole à peine une dizaine d'avions identiques dans le monde, dont le fameux Air Force One du président américain, qui possède son propre centre médical, son parking à limousine et son système anti-missile.
Un marché global
"Nos clients sont des privés et des Etats. Ce n’est plus seulement le Moyen-Orient comme auparavant, c’est aussi la Russie, la Chine, les Etats-Unis et une partie de l'Afrique. C’est un marché global", précise Mauro Grossi, cofondateur d'Amac Aerospace.
Ces avions, souvent immatriculés dans des paradis fiscaux, appartiennent pour certains à des oligarques et à des autocrates africains, raison pour laquelle le périmètre de l'entreprise est ultra-contrôlé.
Sans compter les matériaux onéreux utilisés pour la transformation. Cuir, alcantara, carbone, feuille d'or, les éléments doivent être le plus léger possible et résister à un crash. Il faut d'ailleurs parfois freiner les envies des clients "pour leur expliquer ce qui rentre dans la réglementation d'un avion", précise Christelle Dietsch, designer aéronautique.
Le double du prix de base
Et toute cette transformation a évidemment un coût. "L'aménagement peut coûter jusqu'au même prix que l'avion lui-même. Le prix officiel pour un Boeing 747-8 est de plus de 330 millions de dollars (333 millions de francs)", note Eric Hoegen, directeur des ventes VIP.
En moyenne, sur les constructions de cabines VIP, les prix peuvent varier entre 20 et 100% du prix de l'avion neuf. Un marché très profitable pour les Suisses d'Amac Aerospace, qui sont désormais implantés aussi en Turquie et qui ont annoncé lundi la construction d'un 5e hangar à Bâle (lire encadré). Des industriels qui se sont par ailleurs permis le luxe de refuser récemment une offre d'achat atteignant 1,5 milliard...
Reportage TV: Yann Dieuaide
Adaptation web: Victorien Kissling
Amac s'étend à Bâle, 50 emplois créés
Amac Aerospace créera une cinquantaine d'emplois à l'aéroport international de Bâle avec la mise en service, au deuxième semestre 2020, d'un nouveau hangar destiné à la maintenance d'appareils Bombardier. L'investissement se monte entre 16 et 18 millions de francs.
"Nous poursuivons notre croissance entamée il y a onze ans sur notre site de Bâle avec ce cinquième hangar", qui fera passer à plus de 110'000 mètres carrés la surface que possède Amac à l'EuroAirport rhénan, a déclaré lundi à Genève Waleed Muhiddin, directeur des affaires et du marketing de la société bâloise, à l'occasion du Salon Ebace consacré à l'aviation d'affaires.
La construction du nouveau hangar portera à plus de 200 millions de francs le total investi sur le site de l'EuroAirport par la société depuis sa création il y a douze ans. Aujourd'hui, Amac Aerospace réalise un chiffre d'affaires entre 250 et 300 millions de francs annuels.