Comme le laissaient présager les données publiées en octobre (et
portant sur janvier à septembre), les ventes de matériel de guerre
ont le vent en poupe. Elles se portent mieux que pour les autres
biens: l'ensemble des exportations de marchandises a lui reculé de
13,5%.
Vu le décalage entre commandes et livraisons, les effets de la
crise ne pourraient se faire sentir que dans quelques années, a
indiqué mercredi le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) en
publiant ses chiffres.
L'Allemagne et l'Arabie saoudite
Si le principal acquéreur de matériel de guerre a été
l'Allemagne (138 millions de francs), l'Arabie saoudite arrive
juste derrière avec 132 millions de francs (huit systèmes de
défense aérienne et leurs munitions). Les livraisons à Riyad se
basent sur une décision du Conseil fédéral remontant à 2006,
rappelle le SECO.
L'exportation n'a eu lieu qu'en 2009 car le matériel devait encore
être produit. Un tour de vis a été effectué depuis. En mars
dernier, le gouvernement a accepté des demandes d'exportation de
matériel de guerre vers l'Inde et la Corée du Sud mais a dit non
pour l'Arabie saoudite, l'Egypte et le Pakistan.
Conformément à cette décision, plus aucune nouvelle autorisation
n'est accordée pour ces trois pays, sauf pour les munitions et les
pièces de rechange dont la livraison a été acceptée antérieurement.
La Suisse a ainsi encore livré en 2009 pour 1,5 million de matériel
au Pakistan et pour 399'889 francs à l'Egypte.
Commandes refusées
Parmi les autres exportations décriées par les milieux
pacifistes figurent les ventes vers les Etats-Unis (36,4 millions),
l'Inde (4,2 millions), la Corée du Sud (2,2 millions) et Israël
(100'638 francs). Les montants se rangent pour la plupart loin
derrière les trois derniers pays du "top 5": Danemark (77
millions), Grande-Bretagne (69 millions) et Belgique (60
millions).
Environ 69% du matériel de guerre a été livré à des pays membres
des 25 Etats participant aux régimes internationaux de contrôle à
l'exportation de biens sensibles, souligne le SECO.
L'an dernier, le secrétariat d'Etat a reçu 2504 demandes
d'exportation (contre 2634 en 2008). Dans 2493 cas, il a donné son
aval à des ventes d'une valeur totale de 2,7 milliards.
Dans 11 cas, il a dit non. Les requêtes portaient essentiellement
sur des armes individuelles à épauler, des armes de poing et du
matériel de conduite de tir. Les refus concernaient trois pays
asiatiques, deux africains, un d'Europe de l'Est et un du
Proche-Orient. Le SECO refuse de nommer directement ces
Etats.
ats/sbo
Des refus liés à la législation suisse
Les motifs de refus de commandes d'armes correspondent aux exigences de la législation suisse.
Les ventes ne peuvent ainsi être autorisées en cas de violation systématique des droits de l'homme, d'implication dans un conflit interne ou international ou s'il y a un risque que les armes soient utilisées contre la population civile ou revendues à un Etat tiers.
Dans la même veine, le SECO a répondu négativement à 9 des 27 demandes de préavis déposées.
Reste que les Suisses semblent plus sensibles à la bonne santé de l'industrie d'armement helvétique et aux emplois qu'elle procure qu'aux couacs à répétition qui ont émaillé les ventes d'armes les dernières années.
En novembre, 68,2% des votants ont ainsi rejeté l'initiative populaire du Groupe pour une Suisse sans armée visant à interdire les exportations de matériel de guerre.
Les catégories d'armes exportées
Au top des livraisons l'an dernier figurent les véhicules blindés (33%).
Suivent les munitions (24%), les armes de tout calibre, dont notamment les canons anti-aériens (13%), les grenades à main et engins guidés (11%), le matériel de conduite de tir (7%) et les aéronefs militaires (5%).
Le SECO publie parallèlement un rapport sur l'exportation des armes légères et de petit calibre. La Suisse en a vendu 26'296 l'an dernier, contre 11'333 en 2008.
Les principaux acheteurs à l'étranger sont les entreprises de commerce d'armes, les entreprises industrielles et les organes de police.