Cette évolution est parfaitement logique, selon le spécialiste
de la branche Karl Lüönd. Les hausses de prix annoncées pour le 1er
janvier vont de 1% pour les abonnés de la Aargauer Zeitung à 11%
pour ceux du Temps, selon une enquête de l'ATS non exhaustive.
Changements dans le marché publicitaire
L'information de
haute qualité est un bien cher.
Markus
Spillmann, rédacteur en chef de la NZZ
Mais
parfois, les tarifs entre début 2009 et début 2010 explosent
carrément en raison de hausses cumulées. Ainsi, le prix d'un
abonnement à la NZZ passera en janvier de 488 francs à 512 francs
par an (+5%).
En août, il se montait encore à 443 francs. Au final, la hausse
avoisine les 16%. "L'information de haute qualité est un bien
cher", explique le rédacteur en chef du quotidien zurichois Markus
Spillmann dans une lettre accompagnant la nouvelle facture pour
2010.
Jusqu'ici, le prix de la qualité était pris en charge par les
annonces en plus des abonnements. Les changements structurels dans
le marché publicitaire ont fragilisé cet équilibre. Outre des
mesures d'économies dans les entreprises de presse, des adaptations
de tarifs ont dû être décidées. Il s'agit de renforcer le second
pilier des recettes, en l'occurrence le prix payé par le lecteur,
renchérit le porte-parole de Tamedia Christoph Zimmer.
Hausse aussi au Matin et à 24 heures
Chez Edipresse et Tamedia, les
augmentations semblent plus modérées qu'au Temps ou dans le groupe
NZZ. L'abonnement annuel au Matin et à 24 heures passe de 379 à 389
francs, soit une hausse de 2,6%. Titre-phare de Tamedia, le
Tages-Anzeiger voit son abonnement annuel renchérir de 2,7% à 374
francs.
A noter que de manière générale, les prix au numéro augmentent
aussi. En ce sens, Le Matin semble faire exception. L'augmentation
des prix n'est pas nécessairement un mal, au contraire, note le
spécialiste des médias et chroniqueur Karl Lüönd. Le fait que le
lecteur paye plus pour son journal est "logique et honnête",
analyse-t-il.
Fidélité des lecteurs en jeu
Le modèle de financement actuel, qui veut que 2/3 des revenus
viennent de la publicité et 1/3 de la vente, a de tout temps donné
trop de poids aux annonces. Le fait que les prix grimpent davantage
au sein du groupe NZZ est d'ailleurs révélateur, selon lui. "Cette
entreprise est suffisamment sûre d'elle pour dire que le contenu de
ses journaux a une certaine valeur".
Avec les suppressions d'emplois dans la branche, l'offre des
journaux ne s'est certainement pas améliorée ces derniers mois.
Mais Karl Lüönd ne pense pas que les abonnés vont laisser tomber
leur journal en raison de la hausse des prix. Tamedia ne doute pas
un instant de la fidélité de ses lecteurs. La majorité d'entre eux
savent à quel point il est important que leur journal ait les reins
solides, explique Christoph Zimmer.
Tous les journaux n'augmentent cependant pas leurs tarifs. Le
Matin Dimanche continuera par exemple à coûter 4 francs, selon la
porte-parole d'Edipresse Sylvia Wuersten. Propriétés de Ringier, le
Blick et SonntagsBlick ne seront pas plus chers en 2010.
ats/hof
Un regroupement, des suppressions de postes
L'année 2009 aura été marquée par la fusion de Tamedia et d'Edipresse. En mars, les deus groupes annonçaient la reprise des activités suisses du plus grand éditeur romand par le groupe alémanique Tamedia. A la clé, la disparition du journal gratuit Le Matin Bleu au profit de 20 minutes, entraînant la disparition de 9,3 postes.
Edipresse avait déjà annoncé en février dernier le licenciement de 19 employés dans le secteur de l'expédition des journaux au centre d'impression de Bussigny (VD). De son côté, Tamedia avait pris des mesures d'économies à hauteur de 47,8 millions de francs au premier semestre 2009. Il avait annoncé la suppression de 80 postes au Tages-Anzeiger et au Bund.
Hormis ce regroupement de taille, la crise a balayé le monde de la presse, provoquant de nombreux licenciements et suppressions de postes au sein de la branche. La tendance est notamment due à la baisse des annonces publicitaires.
Tamedia a annoncé en mai la suppression de 79 postes. En octobre, c'était au tour d'Edipresse d'annoncer la suppression de presque 10% des effectifs du groupe. Au total, une centaine de postes étaient concernés, dont une trentaine parmi les journalistes.
Au sein des journaux mêmes, les rédactions se sont réduites comme peau de chagrin. Fin septembre, la crise faisait de nouvelles victimes, le quotidien Le Temps annonçant un plan de suppression de dix postes, dont un tiers de journalistes.
Egalement frappé par la crise, le Quotidien Jurassien s'était lui adressé à l'Etat. Son éditeur a ainsi annoncé en octobre avoir obtenu du canton du Jura l'autorisation d'appliquer la réduction d'horaire de travail. Pour éviter les licenciements, les 120 employés du journal de Delémont ont par ailleurs décidé de renoncer à leur 13e salaire.
En novembre 2008, c'était L'Express et L'Impartial qui faisaient part de leur intention de biffer 15 postes, dont 10 à la rédaction. Au final, après négociations, ce sont 8 postes qui ont été supprimés, apprenait-on en décembre de l'année dernière.
L'Agence télégraphique suisse (ats) n'a pas été épargnée par ce mouvement, puisqu'elle a dû annoncer la suppression de 13 postes en novembre.
Côté journaux gratuits alémaniques, Ringier a supprimé en mars cash daily suite à la chute du nombre d'annonceurs. Le groupe de presse a en revanche maintenau cash sur internet.
En mai 2009, .ch disparaissait après l'échec de la distribution à domicile ainsi que celui d'une nouvelle formule davantage orientée vers un contenu de boulevard, lancée six mois plus tôt.