Valeur refuge durant les temps d’incertitude économique, le franc suisse se rapproche de la parité avec l’euro. A l'heure actuelle, l'euro coûte à peine 1,08 franc.
"Pour nous, c'est un vrai souci. Concrètement, on travaille sur des plans d’amélioration de la productivité. Comment peut-on gagner encore plus de marge? Parce qu'à chaque fois que le franc suisse se renforce, on perd de la marge", s'alarme Jérôme Chanton, directeur de Kugler Bimetal. Cette entreprise métallurgique du Lignon (GE) exporte 60% de sa production dans les pays l'Union européenne.
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Entrées de commandes en baisse
Concrètement, Kugler Bimetal a perdu un million de francs en un peu plus d'année avec la chute de l'euro. Et cette entreprise genevoise n'est de loin pas une exception, comme l'indique Philippe Cordonnier, responsable romand de Swissmem, la faîtière de l'industrie des machines: "On a constaté un fort ralentissement des entrées de commandes depuis le début de l'année. Cela se traduit aussi par une baisse du chiffre d'affaires et, malheureusement, nous sommes assez pessimistes pour les prochains mois."
Un pessimisme qui est confirmé par l'un des indicateurs économiques les plus fiables dans l'industrie: l'indice des directeurs d'achat. Celui-ci est en chute continue et vient d'atteindre son plus bas niveau depuis 2009. En clair, les investissements baissent massivement dans l'industrie.
Risque de chômage
Aujourd'hui, même les entreprises qui vont bien anticipent des baisses de commandes, comme l'explique Pierre Castella, administrateur du groupe Dixi au Locle (NE): "Nos clients travaillent beaucoup avec la Chine et les Etats-Unis. Si le conflit commercial entre ces deux pays se poursuit, cela aura forcément un impact sur nos activités."
Avec la guerre des taxes sino-américaine, la récession qui guette l'Allemagne et le Royaume-Uni secoué par le Brexit, l'emploi va souffrir en Suisse au cours des prochains mois. "Il y a clairement un risque d'augmentation du chômage à temps partiel ou complet", explique Philippe Cordonnier De son côté, Kugler Bimetal a déjà pris des mesures: les postes fixes ont été sauvés mais la dizaine d'emplois temporaires a été supprimée.
Nicolas Rossé/kg