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Le paiement sans contact prend son envol en Suisse

Le paiement sans contact peut se faire à l'aide d'un smartphone ou d'une carte de débit. [Keystone - Christian Beutler]
Le paiement sans contact prend son envol en Suisse / La Matinale / 1 min. / le 14 août 2019
A l'heure des paiements en ligne et de la multiplication des crypto-monnaies, notre rapport au cash change. Pour preuve, les banques suisses s’adaptent en fermant des guichets et en réduisant le nombre de bancomats.

C'est un geste simple et rapide. Il suffit de passer sa carte devant un appareil. Il est possible de payer directement et sans code un montant allant jusqu'à 40 francs. Ce geste a été répété 37 millions de fois en Suisse lors du mois de mai 2019. Et pour la première fois, plus d'un milliard de francs ont été dépensés grâce à cette technique ce même mois, selon la Banque nationale suisse (BNS). Une somme qui a doublé en une année.

Petit à petit cette technologie remplace la carte à code (NIP). Mais pas seulement. L'UBS estime que les retraits d'argent liquide dans ses bancomats ont diminué de 30% en 5 ans, peut-on lire dans le Tages Anzeiger. Même son de cloche chez Credit Suisse. Après avoir réduit le nombre des guichets, les grandes banques vont lentement s'attaquer aux distributeurs de billets (>> Lire: Au pays des banques, les bancomats sont en voie de disparition ).

Le numéraire reste le moyen de paiement privilégié pour les petits montant, mais la société "no cash" est à nos portes. Les wallets ou porte-monnaie numériques ont déjà envahi l'Europe. Selon une étude publiée par Visa, 68% des Européens ont déjà réglé un achat avec un service de paiement mobile. En Suède, 80% des paiements se font sans argent liquide. Cette révolution a ses leaders. Leurs noms: Paypal, Alipay, Wechat Pay, Revolut, Apple Pay, Google Pay... et prochainement Libra et son wallet Facebook, Calibra.

"En Suisse, nous avons été un peu freinés par les acteurs locaux qui développent leurs propres solutions, qui ne sont pas mauvaises", analyse Philippe Cudré-Mauroux, professeur et spécialiste en big data à l’Université de Fribourg. "Les grandes plate-formes de paiements digitaux sont encore peu accessibles ici, mais leur arrivée semble inévitable."

Les avantages sont nombreux pour le consommateur: facile d'utilisation, intuitif, sécurisé, possibilité d'achats en ligne, transfert d'argent mondialisé.

Mais il y a des revers. L'argent dématérialisé pousse à la consommation. En un clic, un site internet vous livre à la maison l'objet de vos rêves sans que vous ayez consulté l'état de votre compte. Il s'agit donc d'être attentif à ne pas dépenser plus que l'on peut se permettre. Les systèmes de commissions sont également complexes et nous n'avons pas tous les mêmes connaissances en matière de technologie, ni les mêmes instruments. Mais surtout, il va devenir quasiment impossible de rester anonyme.

Fin de l'anonymat

"Il devient plus facile de suivre quelqu'un qui utilise uniquement des moyens de paiement digitaux", estime Philippe Cudré-Mauroux. "Le problème majeur est la concentration de ces informations entre les mains de 4-5 grandes entreprises mondialisées. Elles peuvent donc créer des profils et faire du ciblage pour construire des services personnalisés". Dès lors, il devient possible de cibler les offres en fonction du pouvoir d'achat de l'internaute. "Si vous dépensez peu d'argent, l'algorithme pourrait penser qu'une offre intéressante est trop chère pour vous et donc ne pas vous la proposer. Il peut y avoir de la discrimination."

La Suisse doit réviser sa loi sur la protection des données. Normalement à l’automne. Mais il n'est pas certain que le volet du paiement en fasse partie. "Les paiements devraient faire partie de nos données privées. Cela devrait être beaucoup plus compliqué pour les entreprises de stocker et d'analyser nos données de paiement. Ce n'est pas vraiment le cas. Les données d'achat sont importantes pour la publicité ciblée".

Pascal Wassmer

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Locarno teste le cash free

La Rotonda, c'est le village du festival du film de Locarno. On peut y voir des concerts, flâner entre les Food Trucks ou encore faire des emplettes. Mais cette année, les exposants n'acceptent plus d'argent comptant. Il s'agit de payer uniquement avec sa carte de crédit, de débit ou une carte prépayée du festival.

Pourquoi les organisateurs ont-ils banni le cash? Le système est plus rapide, selon Raphaël Brunschwig, directeur des opérations du Festival du film de Locarno sur le site tio.ch. Mais surtout, il permet plus de transparence et un contrôle rapide et sûr.

Mais la grogne monte sur internet. On dénonce le fait de devoir payer un bonbon avec une carte de crédit ou encore des files d'attente plus longues pour payer. Un avant-goût d'une société sans cash.