Après avoir envahi le parking de la grande surface avec une
soixantaine de tracteurs, ils ont pénétré dans le magasin, a
remarqué la TSR. Chacun muni d'un caddie, les agriculteurs ont
paralysé le commerce alors que de nombreux clients faisaient leurs
courses.
Au rayon des produits laitiers, les manifestants ont collé des
autocollants sur des briques de lait, réclamant une rémunération de
1 franc par litre pour les producteurs, soit environ le double de
ce qu'ils touchent aujourd'hui. Leur action a bloqué le magasin
pendant une heure environ.
Revendications d'une profession
Les paysans demandent l'abandon immédiat des négociations en vue
d'un accord de libre-échange agricole avec l'UE et la mise en place
d'un dispositif imposant à tout le marché laitier une
réglementation des quantités.
On n'en peut plus de
vivre avec des prix pareils.
Nicolas Bezençon,
secrétaire du syndicat Uniterre
La suppression
du contingentement laitier en mai 2009 a engendré un accroissement
de la quantité de lait, avec pour corollaire de fortes baisses de
prix, se plaignent les producteurs de lait. Avec un prix d'achat du
lait de 60 centimes, aucun paysan n'est à même de couvrir ses
coûts.
"On n'en peut plus de vivre avec des prix pareils", s'est insurgé
le secrétaire du syndicat Uniterre, Nicolas Bezençon, ajoutant: "La
pression monte".
Vendredi, 80 tracteurs ont bloqué l'artère centrale de la ville
d'Yverdon-les-Bains. A Genève, les producteurs ont aussi déambulé
avec des tracteurs, s'arrêtant notamment devant deux magasins
Migros pour vendre leur lait directement aux passants. D'autres
actions ont aussi eu lieu à Aigle et à Monthey. Lundi, Uniterre a
prévu une action à la centrale d'achat de Migros près
d'Yverdon.
Appel à la grève en Suisse alémanique
L'association alémanique de producteurs de lait Big-M
(Bäuerlichen Interessengruppe im Marktkampf) a de son côté appellé
à la grève samedi. Quelque 400 producteurs auraient cessé leurs
livraisons à travers tout le pays.
Big-M entend protester contre la décision prise vendredi soir par
l'Interprofession du lait (IP Lait), qui regroupe producteurs et
transformateurs, de relever le prix indicatif du lait de 61,6 à 62
centimes par kilo. Ce prix n'a toutefois qu'une valeur de
recommandation, le prix réellement payé étant négocié entre
producteurs et transformateurs.
L'organisation Big-M estime que cette mesure ne représente pas une
solution adéquate, indique-t-elle samedi. Elle plaide pour une
limitation de la quantité de lait mise sur le marché.
Big-M explique également soutenir le mouvement de protestation
européen des paysans en "lutte pour leur survie". En France et en
Allemagne aussi, les producteurs demandent une hausse du prix du
lait.
agences/sbo/bri
Manifestation à la frontière franco-germanique
Deux vaches en carton, l'une aux couleurs de la France et l'autre de l'Allemagne, escortées par des producteurs de lait en colère, se sont rencontrées samedi à la frontière entre les deux pays, sur le pont de Kehl, d'où ont été déversés deux grands pots à lait.
Dénonçant un prix d'achat du lait qui ruine leurs exploitations, 250 producteurs selon la coordination rurale du Bas-Rhin (est de la France), 150 selon la police, ont rallié à la mi-journée le pont autoroutier avec quelque 90 tracteurs et tonnes de lait.
Venus pour la plupart du Pays de Bade (ouest de l'Allemagne), les producteurs devaient en début d'après-midi déverser une quinzaine de tonnes de lait dans un champ mis à disposition par un agriculteur près de Kehl, la ville frontière allemande.
Vendredi, les producteurs de lait français ont déversé des millions de litres de lait dans le pays dans le cadre d'une "journée blanche".
Le secteur du lait en Europe traverse une crise grave, marquée par une chute des prix. Selon les syndicats de producteurs, le litre de lait vaut 18 à 24 centimes, alors que les coûts de production avoisinent les 40 centimes.