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Les paysans disent leur colère et leur détresse

Les paysans suisses ont lancé un appel au secours sur la prairie de Sempach.
Les paysans suisses ont lancé un appel au secours sur la prairie de Sempach.
Plusieurs milliers de paysans - 10'000 selon les organisateurs - se sont réunis samedi à Sempach (LU) pour exprimer leur mécontentement et leur détresse face à la libéralisation en marche dans le monde agricole et la baisse du prix du lait.

Les paysans demandent l'abandon immédiat des négociations en vue
d'un accord de libre-échange agricole avec l'UE et la mise en place
d'un dispositif imposant à tout le marché laitier une
réglementation des quantités.



La suppression du contingentement laitier en mai 2009 a engendré
un accroissement de la quantité de lait, avec pour corollaire de
fortes baisses de prix, rappellent les producteurs de lait. Avec un
prix du lait de 60 centimes, aucun paysan n'est à même de couvrir
ses coûts, ont fait valoir les organisations paysannes.

Trop petits

Il fallait s'y attendre en raison de la structure même du marché
laitier, qui voit de petits producteurs réunis en de multiples
structures faire face à quelques grands transformateurs, a souligné
le président de la FPSL Peter Gfeller.



Outre la baisse du prix du lait, les paysans doivent encore
s'attendre à perdre encore 50% de leurs revenus si les négociations
en vue d'un accord de libre-échange agricole avec l'UE aboutissent,
relève l'USP.



De nombreuses exploitations n'y survivraient pas. Les coûts d'un
tel accord sont sans commune mesure avec les maigres bénéfices
qu'il pourrait procurer, sans parler des conséquences en termes
d'écologie de protection des animaux ou de protection sociale. Le
Conseil fédéral est prié de faire marche arrière. "En lieu et
place, il faut poursuivre sur la voie bilatérale", préconise
l'USP.

"Appel au secours"

Pour l'USP, la manifestation est à comprendre comme un "appel au
secours" et comme un "message sans équivoque adressé au
gouvernement et au monde politique": "on a atteint les limites du
supportable".



Pour l'UDC, "l'enjeu final est ni plus ni moins la pérennité d'une
production agricole durable en Suisse". "On n'a pas le droit de
sacrifier nos familles paysannes sur l'autel d'un libéralisme
effréné", écrit le parti.



agences/cab

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Doris Leuthard épinglée

Pour le président de l'UDC Toni Brunner, la coupable de cette situation est toute désignée: c'est la conseillère fédérale Doris Leuthard, avec sa stratégie des prix bas.

La ministre de l'Economie mène une politique irresponsable envers les paysans et la population suisse, a-t-il accusé.

L'UDC mobilisée

Le rassemblement était organisé par la fédération alémanique BigM, à l'origine de la grève du lait de 2008, le Bäuerliche Zentrum Schweiz (BZS) et l'UDC Suisse.

Il a reçu le soutien de diverses organisations paysannes dont l'USP, Uniterre et "La vrille" du vigneron genevois Willy Cretegny.

La manifestation s'est tenue sur les lieux de la bataille de Sempach, qui a vu il y a 623 ans les Confédérés vaincre les Habsbourg, posant ainsi un acte fondateur de l'indépendance de la Confédération.