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Estavayer: les producteurs de lait manifestent

Cent producteurs de lait ont bloqué l'entrée d'une filiale de Migros lundi à Estavayer.
Cent agriculteurs et leurs tracteurs sont venus bloquer l'entrée de la filiale de Migros.
A l'instar de leurs homologues européens, près de 200 producteurs de lait ont bloqué lundi matin les entrées de l'entreprise ELSA, à Estavayer-le-Lac (FR). Un peu partout en Suisse, des réunions d'agriculteurs doivent décider d'un éventuel durcissement du mouvement.

En bloquant une filiale de Migros, un des quatre grands
acheteurs de lait en Suisse, près de 200 paysans et une centaine de
tracteurs, selon Uniterre, ont empêché des camions de marchandises
d'accéder à l'usine. Ils les ont obligé à faire demi-tour, a
indiqué à l'ATS Valentina Hemmeler, secrétaire d'Uniterre.



Sur les tracteurs, on pouvait lire des slogans tels que «Révolte
paysanne» ou «Les petits crèvent, les gros s'engraissent». «Les
producteurs se maîtrisent mais sont déterminés», a-t-elle affirmé,
assurant que la manifestation s'est déroulée dans le calme.

«Sans discussion, pas d'arrêt du mouvement»

Le syndicat Uniterre souhaite que Doris Leuthard, ministre de
l'économie, organise rapidement une discussion entre les parties.
«Pas de discussion, pas d'arrêt du mouvement», prévient Valentina
Hemmeler.



Mais l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG) n'est pas de cet
avis. «La seule institution représentative, c'est l'interprofession
du lait», affirme Jean-Marc Chappuis porte-parole de l'OFAG. «Les
manifestants à l'origine du blocage de l'entreprise ELSA sont une
minorité non représentative des 27'000 producteurs de lait en
Suisse», a-t-il déclaré à l'ATS. «L'Etat n'interviendra pas tant
qu'un consensus n'aura pas été trouvé au sein de l'interprofession
du lait», a-t-il ajouté.

Pas une image positive

Mais pour le moment, les discussions au sein de
l'interprofession, qui réunit les producteurs mais aussi les
industries, sont au point mort. C'est d'ailleurs la décision de
l'interprofession de ne relever le prix indicatif du litre de lait
que de 0,4 centime, à 62 centimes, qui a mis le feu aux poudres. La
revendication principale du mouvement de protestation est d'obtenir
un prix de un franc par litre de lait.



Du côté d'ELSA, qui ne soutient pas l'évènement, on souligne que
les manifestants ne représentent pas ses partenaires contractuels.
Son exploitation ayant été perturbée, elle en évalue actuellement
les conséquences économiques.

Mouvement général

Selon Nicolas Bezençon, secrétaire à Uniterre, le mouvement de
grévistes s'étend largement. «Il n'est pas impossible que les
rayons lait de Coop ou Migros soient bientôt vide», a-t-il affirmé
à l'ATS, ajoutant que «le mouvement monte en puissance et devrait
durer».



Pour le moment, les cantons de Neuchâtel et Fribourg sont restés à
l'écart de la protestation. «Les producteurs de ces cantons sont
liés par contrats directs avec les centrales d'achat. Toute grève
équivaut à une rupture de contrat. Alors ils hésitent», justifie
Nicolas Bezençon. Quant à Genève et Jura, les producteurs se sont
déjà manifestés, notamment par des ventes de lait. Des réunions
sont prévues dans les semaines à venir sur un éventuel durcissement
du mouvement.



Mardi, une parade de tracteurs est annoncée dans le Jura bernois
et une assemblée de producteurs se réunira à la Chaux-de-Fonds pour
donner une impulsion au mouvement. Des actions de vente de lait
sont prévues mercredi à Lausanne et dans le Chablais ainsi que
samedi à Genève.

Appel européen

Les protestations des paysans
suisses rejoignent celles de leurs homologues européens. Lundi, des
agriculteurs ont déversé un «lac de lait» devant la Commission
européenne, en plein centre de Bruxelles.



"Cette action est symbolique, mais près de 40 millions de litres
de lait seront déversés ailleurs en Europe aujourd'hui" par les
agriculteurs en grève du lait, a affirmé Romuald Schaber, président
de l'EMB.



Erwin Schöpges, président de l'organisation belge Milk Producer
Interest Group (MIG), n'a pu retenir un sanglot en ouvrant les
robinets. Dans une lettre qu'il entendait remettre lundi à José
Manuel Barroso, le président de l'EMB réclame "la mise en place de
mécanismes efficaces afin d'assurer une production et un
approvisionnement stable de lait" en Europe. Les gouvernements ont
réagi ces derniers jours: 19 pays européens ont signé un texte
appellant à une nouvelle régulation du secteur laitier.



ats/bri

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