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Horlogerie: 2009 sera une année difficile

Jean-Daniel Pasche et Doris Leuthard sont pessimistes sur le court terme, mais pas le long.
Jean-Daniel Pasche et Doris Leuthard sont pessimistes sur le court terme, mais pas le long.
La Fédération horlogère suisse a tenu son assemblée générale sur fond de crise mondiale. Doris Leuthard et le président de la FH se sont montrés pessimistes sur l'avenir proche. La branche doit aussi lutter contre des contrefaçons toujours mieux exécutées, a révélé la TSR.

La Suisse a mis en place un ensemble de mesures pour amortir le
choc conjoncturel, a rappelé la ministre de l'économie. Convaincue
que les effets de la crise mondiale seront plus forts après la
pause estivale, elle table sur des commandes et des exportations en
baisse, une montée du chômage et un recul de la consommation.



"C'est par gros temps qu'il est important d'échanger et de
planifier l'avenir", a indiqué Doris leuthard, reconnaissant que le
secteur horloger est "encore très affecté" par le climat économique
difficile.

Sombres perspectives

"Il ne faut pas s'attendre à une amélioration rapide en Suisse,
le moteur économique va se remettre en marche très lentement", a
déclaré Doris Leuthard. Elle a toutefois estimé que "l'impulsion
conjoncturelle" donnée par la Confédération avec son troisième plan
de relance sera suffisante.



Selon un groupe d'experts de la Confédération, le recul du PIB de
la Suisse devrait atteindre 2,7% en 2009, puis -0,4% en 2010. Le
taux de chômage devrait atteindre 3,8% cette année et 5,5% en
2010.

Mais une touche d'espoir

Bien positionnée, "la Suisse n'a pas de problèmes structurels,
pas de crise immobilière, pas de crise de crédits", a-t-elle
ajouté. Elle a réaffirmé l'enjeu que représente pour les
entreprises suisses, très exportatrices, un réseau dense d'accords
de libre-échange bilatéraux.



L'accord signé entre les Etats de l'AELE et les Etats du Golfe
dans le commerce des marchandises -qui élimine les droits de douane
sur les produits industriels - va permettre à l'horlogerie
d'économiser 60 millions de francs, a relevé Jean-Daniel Pasche,
président de la FH.

D'autres accords en cours

D'autres accords sont déjà en cours d'élaboration. Les
négociations devraient aboutir dès cet été avec Hong Kong, premier
partenaire asiatique de l'horlogerie. La Russie, l'Ukraine, la
Chine sont aussi inscrits au programme.



"Je suis confiante que nous arriverons à clore le Cycle de Doha en
2010", a par ailleurs, annoncé Doris Leuthard. L'aboutissement de
ces discussions au sein de l'Organisation mondiale du commerce
(OMC) se soldera par un abaissement des droits de douane américains
de 5,4 à 2,8%, soit 68 millions de francs économisés pour
l'horlogerie.



En Chine, les exportateurs suisses pourraient faire l'économie de
30 millions par an, les droits de douane sur ce marché étant
ramenés de 15,9 à 8,7%. "Avec l'achèvement du Cycle de Doha, l'Inde
va devoir consolider tous ses droits de douane". Le nouveau taux
passerait de 40% actuellement à seulement 13,9%. Encore une bonne
nouvelle pour l'horlogerie.

De l'optimisme aussi du côté des horlogers

"2009 sera une année négative", a aussi estimé Jean-Daniel
Pasche, président de la Fédération de l'industrie horlogère suisse
(FH). "On ne sait pas quand la crise sera résorbée car le sentiment
d'incertitude qui prévaut peut encore freiner la consommation",
a-t-il ajouté.



Après un avoir enregistré une croissance de 6,7% en valeur en
2008, les exportations horlogères suisses ont nettement fléchi
depuis début 2009. La baisse atteint 25% en cinq mois.



Transcendant les prévisions de Doris Leuthard, le président de la
FH espère "un moins mauvais second semestre". L'horlogerie suisse
reste saine et ne s'affaiblit pas à ses concurrents. Elle a les
moyens de rebondir le moment venu car "elle a des atouts
importants", a assuré Jean-Daniel Pasche.



agences/bri

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Des contrefaçons plus vraies que nature

Outre la crise, l'horlogerie est confrontée à une spectaculaire amélioration de la qualité des contrefaçons.

Selon une enquête de la TSR, pour la première fois des contrefaçons sont équipées de faux

mouvements presque identiques aux originaux, jusqu'au poinçon de la manufacture ETA, filiale de Swatch.

Seuls les spécialistes de la fédération horlogère, aidés d'appareils de mesures électroniques, parviennent désormais à détecter les contrefaçons. La différence entre un vrai poinçon ETA et un faux est parfois d'un dixième de millimètre.

Aujourd'hui, les copies sont tellement bien réalisées que les douaniers en sont réduits à détecter les fausses montres à leur emballage.

Equipées de ce poinçon, les fausses montres se retrouvent dorénavant sur le marché gris, le marché des vraies montres à prix réduit, où elles passent quasiment inaperçues.

Quelque 28'000 fausses montres ont été détruites l'an dernier.

L'entrée en vigueur au 1er juillet 2008 de nouvelles dispositions légales permet aux douaniers suisses de confisquer et d'éliminer les pièces contrefaites entrées dans le pays, même celles des particuliers

Près de 40 licenciements chez Cortech

L'entreprise Cortech à Cornol va licencier une quarantaine de ses 127 collaborateurs d'ici les vacances d'été. La manufacture de boîtes de montres jurassienne appartenant au groupe Tag Heuer invoque une forte baisse de ses activités liée à la crise économique.

Les employés de l'entreprise ont été informés mercredi (hier), a précisé jeudi à l'AP Jean-Claude Ferniot, directeur général de Cortech.

Un plan social est prévu et des négociations sont en cours avec les syndicats. Des mesures de chômage partiel sont aussi envisagées. Le nombre exact des licenciements n'est pas encore fixé: il dépendra notamment des discussions avec les syndicats.

"On espérait que la crise n'allait pas perdurer au-delà de 12 mois. Aujourd'hui, nous sommes obligés de nous redimensionner pour la surmonter", a précisé Jean-Claude Ferniot.