Il suffit de marcher quelques minutes dans le centre-ville pour s’en rendre compte. Rideaux baissés, et affiches "à reprendre" sont de plus en plus courantes à Genève.
Autrefois cantonné à la périphérie, le phénomène touche maintenant les rues les plus fréquentées. Propriétaire d’une petite librairie dans le quartier du Stand depuis 40 ans, Zita Süsköd en fait chaque jour le constat : "Je suis très inquiète parce que je vois sans arrêt des vitrines qui se vident, des commerçants qui ferment, c’est comme une gangrène à Genève."
Un chiffre qui double en 4 ans
Entre 2014 et 2018, le nombre d’arcades vides recensées par l’Office cantonal de la statistique de Genève a quasiment doublé, passant de 69 à 120. Les chiffres consolidés de 2019 ne seront publiés qu’en août prochain, mais la RTS a fait le décompte des annonces immobilières actuellement en ligne.
>> Lire aussi : Des centaines de locaux commerciaux sont inoccupés en Suisse romande
A ce jour, plus de 180 arcades sont à louer dans le canton de Genève. Leader de la location de surfaces commerciales, le directeur de RemiCom se veut rassurant : "L’été dernier on avait un peu honte d’amener des clients extérieurs qui ne connaissaient pas la Suisse car il y avait énormément de surfaces à louer. Aujourd’hui, il commence à y avoir un retour d’enseignes et de clients qui sont intéressés pour venir s’installer à Genève."
Le prêt à porter particulièrement touché
Fortement concurrencés par les achats sur internet, le prêt à porter et les magasins de chaussures sont les principaux commerces touchés par la crise. Mais à Genève, les difficultés sont aggravées par la proximité avec la frontière française et les loyers des arcades, notamment dans les Rues-Basses.
"Les enseignes ne peuvent pas payer des loyers de 65'000 francs par mois pour 120 mètres carrés, ce qui fait quand même plus de 700'000 francs par an. Aujourd’hui les propriétaires écoutent et font des efforts pour adapter les loyers par rapport au marché difficile dans le commerce de détails", explique Olivier Nimis.
Malgré la baisse des loyers, la reprise ne sera pas immédiate prévient Jean-Baptiste Rogasik, directeur adjoint de l’agence Brolliet à Genève : "Il y a un réajustement du marché qui va s’opérer mais progressivement. Typiquement on l’a vu sur le marché des surfaces de bureaux à Genève, c’est un marché qui a longtemps souffert et on voit aujourd’hui que les loyers se sont stabilisés et que la demande est repartie à la hausse". Actuellement, les propriétaires d’arcades doivent compter en moyenne entre 8 et 15 mois avant de trouver un repreneur.
Cécile Tran-Tien