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Les écarts salariaux continuent de se creuser, dénonce Travail Suisse

Le président de Travail.Suisse Adrian Wütrich présente la 15e étude sur les salaires des managers menée par la centrale syndicale. [Keystone - Anthony Anex]
Les écarts salariaux continuent de se creuser en Suisse / Le 12h30 / 1 min. / le 24 juin 2019
L'écart entre les salaires les plus bas et les plus élevés s'est creusé en 2018. Alors que la pression salariale augmente pour les bas revenus, nombre de dirigeants se sont permis des augmentations généreuses, dénonce la central syndicale Travail.Suisse.

La publication lundi de la 15e étude sur les salaires des managers, menée auprès de 26 entreprises par Travail.Suisse, rappelle qu'entre 2011 et 2018, l'écart salarial moyen a progressé de 1:45 à environ 1:51. Loin d'être l'apanage des entreprises financières ou pharmaceutiques, cette évolution est relevée dans l'ensemble des secteurs d'activité, souligne l'association de défense de travailleurs.

En termes absolus, la palme de l'écart salarial toutes catégories confondues revient cependant à Roche (1:257), devant les deux paquebots bancaires UBS (1:252) et Credit Suisse (1:226). Sans surprise, leurs patrons respectifs sont les seuls dont la rémunération a dépassé les 10 millions de francs en 2018.

L'initiative Minder jugée inefficace

L'initiative Minder "contre les rémunérations abusives" (entrée en vigueur début 2014) ne parvient pas à stopper cette tendance, et les mesures mises en oeuvre dans la révision du droit de la société anonyme ne sont pas assez efficaces, selon les auteurs de l'étude, qui fustigent le manque de transparence, les indemnités d'entrée et de départ ainsi que l'approbation incohérente et l'absence de limite pour les bonus.

"Avec une telle mise en oeuvre, l'initiative contre les rémunérations abusives reste évidemment sans effet", constate le président de Travail.Suisse Adrian Wütrich, reprochant l'apathie du monde politique face à ce qu'il qualifie de "ruée absurde sur les bonus".

Des postes dirigeants réservés aux hommes

Un événement important du débat est l'adhésion du Conseil des États aux seuils limités de représentation des sexes dans les directions et dans les conseils d'administration car à l'inégalité salariale s'ajoute celle des genres. Dans presque la moitié des entreprises examinées, les organes dirigeants sont exclusivement masculins. Sur les 208 postes dirigeants recensés, seuls 19 étaient occupés par des femmes à fin 2018, soit une part de 8,8%, un chiffre jugé "scandaleux" par Travail.Suisse.

Le tableau est légèrement plus réjouissant en ce qui concerne la représentation féminine dans les conseils d'administration qui a doublé au cours de la dernière décennie, pour atteindre 25,6% fin 2018. Toutefois, la Suisse se situe sensiblement au-dessous de la moyenne européenne évaluée à 29%.

>> Ecouter l'interview de Stéphane Garelli, professeur d'économie à l'IMD à Lausanne :

Stéphane Garelli, professeur IMD et Université de Lausanne [garelli.ch]garelli.ch
L'écart salarial progresse en Suisse malgré l'initiative Minder: interview de Stéphane Garelli / Forum / 4 min. / le 24 juin 2019

ats/kosco

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