En 2008, la Libye était le principal partenaire commercial de la
Suisse en Afrique. Mais la crise qui a éclaté après l'arrestation
temporaire d'Hannibal Kadhafi le 15 juillet 2008 dans un hôtel de
Genève, a changé la donne, comme le montrent les chiffres fournis par l'Administration fédérale
des douanes.
Blocages dans les deux sens
Ainsi, au cours des six premiers mois de 2009, les importations
suisses de Libye ont chuté de 87,8% pour s'établir à 220,3 millions
de francs. Il s'agit presque exclusivement de produits pétroliers.
Et précisément, les livraisons de pétrole libyen à la Suisse ont
reculé de 87,9% à 219,4 millions de francs.
En 2008, la Suisse avait encore acheté du pétrole à la Libye pour
3,325 milliards de dollars. Selon l'Union pétrolière, 73% du
pétrole brut acheté par la Suisse provenait de Libye.
Simultanément, les exportations suisses vers la Libye se sont
fortement réduites. Ainsi, les livraisons de machines ainsi que
d'appareils électriques et électroniques se sont réduites de 57% à
48 millions de francs.
Quant aux exportations de produits chimiques, elles ont reculé de
21% à 28 millions de francs. On rappellera par ailleurs que les
avoirs libyens dans des banques helvétiques ont fondu de 5,6
milliards de francs en 2008.
ap/sbo
Une crise déclenchée par l'affaire Kadhafi
La crise entre la Suisse et la Libye a éclaté après l'arrestation d'Hannibal Kadhafi et de son épouse Aline, enceinte, le 15 juillet 2008 dans un hôtel de Genève.
La procédure pénale à l'encontre du couple a été classée en septembre 2008 suite au retrait des plaintes des deux domestiques qui les accusaient de maltraitance. Tripoli exige des excuses officielles, ce que Berne refuse.
La Libye a en outre déposé fin avril dernier une plainte civile contre l'Etat de Genève. Pour mémoire, deux hommes d'affaires suisses sont retenus depuis près d'un an dans le pays de Mouammar Kadhafi.
L'an dernier, Tamoil avait annoncé que le gouvernement libyen interrompait les livraisons de pétrole à la Suisse après cette arrestation.
Berne veut éviter tout catastrophisme
Les sources d'approvisionnement pétrolier tendent à se modifier considérablement et rapidement au fil du temps, relève en guise d'éclairage Sébastien Dupré de l'Administration fédérale des douanes (AFD). Ainsi, les livraisons de brut venant d'Azerbaïdjan ont-elles «explosé» depuis janvier.
Le phénomène prouve que la Suisse n'a guère de souci à nourrir quant à son approvisionnement pétrolier. Il obéit à une logique d'opportunité économique.
Pour mémoire, avant que la Libye ne devienne l'espace d'un temps le premier fournisseur de la Suisse, ce rôle était dévolu au Nigeria.
Du côté de l'AFD, on ne livre pas d'analyse plus approfondie. Le pétrole libyen arrive en Suisse par oléduc depuis Gênes, en Italie, lequel alimente la raffinerie de Collombey (VS), en mains de la compagnie libyenne Tamoil. Le site a d'ailleurs fait connaître ces derniers mois sa volonté de varier ses sources d'approvisionnement.