Après avoir résisté aux avances d'InBev pendant un mois, le
conseil d'administration d'Anheuser-Busch a fini par baisser les
armes et par accepter une offre améliorée, à hauteur de 70 dollars
en cash par action Anheuser-Busch, contre 65 dollars lors de
l'offre initiale en juin, selon un communiqué commun publié
lundi.
Le mariage des deux brasseurs va donner naissance à une nouvelle
société baptisée "Anheuser-Busch InBev", représentant un chiffre
d'affaires annuel de 36,4 milliards de dollars et 460 millions
d'hectolitres de ventes, avec dans son escarcelle des marques à
succès comme Stella Artois, Beck's et la blonde légère Budweiser,
la bière étendard du brasseur américain.
Aucune fermeture aux USA
Ce rapprochement signifie aussi la fin de près de 150 ans
d'indépendance pour Anheuser-Busch, un groupe basé à Saint-Louis,
dans l'Etat du Missouri. Le groupe américain parvient toutefois à
sauver l'essentiel: il a obtenu qu'aucune de ses brasseries aux
Etats-Unis ne soit fermée, malgré des économies d'au moins 1,5
milliard de dollars par an d'ici 2011 attendues du mariage. 40% du
chiffre d'affaires du groupe combiné sera à l'avenir réalisé aux
Etats-Unis.
Les entreprises s'attendent à finaliser la transaction dès la fin
de cette année. Le mariage ne devrait à leurs yeux guère poser de
problème de concurrence, les deux groupes étant positionnés sur des
marchés différents.
Jusqu'ici le marché mondial de la bière était dominé par trois
rivaux d'une taille comparable: InBev - né lui-même d'une fusion en
2004 entre le géant belge Interbrew et le brésilien AmBev -, le
britannique SABMiller, et Anheuser-Busch, leader aux Etats-Unis
avec 48,5% du marché. Derrière ce nouveau géant, le numéro deux du
marché sera relégué loin: SABMiller réalise 21 milliards de dollars
de chiffre d'affaires (lire encadré).
Lutte acharnée
Cet accord, qui doit encore être soumis aux actionnaires,
permettra de mettre un terme à un projet qui menaçait de
s'envenimer. Récemment, les négociations avaient tourné à l'aigre,
les deux groupes s'étant adressés aux autorités de régulation et à
la justice américaine.
Les discussions ont pu finalement être débloquées grâce au soutien
de plusieurs actionnaires majeurs d'Anheuser-Busch, notamment
l'influent milliardaire américain Warren Buffett, favorables au
rachat. Sur le plan financier, la transaction devrait avoir un
effet neutre sur le bénéfice par action de l'entité commune en
2009, devenant positif à partir de 2010, selon le communiqué.
afp/hof
La concentration dans le secteur brassicole
Ce mariage marque une nouvelle étape dans le mouvement de concentration engagé depuis plusieurs années dans le secteur brassicole.
Après la création d'Inbev, SABMiller s'est rapproché en octobre aux Etats-Unis de Molson Coors, tandis qu'en janvier Heineken s'est allié avec le danois Carlsberg pour démanteler le britannique Scottish and Newcastle.
Les brasseurs sont confrontés d'une part au ralentissement de certains marchés historiques (depuis plusieurs années, dans les pays grands buveurs de bière d'Europe occidentale comme l'Allemagne, le Royaume-Uni ou la Belgique, la consommation stagne ou recule), d'autre part à la flambée des matières premières, à commencer par les cours du houblon ou du malt.
La force de l'euro a joué un rôle
La vigueur du taux de change de l'euro face au dollar a sans doute aussi joué un rôle dans la décision d'InBev de jeter son dévolu sur l'américain Anheuser-Busch, rendu encore plus attractif sur le plan financier par la baisse du billet vert.
En raison des rumeurs qui ont circulé au sujet du rachat la semaine passée, les actions des deux groupes ont bondi de plus de 7% vendredi en Bourse, Anheuser-Busch terminant à 66,50 dollars à New York et InBev à 44,50 euros à Bruxelles.